Conseil national de la refondation : l’Elysée promet un « dialogue franc et sans filtre »

Conseil national de la refondation : l’Elysée promet un « dialogue franc et sans filtre »

Malgré l’absence notable des oppositions et d’une partie des syndicats, Emmanuel Macron lance jeudi le Conseil national de la refondation pour mettre en musique la « nouvelle méthode », promise depuis sa réélection. A l’Elysée, on répond que « la politique de la chaise vide » ne fait pas « avancer les dossiers ».
François Vignal

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Un grand raout comme on aime en organiser en France. Le Conseil national de la refondation (CNR) est lancé par Emmanuel Macron, ce jeudi 8 septembre, à Marcoussis, dans l’Essonne. Une cinquantaine de participants seront réunis… au Centre national du rugby. Ce CNR – un clin d’œil au Conseil national de la résistance d’après-guerre, à l’origine du modèle social français, qui rassemblait des gaullistes aux communistes – doit incarner la « nouvelle méthode », promise par Emmanuel Macron. Moins de verticalité pour plus d’horizontalité.

« Echange très libre »

L’idée a été lancée par le chef de l’Etat début juin, pendant la campagne des législatives. Mais depuis, un certain flou règne sur ses contours. Le CNR est censé rassembler toutes les forces vives de la Nation : partis politiques, syndicats, élus locaux, société civile, associations, pour échanger sur les grands sujets. L’objectif n’est ni plus ni moins que de « revivifier notre démocratie ».

Jeudi, Emmanuel Macron présentera la démarche et ouvrira les travaux, à 9h30. Ils dureront toute la journée, jusqu’à 18 heures. Après l’introduction du Président, suivra un « échange très libre » entre les participants. Ils écouteront ensuite des interventions du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, du Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici et de la présidente du Haut conseil pour le climat, Corinne Le Quéré, pour présenter « les grands défis » de la France.

« Point de départ »

A l’Elysée, on promet « un dialogue interactif, direct, franc et au fond sans filtre ». La première ministre, Elisabeth Borne, présentera en début d’après-midi les cinq thèmes que l’exécutif souhaite creuser : le plein-emploi, l’école, la santé, le « bien vieillir en France » et la transition écologique. Des choix qui ne sont pas sans lien avec les projets du gouvernement. Emmanuel Macron a promis une nouvelle réforme dans l’éducation.

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Mais l’Elysée assure que la liste n’est pas exhaustive. Le Château « aura l’esprit ouvert pour permettre à chacun de mettre ce qu’il souhaite sur la table ». Il ne s’agit pas de définir à l’avance les conclusions », assure l’entourage du chef de l’Etat. « Ces échanges sont un point de départ. Le point final n’est pas le soir de la réunion », insiste-t-on. L’Elysée tient à décliner rapidement les sujets « territoire par territoire », de l’échelle locale, comme le bassin de vie, à des échelles plus larges.

« Pouvoir partager aussi le déjeuner car on sait que ce sont dans ces moments-là qu’on construit »

Si l’on ne connaît toujours pas la liste précise des invités, ni des présents, tout ce beau monde se retrouvera à midi pour déjeuner. L’Elysée insiste sur l’importance de « pouvoir partager aussi le déjeuner car on sait que ce sont dans ces moments-là qu’on construit ». En France, l’idée que tout se règle autour d’une bonne table est toujours forte.

François Bayrou, le Haut-commissaire au plan, assurera « la coordination » du CNR. Un site Internet est au programme pour permettre de suivre son déroulement. Si aucun citoyen ne sera présent jeudi à Marcoussis, ils seront invités ensuite à participer aux déclinaisons locales du CNR. Les travaux, qui s’échelonneront sur plusieurs mois, avec des points d’étapes, pourront donner « lieu à des règlements, des projets de loi parfois », avec une attention particulière « en aval à la mise en œuvre ». Mais promis, il ne s’agit pas de contourner le Parlement.

Une politique de la chaise vide généralisée qui démonétise d’emblée la nouvelle instance

C’est l’une des principales accusations portées par les oppositions. Car ce beau tableau se retrouve sérieusement entaché par le refus des partis politiques d’opposition d’y participer. Une politique de la chaise vide généralisée : LFI, PS, EELV, PCF, LR, RN seront absents, ce qui démonétise d’emblée la nouvelle instance.

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Gérard Larcher, président LR du Sénat, refuse aussi de faire le déplacement. Il dénonce « une forme de contournement du Parlement » et un manque « clarté », dans un courrier adressé au Président. Même Edouard Philippe, dont le parti Horizons est membre de la majorité, ne sera pas là. Il est en déplacement au Québec… Il sera représenté.

Présence des associations d’élus locaux

Après une incertitude, les associations d’élus locaux ont finalement pour leur part accepté de participer. Les trois principales, Association des maires de France, Association des départements de France et Régions de France – rassemblés sous la bannière de Territoires unis – seront de la partie, tout comme l’Association des maires ruraux, celle des intercommunalités, des petites villes de France et France urbaine, selon l’Elysée.

Côté syndicats, la CGT ne viendra pas, ni FO, Solidaires, la FSU ou la CFE-CGC (cadres). Au final, seuls trois syndicats – CFDT, CFTC et Unsa – seront présents, tout comme le Medef, côté patronat.

« Bien évidemment, la loi se fera toujours au Parlement »

A l’Elysée, on regrette l’absence des partis d’opposition. Mais on fait avec. « Je n’ai pas vu que la politique de la chaise vide faisait avancer les dossiers », lâche-t-on. On note « un paradoxe », alors que certains regrettaient de ne pas avoir « été assez écoutés dans les années précédentes ». Et promis, le CNR « n’enlève rien aux compétences des uns et des autres. Le Parlement restera le Parlement. Le CESE restera le CESE », et « bien évidemment, la loi se fera toujours au Parlement ».

Quant à l’absence de Gérard Larcher, « le président du Sénat fait son choix. Il est respectable car c’est son choix ». Mais « ceux qui font le choix du dialogue permettront d’avancer jeudi », remarque l’Elysée, qui espère faire comprendre que les absents auront toujours tort. S’ils changent d’avis, « la porte sera toujours ouverte ».

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