La quasi totalité des députés d'opposition, de droite et de gauche, ont quitté mercredi après-midi l'hémicycle de l'Assemblée en pleines questions au gouvernement pour protester contre une réponse de Nicole Belloubet sur le droit d'amendement en vue de la réforme des institutions.
Avec la limitation du droit d’amendement, "vous allez priver les parlementaires d'un droit d'expression" et "nous ne pouvons pas accepter que l'opposition soit muselée", "nous ne voulons pas être les muets du sérail" car "les oppositions bâillonnées, ce serait le peuple bâillonné", a lancé le LR Philippe Gosselin dans sa question à la ministre de la Justice.
La réponse de Mme Belloubet, qui a notamment jugé qu'"il ne faut pas confondre la norme (le nombre) et le fond (qualité)", a fait bondir les opposants, dont les LR et le patron des socialistes Olivier Faure, qui se sont alors levés pour quitter l'hémicycle, comme d'autres groupes, notamment ceux de gauche, mais aussi par les FN ou corses.
Et la séance de questions s'est poursuivie, le président François de Rugy soulignant que "jamais (il) n’interromprai(t) un collègue sur la base de ce qu'il dit" et invitant, en vain, l'opposition à revenir dans l'hémicycle.
"Condescendance, mépris et irrespect vis à vis du Parlement: les oppositions quittent l'hémicycle! On nous avait promis le dépassement des clivages, ils ne font que sectarisme et bâillonnement des contre-pouvoirs!", a tweeté Damien Abad, vice-président de LR.
Devant la presse, Daniel Fasquelle (LR) a plaidé que "ce n'est pas au gouvernement de juger de la qualité d'un amendement. Quelle incroyable suffisance de l'exécutif". Et le chef de file des députés socialistes et futur patron du PS Olivier Faure a renchéri: "on ne peut pas avoir de limitation du droit d'amendement".
"De quel droit un ministre se permet de porter un regard sur la qualité du travail législatif?", a tonné le chef de file communiste André Chassaigne.
La présidente du FN Marine Le Pen a dénoncé un "discours profondément inquiétant" et "un mépris du gouvernement à l'égard de la démocratie". "Bienvenue dans la dictature de !", a tweeté Bruno Bilde.
Evoquant "un comportement de potaches qui ont voulu faire un incident", le président du groupe majoritaire LREM Richard Ferrand a déclaré hors de l'hémicycle que l'expression de la ministre "c'est peut-être maladroit, mais c'est tellement vrai".
"Du buzz et de belles images pour les médias mais... pas très sérieux! Le débat sur la mérite de sortir des postures", a tweeté Mathieu Orphelin (LREM).