Nancy: Discours Olivier Faure Congres du Parti Socialiste
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Congrès du PS : malgré un parti divisé, Olivier Faure espère « gagner avec toute la gauche la bataille de 2027 »

Le 81e congrès du PS, à Nancy, qui a vu Olivier Faure être réélu, a été marqué par la division des socialistes sur le rapport à LFI, au point d’éclipser les questions de fond. Le parti sort divisé. Mais il doit maintenant aborder les municipales et préparer son projet pour 2027.
François Vignal

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Olivier Faure aurait pu espérer un congrès plus serein. Plus d’une semaine après sa réélection à la tête du Parti socialiste, pour un quatrième mandat, sa courte victoire, avec 51,15 % des voix, n’a pas mis fin aux débats qui fracturent le PS. Et c’est, à nouveau, le rapport à La France insoumise qui n’en finit plus de diviser les socialistes.

Après une journée de samedi marquée par les discussions entre les courants, la traditionnelle synthèse socialiste n’a pas eu lieu, à Nancy, où se tenait le 81e congrès du PS. Nicolas Mayer-Rossignol a annoncé dimanche l’absence d’accord avec Olivier Faure pour intégrer tous les courants dans la direction. Résultat : un parti coupé en deux, confronté à ce que l’eurodéputé François Kalfon qualifie de « désaccord stratégique majeur », sur fond de débats sur les valeurs.

Malgré ce clivage, Olivier Faure salue son rival, lorsqu’il rentre dans la salle du palais des congrès. Les deux hommes se retournent, lèvent ensemble les bras et saluent les militants. Une fausse image d’unité qui ne trompe personne.

« Nous ne pourrons plus traiter la question sociale indépendamment de la question écologique »

Les divisions n’ont pas empêché Olivier Faure de parler du fond, pour son discours de clôture, dimanche. Histoire de se tourner vers les Français, pour changer. Face à « une crise citoyenne, celle de l’égalité, celle du climat », il entend défendre un « socialisme écologique, qui a la volonté de changer notre organisation économique et sociale ». « Nous ne pourrons plus traiter la question sociale indépendamment de la question écologique. A l’exploitation du travail s’est ajoutée celle de la planète. Et la défense de l’un passe par la défense de l’autre », avance le premier secrétaire.

Pointant « le système d’accumulation sur lequel le capital s’est fondé », le numéro 1 socialiste reprend à son compte le terme de « démarchandisation », défendu par Boris Vallaud, le troisième homme du congrès, avec qui il devrait nouer une alliance pour avoir une majorité au conseil national, le Parlement du parti. Il reprend aussi l’idée du Nouveau populaire, un média interne, et celle d’une école de formation militante, deux propositions du président du groupe PS de l’Assemblée.

« Ça suffit les profits du CAC 40, qui battent chaque année de nouveaux records »

« Ça suffit les profits du CAC 40, qui battent chaque année de nouveaux records », « ça suffit de dire que la taxe Zucman est une spoliation » lance-t-il encore, avant que la salle ne reprenne en chœur « ça suffit ! » Evoquant aussi l’international, et en particulier la situation au Proche orient, il dénonce « le génocide » en cours à Gaza, après avoir « longtemps » hésité à employer le terme.

Ne voulant pas jouer l’assurance vie pour François Bayrou, il met au passage en garde le pouvoir en place. « Le gouvernement n’a pas de majorité absolue et doit rechercher les compromis. Et s’il ne les cherche pas, il doit partir. Et s’il n’a pas cette décence, nous le censurerons », prévient Olivier Faure.

Devant plusieurs représentants des partis de gauche, dont la présidente du groupe écologiste de l’Assemblée, Cyrielle Chatelain, il appelle à « regarder devant » et croit même aux lendemains qui chantent, espérant « gagner avec toute la gauche et les écologistes la bataille de 2027 » (voir la vidéo). Il l’assure : « Nous serons prêts, prêts à défier les forces de l’argent, associées aux forces de la réaction ». Mais avant d’espérer un retour aux manettes, il y a un long chemin fait d’embûches. Et de division de fait de la gauche, puisque Jean-Luc Mélenchon sera quoi qu’il arrive candidat à la présidentielle.

« Certains ont la tentation de faire de ce congrès un référendum pour ou contre LFI »

Mais Olivier Faure a, bien sûr, évoqué aussi les affaires internes. S’il a parlé de LFI, c’est en ces termes : « Je confesse que je ne m’interroge pas chaque matin sur ce que dit, pense, tweet Jean-Luc Mélenchon ».

« Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, j’entends que certains ont la tentation de faire de ce congrès un référendum pour ou contre LFI. Je leur dis que tant qu’ils auront pour unique obsession LFI, ils ne feront que témoigner de la domination psychologique que la gauche radicale exerce sur eux », lance Olivier Faure, qui veut « un PS qui parle à toute la gauche, tous ses électeurs, sans effectuer de tri ». Il continue : « Nous n’aurons pas d’accord national avec LFI aux prochaines municipales. Et nous aurons une candidature à la présidentielle dans le périmètre allant de Glucksmann à Ruffin, d’Autain à Tondelier, des écologistes aux communistes. Et de Ruffin à Glucksmann, ça ne veut pas dire de Ruffin à Rebsamen », ministre du gouvernement.

« La porte de la direction est ouverte »

Si le désaccord a été constaté, « la porte de la direction est ouverte », dit-il au « TOC », le courant de Nicolas Mayer-Rossignol. Il assure au passage avoir « le plus profond respect pour chacun d’entre vous ». La division certes, mais pas la guerre. Et pour préparer le projet socialiste, attendu pour décembre, comme les municipales, « toutes les sensibilités seront associées », assure Olivier Faure.

Fin du discours, tout le monde monte sur scène, « Bella ciao » résonne dans les enceintes, chacun une rose à la main. Puis c’est « L’internationale », que les militants chantent. Nicolas Mayer-Rossignol est là, au bout, sur le côté. Une carte postale qui ne fait pas illusion.

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