La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Conseillers politiques : ceux qui murmurent aux oreilles des puissants
Par Nils Buchsbaum
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Le pouvoir politique est toujours incarné par des hommes ou des femmes décidant seuls. Autour d’eux gravitent toujours des personnes moins connues qui les accompagnent dans la conduite de leur politique : Marie-France Garaud était l’une d’elles.
Dans la biographie qu’il lui consacre, Olivier Faye raconte comment cette femme a participé au lancement de la carrière politique de Jacques Chirac. « C’est le prototype du conseiller de l’ombre, une figure assez iconique des années 1970 qui a participé, avec son alter ego, Pierre Juillet à la naissance de Chirac. Ils l’ont repéré alors qu’il était lui aussi conseiller à Matignon, l’ont dirigé pendant des années et ont fait de lui un ministre, un Premier ministre, puis un Maire de Paris jusqu’à ce qu’il fonde le RPR », raconte le journaliste du Monde.
En 1973, le magazine Newsweek ira même jusqu’à qualifier Marie-France Garaud « femme la plus puissante de France ». Elle était à l’époque conseillère de Georges Pompidou à l’Elysée.
« Il y a une différence entre un conseiller qui est là pour servir les intérêts de son patron et un idéologue qui est là pour promouvoir ses propres idées »
Gilles Boyer fait aussi partie de ces personnages qui murmurent à l’oreille des politiques. S’il avoue être fasciné par le personnage de Marie-France Garaud, il n’en fait pas un modèle pour autant. « Elle avait un ascendant certain sur Jacques Chirac et je ne suis pas certain que cela soit très sain qu’un conseiller nommé, prenne l’ascendant ou prenne possession de toute ou partie du cerveau de son patron, ce n’est pas comme cela que je conçois ce métier-là. »
Il précise : « Il y a une différence entre un conseiller qui est là pour servir les intérêts de son patron et un idéologue qui est là pour promouvoir ses propres idées à travers lui. D’après ce que j’en sais Marie-France Garraud était toujours un petit peu à la frontière. »
En effet, Olivier Faye rappelle l’épisode qui a mis fin à la collaboration entre le futur Président de la République et la conseillère, l’appel de Cochin : « En 1978, juste avant les élections, Jacques Chirac est victime d’un accident de voiture, puis cloué sur un lit d’hôpital. Marie-France Garaud et Pierre Juillet lui font alors signer un texte au ton très nationaliste qui fait un tollé monumental. A ce moment-là, on voit bien que Garaud et Juillet ont été emportés par la toute-puissance qu’ils avaient sur Chirac. Leur agenda très cocardier, nationaliste, souverainiste a été mis à jour ce jour-là et Chirac a décidé de se séparer d’eux parce que ça ne tenait plus avec les troupes du RPR, il fallait qu’il s’en débarrasse parce que derrière il s’en est suivi une défaite cuisante aux Européennes ».
« Chaque personnalité politique attend de ses conseillers des choses différentes »
S’appuyant sur son expérience de conseiller auprès d’Alain Juppé puis d’Édouard Philippe lorsqu’il était Premier ministre, Gilles Boyer déclare que « chaque personnalité politique attend de ses conseillers des choses différentes. Il n’y a pas de profil de poste qui serait déclinable auprès de toutes les personnalités politiques ».
Selon lui, le conseiller peut avoir des idées, mais ne peut pas véritablement les imposer, « un conseiller ne prend pas de décisions, ça nous rappelle à la limite que j’essayais de tracer tout à l’heure. Moi à Matignon, je n’ai pris aucune décision, il m’est arrivé d’en recommander : certaines ont été suivies, d’autres pas ».
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Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.
« La conseillère » d’Olivier Faye - Ed. Fayard
« Impressions et lignes claires » d 'Edouard Philippe et Gilles Boyer, Ed. JC Lattès