Politique
Devant 2 500 adhérents réunis en Congrès à Port-Marly dans les Yvelines, le patron de LR, Bruno Retailleau, a fixé le cap de sa famille politique à la veille de la probable chute du gouvernement Bayrou.
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Par Simon Barbarit
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Réunis en congrès à Port-Marly dans les Yvelines, intitulé « les grands rendez-vous de la droite », le président de LR Bruno Retailleau a la lourde tâche de remettre le parti en ordre de bataille pour les échéances électorales majeures qui se profilent.
Après sa large victoire à la tête du parti face à Laurent Wauquiez en mai dernier, Bruno Retailleau avait confié au maire du Touquet, Daniel Fasquelle, ancien trésorier du parti et à l’ex député Guillaume Larrivé le soin de revoir de fond en comble les statuts du parti. Le ralliement surprise d’Éric Ciotti à Marine Le Pen à l’été 2024 avait mis en évidence les failles dans le règlement du parti. Pendant des mois, le bureau politique n’avait pas trouvé la parade pour exclure le président du mouvement dont le choix politique était contesté par l’ensemble du bureau.
Les articles des nouveaux statuts adoptés à 97,31% des voix ont été divisés par deux. « Nous avons simplifié et puisqu’il fallait à tout prix éviter la paralysie, les trois quarts du bureau politique pourront provoquer une réunion du bureau (…) Toutes les précautions sont prises pour qu’on ne revive pas le cauchemar de l’été dernier. J’espère Bruno que tu ne le prendras pas mal, ça ne te concerne absolument pas mais il y a désormais une procédure de destitution du président », a dévoilé à la tribune, samedi, Daniel Fasquelle.
Les nouveaux statuts prévoient également un changement dans le mode de désignation du candidat de LR à la présidentielle. Au lieu de la primaire interne réservée uniquement aux adhérents, prévue jusqu’ici, les nouveaux textes leur accordent la décision de choisir « les modalités de désignation du candidat » sur proposition de Bruno Retailleau et après consultation du bureau politique du parti.
« On a tous nos sensibilités mais ce n’est pas l’auberge espagnole. Nous sommes dans l’héritage gaulliste donc il y a une petite dimension bonapartiste qui est complétement assumée », a fait valoir Guillaume Larrivé.
Certains, parmi les jeunes adhérents, ont visiblement eu du mal avec cette nouvelle concentration des pouvoirs dans les mains du président. Car les nouveaux statuts ne prévoient pas non plus l’élection du président des Jeunes LR. Il ou elle sera nommé cette semaine directement par Bruno Retailleau. Les frondeurs emmenés par Emmanuelle Brisson, la fille du sénateur Max Brisson et candidate à la présidence des Jeunes LR, ont bruyamment fait connaitre leur mécontentement dans la salle, vite calmés par les cris de « cassez-vous ! » en provenance du reste de l’assistance. « Nous avons réussi à éviter, grâce à Bruno et Laurent, des images de déchirements. Nous ne voulons pas avoir aujourd‘hui dans notre mouvement tous ces règlements de comptes. Nous ne sommes pas au parti socialiste (…) Le mouvement jeune doit être articulé avec la direction nationale pour que nous parlions tous d’une seule voix », a assumé le secrétaire général du parti, Othman Nasrou.
Relativement bien accueilli samedi au Congrès, malgré qu’il ait indiqué qu’il ne censurerait « ni un gouvernement PS, ni un gouvernement RN », Laurent Wauquiez continue de titiller l’autorité de Bruno Retailleau et a maintenu ses propos sur LCI dimanche matin, même s’il accorde sa préférence à un Premier ministre de son camp, comme Xavier Bertrand. Le patron des députés LR ajoute qu’il accordera la liberté de vote aux parlementaires LR lundi sur la confiance sollicitée par François Bayrou. Il assume ainsi une autre contradiction avec les mots d’ordre du patron Les Républicains Bruno Retailleau qui appelle, lui, les élus à soutenir lundi le Premier ministre. « Il veut prendre la main. Quand il a décidé de quitter la région (Auvergne-Rhône Alpes, pour se présenter aux législatives NDLR), c’était pour être président de l’opposition. Son calcul, c’est que si les Républicains sont dans l’opposition, le président du groupe LR a une capacité de nuisance plus élevée que dans la majorité. C’était plus facile quand il y avait une direction collégiale du parti. Maintenant, il n’y a qu’une seule voix », analyse l’entourage de Bruno Retailleau.
Le mot d’ordre de Bruno Retailleau à l’adresse des députés se heurte également aux réalités de terrain. « S’il y a une dissolution, nos députés ne veulent pas faire campagne en se présentant comme les élus qui ont tenté de sauver Bayrou. Quel est son bilan à part son impopularité, son inaction et la loi Paris Lyon Marseille ? », expliquait une élue proche du ministre de l’Intérieur, samedi.
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