Congrès du RN : Au lendemain des régionales, Marine Le Pen doit remobiliser ses troupes

Congrès du RN : Au lendemain des régionales, Marine Le Pen doit remobiliser ses troupes

Seule candidate à la présidence du Rassemblement national, Marine Le Pen est assurée d’être réélue ce week-end. Mais, depuis la déconvenue des élections régionales, certains s’interrogent au sein du parti sur la stratégie à conduire pour 2022. La présidence temporaire du parti est aussi convoitée.
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Après la lourde défaite des municipales, le RN a quelque peu tangué : et si la stratégie de « dédiabolisation » n’était plus la bonne ? C’est la question que se pose une frange du parti à la flamme, même si les insatisfaits ne devraient pas être en capacité de faire vaciller Marine Le Pen ce week-end à Perpignan, où le parti fondé par Jean-Marie Le Pen tient son congrès samedi et dimanche.

La patronne du RN va devoir remobiliser ses troupes alors qu’elle n’a réussi à conquérir aucune région, objectif qu’elle avait pourtant fixé avant sa nouvelle course à l’Elysée. Pire, aucun département n’a non plus été remporté et le parti a perdu 30 % de ses élus. Soit une manne financière conséquente, alors que les finances du RN sont déjà dans le rouge vif.

« Remise en question »

La stratégie « d’ouverture » avec des candidats nouveaux et plus lisses a donc été fortement critiquée cette semaine, tout comme la « normalisation ». Certains sont même allés jusqu’à s’interroger sur « l’usure » de Marine Le Pen, alors qu’une éventuelle candidature d’Éric Zemmour émerge. Au lendemain des régionales dimanche, le délégué du RN dans l’Hérault, Bruno Lerognon, a annoncé sa démission, dénonçant une « stratégie absurde d’ouverture ». « Marine n’est pas le bon pilote aujourd’hui » pour le parti, tirait-il à boulets rouges.

Dans la foulée, le député européen Nicolas Bay, écarté des instances stratégiques du parti l’été dernier, a appelé dans Le Figaro cette semaine à « une remise en question » et à « de vrais débats interne ». Une critique récurrente pour le RN souvent décrit comme un parti « caporaliste ». Jamais avare en petites vacheries à balancer sur sa fille, Jean-Marie Le Pen, le fondateur, a quant à lui estimé que le parti devait retrouver sa « virilité ».

Ce vendredi sur Sud Radio, c’est au tour du maire de Perpignan, Louis Aliot, d’exhorter les siens à « s’interroger pour savoir pourquoi nos électeurs ne se sont pas déplacés. Il y a sûrement un contexte général qui fait que. Mais quand même, on a notre part de responsabilité. Il faut bien analyser les choses et y répondre d’une manière efficace ». Membre de la direction du Rassemblement national, Louis Aliot aimerait bien être le président intérimaire du parti pour la présidentielle. Les militants doivent voter samedi un changement des statuts qui permettra une présidence temporaire du RN pendant 12 mois durant le temps de la campagne. Dans ce cas, le président du RN sera remplacé par le vice-président et, s’il y en a plusieurs, par le « premier d’entre eux ». Le numéro 2 actuel, Jordan Bardella est aussi en lice pour prendre la tête du parti le temps de la candidature de Marine Le Pen. Mais ses mauvais résultats aux régionales en Ile-de-France l’ont fragilisé. D’autant que le jeune protégé de Marine Le Pen incarne plus que tout autre la décriée stratégie de « normalisation » du parti.

La vieille garde, comme Bruno Gollnisch, historique membre du bureau national, n’est pas en reste sur le volet des critiques. Ce dernier juge nécessaire de réfléchir à la « clarté » des positions, à « l’érosion » du « sentiment affectif » des militants quand ils ne sont pas investis, ou encore à la « compétence » au nom de laquelle le parti devrait constituer un « pré-gouvernement ». L’eurodéputé Gilbert Collard, pour lequel la « dédiabolisation est un piège », ne viendra pas à Perpignan et évoque « une crise de confiance momentanée » à l’égard de Marine Le Pen, mais « on pourra juger d’elle après la présidentielle ».

L’excuse de l’abstention

« Si on avait eu une région, ça aurait été plus simple », admet le conseiller spécial de Marine le Pen, Philippe Olivier. Pour Marine Le Pen, l’échec aux régionales n’est dû qu’à l’abstention et « tout doit être débattu » pour redonner aux électeurs le goût des urnes. « Mais ce n’est pas un problème de ligne », assure Philippe Olivier. La « dédiabolisation » au contraire, « ça rassure », soutient-il.

Interrogé sur ceux qui considèrent que le RN s’est trop « banalisé », Louis Aliot a jugé, lui, que c’était « un faux débat ». « Quand on était trop radicaux, on nous disait ‘vous n’y arriverez jamais’et maintenant que certains ne nous trouvent pas assez radicaux, on nous dit ‘vous n’y arrivez jamais’ ». Sur « l’ouverture » à des candidats extérieurs au parti, qui a aussi suscité des critiques, Louis Aliot a affirmé qu’il « préférait l’ouverture à la fermeture ».

Le congrès ne devrait pas entamer l’autorité de Marine Le Pen, tant les concurrents de poids au sein du RN sont inexistants. Seule candidate à sa succession, elle est assurée d’être réélue. Elle pourrait ressouder ses troupes autour du « thème de l’immigration, de l’identité et de la submersion », estime le politologue Jean-Yves Camus, après qu’elle a dénoncé mercredi un accord des 27 pour renforcer l’agence européenne pour l’asile en appelant à « la mobilisation » face à « la submersion [migratoire] programmée de l’Europe ».

En marge du RN, sur la bordure de l’extrême-droite, les piques affleurent. Toujours prompt à critiquer son ancienne patronne, l’ancien numéro 2 du RN, Florian Philippot, voit dans les résultats des régionales « l’effacement progressif du Rassemblement National du paysage politique français », écrit-il dans une tribune publiée par Valeurs Actuelles. Quant à Éric Zemmour, le polémiste fait chaque jour un pas de plus vers une potentielle candidature en 2022. Enfin le même week-end, l’ex-allié de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, rassemble aussi son camp pour l’université d’été de son parti, Debout la France, à Yerres.

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