Marseille: Socialist Party final speech at the 80th congress

Congrès PS : trois prétendants pour le fauteuil de Premier secrétaire… Combien de différences ?

Première étape vers la désignation du prochain Premier secrétaire du Parti socialiste : le vote des adhérents, mardi 27 mai, sur les textes d’orientation déposés par les trois prétendants. Olivier Faure, à la tête du parti depuis 2018, pourrait se voir mis en minorité par son principal opposant, Nicolas Mayer-Rossignol. Boris Vallaud, annoncé comme le troisième homme de ce scrutin, est susceptible d'apporter la victoire à l’un ou l’autre.
Romain David

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Au jeu des sept différences, bien malin celui qui parviendra à distinguer, sur la seule base de leur programme, les trois candidats en lice pour prendre la tête du PS. Ce mardi, un peu moins de 40 000 adhérents socialistes sont invités à voter pour le texte d’orientation qui déterminera la ligne du parti pour 2027. Les premiers signataires des deux textes arrivés en tête se disputeront le poste de Premier secrétaire lors d’un second vote, le 5 juin. Qui d’Olivier Faure, député et premier secrétaire sortant, de Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, et de Boris Vallaud, président du groupe à l’Assemblée nationale, l’emportera ?

Tous les trois plaident pour une réorganisation des instances, tous désirent voir le PS reprendre le leadership à gauche, et tous rêvent d’une union élargie pour la prochaine présidentielle, qui irait « de François Rufin à Raphaël Glucksmann ». « C’est probablement le premier congrès, depuis des années, qui met en lumière le moins d’opposition doctrinale », concède le sénateur du Morbihan Simon Uzenat, l’un des défenseurs de la direction sortante. Le distinguo se fera donc moins sur le fond que sur la méthode, mais aussi le parcours politique des trois prétendants.

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Olivier Faure sur le point d’être détrôné ?

En poste depuis 2018, Olivier Faure a pour lui d’avoir repris les rênes des destinées socialistes à un moment où plus grand monde ne misait sur l’avenir du parti de François Mitterrand, sorti laminé du quinquennat de François Hollande et totalement phagocyté par Emmanuel Macron. Le député de Seine-et-Marne a été à l’initiative des deux alliances conclues avec le reste de la gauche pour les législatives de 2022 et 2024, qui ont permis au PS de conserver un groupe à l’Assemblée nationale. « Après le crash industriel de 2017, le parti était au bord de la disparition, le drapeau à terre. Olivier Faure a eu le courage de le redresser. Les résultats sont là, il faut poursuivre et amplifier ce travail de reconquête », défend Simon Uzenat.

Mais d’aucuns lui ont aussi vivement reproché d’avoir ainsi inféodé le parti à la rose à une France insoumise catapultée par le score de Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle. Depuis, le PS a retrouvé un nombre de députés quasi équivalent à celui de LFI (66 contre 71) et la rupture avec les insoumis a été consommée, les socialistes ayant refusé de voter la censure contre le gouvernement de François Bayrou. « C’est le bon point que je lui reconnais : avoir été convaincu de ne pas censurer. Il fallait donner sa chance au pays de ne pas collapser », admet l’un de ses opposants.

Pour autant, Olivier Faure n’entend pas renoncer à sa stratégie d’alliances. Il appelle au rassemblement « de la gauche non-mélenchoniste », à travers la mise en place d’une plateforme qui irait « de François Ruffin à Raphaël Glucksmann ». « Sur l’alliance avec LFI, les choses ne sont pas si claires », oppose un soutien de Nicolas Mayer-Rossignol, qui estime que le Premier secrétaire conserve des ambiguïtés.

Olivier Faure souhaite ouvrir rapidement des discussions avec les partenaires du PS pour la désignation, en septembre 2026, d’une candidature commune pour la prochaine présidentielle, sans a priori sur l’étiquette politique de la personnalité qui sera choisie. « Quatre ou cinq candidats de gauche, c’est l’assurance de n’en avoir aucun au second. Il faut donc un candidat commun de cet espace entre Ruffin et Glucksmann. Je souhaite naturellement que ce soit un socialiste. À nous de démontrer que ce serait le meilleur choix », a-t-il justifié dans les colonnes de L’Humanité.

Sur le plan interne, il propose la mise en place d’un « congrès statuaire » en septembre. Afin de lancer un grand travail de simplification sur le fonctionnement des instances du parti.

Nicolas Mayer-Rossignol, premier opposant en chef

Depuis le dernier congrès à couteaux tiré de Marseille, en 2023, il est passé du statut d’outsider à celui de principal challenger. Vent debout contre l’alliance avec LFI, Nicolas Mayer-Rossignol a réussi à constituer autour de lui une coalition des oppositions qui pourrait bien renverser Olivier Faure, en rassemblant Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et cheffe de file des hollandistes, et le député de l’Eure Philippe Brun. Ils entendent arriver en tête du vote de mardi – « avec 42 ou 43 % des voix », nous souffle un stratège socialiste – ce qui leur permettrait de draguer plus facilement le soutien de Boris Vallaud, annoncé comme le troisième homme de cette élection.

Les soutiens de Nicolas Mayer-Rossignol ne ménagent pas leurs griefs à l’égard du bilan d’Olivier Faure : un nombre d’adhérents qui n’a jamais été aussi bas depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, des finances en berne, l’absence de plateforme pour les municipales…, énumère-t-on. « Si Olivier fait moins de 40 %, ce sera le plus mauvais score réalisé par un Premier secrétaire sortant dans l’histoire récente du PS », va même jusqu’à prédire un proche du maire de Rouen.

Nicolas Mayer-Rossignol veut bâtir un « un GPS, un Grand Parti socialiste ». Il voudrait repenser les alliances du PS pour construire « une fédération de la Gauche » qui réunirait tous ceux qui se réclament de la social-démocratie. L’édile, très critique contre l’extrême gauche, entend ainsi recentrer le parti à la rose, et élargir vers les déçus du macronisme. « On nous traite de socio-libéraux, mais je peux vous dire que notre texte d’orientation est très marqué à gauche, Philippe Brun y a apporté sa patte », nuance l’un de ses soutiens au Sénat.

Reste à savoir si, au-delà du front commun que représente l’opposition à Olivier Faure, ces différentes personnalités réussiront à s’entendre au sein d’une direction « collégiale », l’un des engagements de Nicolas Mayer-Rossignol, et à construire un projet commun une fois la page du congrès tournée.

Boris Vallaud, le faiseur de roi

En déposant son propre texte d’orientation, Boris Vallaud, le député des Landes, a fait le choix de prendre ses distances avec Olivier Faure, dont il a pourtant été l’un des principaux soutiens en 2023. Il se présente désormais comme le défenseur d’une position intermédiaire entre la direction sortante et l’opposition qu’incarne Mayer-Rossignol. « Deux blocs se font aujourd’hui face et divisent le Parti socialiste, alors même que nous avions donné à voir le meilleur de nous-mêmes, dans l’unité, ces derniers mois. La présidentialisation du congrès, comme de notre parti, empêche de penser le nécessaire collectif de travail que la période exige », regrette le chef de file des députés PS.

Il assume « la vocation majoritaire du PS » au sein du rassemblement des gauches. Pour 2027, le Landais estime que la désignation d’un candidat socialiste par les militants est un préalable aux discussions avec les autres forces politiques en vue de construire une candidature commune.

Boris Vallaud mise sur le renforcement du maillage local, ce qui ne sera pas une mince à faire avec un parti qui a perdu quelque 80 000 adhérents en une décennie. Son projet : renforcer le poids des fédérations dans la vie du parti, proposer à l’échelon local des « services socialistes » pour renouer le lien avec les citoyens, par exemple pour « remplir un formulaire administratif, écrire un courrier, trouver à qui s’adresser, etc. ». Il a également lancé ces derniers jours une « Académie Léon Blum », présentée comme un pôle de production doctrinale pour le parti.

Alors que la campagne arrive à son terme, ses rivaux lui prédisent une troisième place, et le créditent de 15 à 20 % des intentions de vote. Pari raté pour l’ancien poulain d’Henri Emmanuelli ? « On va l’attendre comme le deus ex machina de ce congrès, celui dont le ralliement permettra à l’un des deux candidats arrivé en tête de franchir les 50 % le 5 juin. Mais si sa parole consiste à revenir au bercail, c’est-à-dire soutenir Olivier Faure, on se demandera pourquoi tout ça… », décrypte un parlementaire. Et le même d’ajouter : « S’il fait un score supérieur à 20 %, ce sera un vrai succès. En dessous de 15 %, il aura un problème politique comme président du groupe à l’Assemblée nationale… »

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