Congrès du PS : LFI ravive les tensions entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol
La réélection d’Olivier Faure à la tête du PS n’a pas mis fin aux dissensions internes. Nicolas Mayer-Rossignol demande le refus de tout accord avec LFI, y compris au niveau local et en cas de législative partielle, pour rejoindre la direction. Refus du camp du premier secrétaire, qui coupe avec LFI, mais sans rentrer dans ce niveau de précision. Résultat, le parti n’arrive pas à sortir de ses divisions.
La température monte à Nancy. Plus d’une semaine après le vote militants, qui a vu Olivier Faure être reconduit premier secrétaire du PS, face à Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, un constat se dégage dans la ville de Lorraine, où les socialistes sont réunis pour leur 81e congrès : le vote du 5 juin n’a pas tout résolu. Si les opposants à Olivier Faure ont reconnu leur défaite, ils semblent rejouer le match, continuant à demander « clarté » et changement au sein du parti.
La faute à une victoire à nouveau d’un cheveu, comme lors du congrès de Marseille. Les socialistes ont cette fois réussi à ne pas se déchirer sur le comptage des voix. Mais le score définitif, dévoilé samedi matin, après la commission de récolement, avec une victoire du député de Seine-et-Marne avec 51,25 % des voix, contre 48,85 % pour son challenger, n’a pas mis fin aux bisbilles.
Dans les couloirs du palais des congrès de Nancy, où le PS a posé ses valises pour le week-end, l’heure était ce samedi aux apartés et réunions entre courants. L’enjeu : la présence de tous, y compris les opposants, dans la direction, et la discussion sur un texte commun, « une adresse aux Français », histoire de sortir de l’entre-soi socialiste.
Pour les amis de Nicolas Mayer Rossignol, ce score doit amener le numéro 1 du PS à tenir compte des autres tendances. Et c’est de nouveau le sujet du rapport à La France Insoumise (LFI), qui complique tout. « Il faut que les 50 % du TOC (le texte d’orientation de Nicolas Mayer-Rossignol, ndlr) soit entendu et respecté », résume l’ex-sénateur David Assouline à la tribune, appelant à ne « plus jamais faire d’alliance avec LFI ». Le député Jérôme Guedj, qui a rejoint Nicolas Mayer Rossignol durant le congrès, sort même dans l’après-midi la sulfateuse contre Jean-Luc Mélenchon, « devenu un salopard antisémite, avec des propos absolument insupportables ».
« Le parti n’est pas prêt pour les municipales », alerte Patrick Kanner
« Certains voudraient que tout le monde se rassemble, y compris dans la direction collégiale. Pour cela, il faudrait des conditions de fond, pas totalement réunies. Mais le congrès dure jusque demain, 13 heures », avance le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, pro Mayer-Rossignol, qui ajoute qu’« un travail intense est en cours ». L’ancien ministre, qui fait partie des négociateurs, résume les points de discussions : « Il y a deux éléments : la question d’un accord avec LFI. On en est toujours là. […] La question de la primaire aussi. Olivier Faure veut une primaire rassemblant de Glucksmann à Ruffin, […] Nous, nous pensons qu’il faut aboutir à la candidature d’un socialiste pour la présidentielle. Et aussi la question des municipales », où « le parti n’est pas prêt. Nous n’avons pas de candidat partout. Le chiffre de 200 villes de plus de 20.000 habitants, où nous n’aurions pas de candidat, court ». Regardez (images d’Audrey Vuetaz et Stéphane Duguet) :
« Ça emmerde tout le monde ce débat »
En face, la direction sortante assure tendre la main. Mais pas à n’importe quel prix. « En démocratie, le vote, c’est 50 % + une voix », a rappelé vendredi, lors d’un point de presse, la maire de Nantes, Johanna Rolland, une proche d’Olivier Faure, qui voit dans les résultats « une orientation stratégique reconnue par les uns et les autres ». Autrement dit, on ne va pas rejouer le match éternellement. « Ça emmerde tout le monde ce débat, en réalité », lâche dans les couloirs Jonathan Kienzlen, premier fédéral du PS du Val-de-Marne et secrétaire national dans la direction sortante. Il ajoute : « Tout ce sketch, ce blabla… Passons à autre chose : le programme et la plateforme commune ».
Crédits photo : L'eurodéputé Pierre Jouvet, proche d'Olivier Faure, et l'ex-sénateur David Assouline, proche de Nicolas Mayer-Rossignol.
Samedi matin, le sketch joue pourtant les prolongations. Un texte de « contrat d’unité, cours de finalisation », circule sous le manteau. La direction réélue est prête à écrire qu’il n’y aura pas d’accord avec LFI aux municipales, mais « au plan national ». Un pro « NMR » reconnaît qu’il s’agit d’un « bougé ». Mais insuffisant. Ils demandent l’absence de tout accord au niveau local aussi, ainsi qu’en cas de législative partielle. « On ne veut pas de synthèse en carton », prévient l’eurodéputé François Kalfon, qui refuserait « un texte a minima ».
« Le PS a toujours marché avec des majorités et des minorités, ce n’est pas la fin du monde »
Dans le Palais des congrès, l’ex-député Patrick Mennucci, un proche d’Hélène Geoffroy, qui représente le courant le plus opposé à LFI, commence à évoquer la possibilité de l’absence d’accord. « Le PS a toujours marché avec des majorités et des minorités. Ce n’est pas la fin du monde pour le PS », avance le socialiste de Marseille, qui répète le refus « d’alliance avec LFI localement », admettant quand même une exception : « Sous réserve d’un front républicain, en cas de danger RN dans une mairie ». Du côté des pro Faure, on glisse que le TOC de Nicolas Mayer-Rossignol serait en réalité divisé, les amis d’Hélène Geoffroy étant moins partants pour intégrer la direction.
Le premier fédéral du Lot-et-Garonne, Jon Garay, qui vient d’entendre son camarade, vient nous parler. « Contrairement à ce que dit Patrick Mennucci, dans la ville d’Agen, 35.000 habitants, il y aura une grande liste d’union de tous les partis de gauche, LFI compris, pour les municipales », lâche le socialiste…
« Mais nous ne passerons pas notre vie à parler de LFI, cette obsession leur donne finalement la place centrale »
A l’heure du déjeuner, les proches d’Olivier Faure donnent leur ligne aux journalistes. « Nous voulons aussi un texte commun. Mais nous ne passerons pas notre vie à parler de LFI. Cette obsession leur donne finalement la place centrale », pointe l’entourage du premier secrétaire.
Quant au refus d’accord en cas de législative anticipée, « on ne l’écrira pas dans le texte », prévient-on, soulignant la nécessité de ne pas empêcher l’union, le cas échéant, face à « la menace de l’extrême droite ». Et de pointer « la part d’absurde » dans le refus d’accords locaux avec LFI, s’il s’agit de refuser « un adjoint à l’urbanisme ou aux espaces verts ».
« Il ne peut plus, sous aucun prétexte, ni au plan national, ni au plan local, ni en cas de dissolution, y avoir d’alliance avec LFI », martèle Nicolas Mayer-Rossignol
En fin d’après-midi, le thermomètre est monté d’un cran au palais des congrès. Ce n’est pas seulement la météo. Car vient l’heure des prises de paroles des poids lourds. D’abord Boris Vallaud, troisième homme du congrès, qui a voté Faure au second tour. Il défend le retour d’un média socialiste et la création d’une école de formation interne. Ce qu’il devrait obtenir, permettant, par cette alliance, à la direction d’obtenir une majorité de 60 % au conseil national, le Parlement du parti. Point important. « Le fait d’être proche invite au rassemblement, car personne n’a tué le match. C’était serré. […] A partir de là, l’obligation morale entre nous, c’est de trouver les voies et moyens de faire ce qu’on appelle entre socialistes des synthèses », avance l’un de ses lieutenants, le sénateur Alexandre Ouizille, au micro de Public Sénat. Regardez :
Nicolas Mayer Rossignol monte à son tour sur scène. Les premiers mots sont à « l’apaisement ». « Fairplay », il salue à nouveau la victoire d’Olivier Faure… avant de lâcher une petite bombe. S’il ne dit rien de nouveau, il répète sa ligne avec force : « Dire unanimement qu’il n’y a pas, qu’il ne peut plus, sous aucun prétexte, ni au plan national, ni au plan local, ni en cas de dissolution, y avoir d’alliance avec LFI ». Standing ovation de la salle, dont une partie est debout. Et de dénoncer les « ambiguïtés qui subsistent au long des interviews, qui sont inacceptables pour les camarades et les Français ».
« On ne peut pas dire qu’on veut l’apaisement, puis vider son jerrican et craquer l’allumette… »
Sourire de façade d’Olivier Faure et de ses amis au premier rang. Tout le monde sort. Un soutien du numéro 1 PS apprécie peu le spectacle. « C’est un peu glauque, un peu malsain. On ne peut pas dire qu’on veut l’apaisement, puis vider son jerrican et craquer l’allumette… » grince ce fauriste. Le même pense qu’« ils cherchent le clivage pour empêcher une synthèse ». Un peu plus loin, un soutien du maire de Rouen apprécie : « Il met la pression très haut ! »
L’intéressé vient faire l’explication de texte à la presse. « Je l’ai dit avec force, mais un congrès, ce n’est pas fait pour mettre la poussière sous le tapis », justifie Nicolas Mayer Rossignol. Au passage, il demande « comment être crédible pour rassembler la gauche, si on ne rassemble pas tous les socialistes ». Si rien ne bouge des deux côtés, il semble prêt à aller au désaccord. « On sera minoritaire. Ce n’est pas la fin du monde », dit à son tour le maire de Rouen.
« Nancy ne doit pas être Marseille »
Un proche de Boris Vallaud, qui a défendu le rassemblement durant le congrès, apprécie peu la tournure des événements. « Ce n’est pas un congrès de LFI, c’est un congrès du PS », dit-il, « Nancy ne doit pas être Marseille ». Et d’espérer une issue heureuse : « Nous avons le temps encore de donner au congrès de Nancy un nom dans l’histoire qui serait celui de l’unité et de la conquête ». Les discussions allaient continuer une bonne partie de la soirée. Mais pas évident qu’Olivier Faure puisse annoncer le grand rassemblement des socialistes pour son discours de clôture, dimanche, avec un parti qui semble plus que jamais coupé en deux.
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