Acte 1 : l’éviction de Rokhaya Diallo
La nomination de la militante féministe et antiraciste a suscité une bronca. La députée LR, Valérie Boyer, s’est indignée du fait que Rokhaya Diallo « considère le voile comme un marqueur de féminité. » Interviewée par le magazine Regards en novembre, Rokhaya Diallo expliquait qu’elle ne voyait pas en quoi « le fait de marquer la féminité par un voile est plus sexiste que de le marquer par des talons aiguilles ou minijupe. » La députée LR reprochait aussi à Rokhaya Diallo d’avoir employé la formule « racisme d’État. » En outre, Valérie Boyer dénonce la présence du rappeur Axiom qui dans une chanson aurait associé les Français à des porcs.
« Eu égard encore une fois à l’ampleur des enjeux qui sont les siens » le secrétaire d’État au Numérique, par voie de communiqué, a « proposé » à la présidente du CNNum « une nouvelle composition du Conseil. Tout cela dans un souci de « sérénité. »
Acte 2 : la démission de la présidente du CNNum
Ce mardi, la présidente du CNNUM a annoncé sa démission suite à l’éviction de Rokhaya Diallo. Dans une lettre ouverte, Marie Ekeland, estime que cette crise démontre « à quel point, dans notre pays, nous ne voulons pas entendre des voix dissonantes. À quel point, nous ne savons plus débattre sereinement de nos divergences de vue. » Elle se dit « choquée par les caricatures auxquels Rokhaya Diallo et Axiom ont été réduits. » Et de conclure en regrettant que malgré le travail mené « avec Mounir Mahjoubi et les membres du CNNum pour trouver une solution qui permette d’en conserver son intégrité et son entièreté. Nous n’y sommes pas arrivés. »
Vient donc la question de l’indépendance du CNNum. Cet organe consultatif, créé par décret en avril 2011, se veut a priori indépendant. Pour autant, ses membres sont nommés par arrêté du Premier ministre sur proposition du secrétaire d’État au Numérique, pour un mandat de deux ans. La déclaration de Mounir Mahjoubi au Figaro selon laquelle « le Conseil national du numérique doit être proche du gouvernement » a renforcé les interrogations sur cette indépendance. L’association France Digitale – anciennement présidée par Marie Ekeland – lui a apporté son soutien, en rappelant que « les startups françaises ne font pas de politique et n’avaient pas de commentaires à faire sur les remous liés à la constitution du #CNNUM, organisme dont nous respectons l'indépendance. »
Acte 3 : CNNum, des démissions en cascade
20 membres, sur les 30 qui composent le CNNum, ont également annoncé leur démission. Dans un message collectif, il regrette « l’impossibilité de mettre en œuvre » le projet porté par Marie Ekeland et conclut que « le travail du Conseil ne peut plus se faire selon des modalités efficaces. »
Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien se multiplient :
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur s’est ému de cette crise sur Twitter
Le co-fondateur de Médiapart, Edwy Plenel, dénonce « l'intolérance » de cette décsion,
L'ancien candidat PS à la présidentielle, Benoît Hamon, a lui aussi réagi