Le sort de la réforme des retraites est désormais entre les mains de François Bayrou. Après une semaine de négociations, les socialistes continuent de réclamer le gel du décalage de l’âge légal de départ avant de s’engager sur un accord de non-censure du gouvernement, mais la droite refuse d’en entendre parler. Les discussions avec le PS et l’exécutif pourraient se poursuivre mardi.
Consultations à Matignon : « On ne gravit pas l’Himalaya en espadrilles », tacle Guillaume Gontard après son entrevue avec François Bayrou
Par Henri Clavier
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Reçus à Matignon par François Bayrou, les écologistes se sont accordés avec le Premier ministre sur la gravité de la situation à Mayotte. « Mais notre accord s’est arrêté là », tranche la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain. Sur le fond, les écologistes déplorent de n’avoir reçu aucune réponse à leurs questions et doutent de plus en plus de la possibilité de nouer des compromis avec le nouveau locataire de Matignon. Les écologistes font part de leur inquiétude après leurs échanges avec le Premier ministre. « Nous avions un Premier ministre que l’on a vu, peu à peu, paver la route vers sa propre censure. Il n’a su répondre clairement à aucune de nos questions », regrette Cyrielle Chatelain évoquant notamment les retraites, les salaires ou la crise climatique.
« On arrive très inquiets, on ressort encore plus inquiets »
Surtout, le Premier ministre n’a pas présenté d’éléments de fond concernant la politique qu’il souhaite mener. « On arrive très inquiets, on ressort encore plus inquiets », déclare le président du groupe écologiste au Sénat, Guillaume Gontard. Contacté par Public Sénat, ce dernier nous confie sa surprise face à l’absence d’orientation et de ligne politique et prédit « une censure encore plus rapide que pour Michel Barnier ». En effet, le nouveau chef du gouvernement semble vouloir « reconduire le même accord entre le bloc présidentiel et LR », note Cyrielle Chatelain, mais aussi reprendre les travaux où ils s’étaient arrêtés sur le projet de loi de finances. Pour rappel, le Sénat avait adopté le texte du gouvernement Barnier mais l’examen du texte a été interrompu après l’adoption de la motion de censure. Si François Bayrou reprend le projet de loi de finances tel que voté par le Sénat et s’appuie sur la même majorité que son prédécesseur, son destin devrait être le même prédit Guillaume Gontard. « Les mêmes causes emportent les mêmes conséquences », prévient Marine Tondelier. « La censure pourrait même être encore plus rapide que pour Michel Barnier », anticipe Guillaume Gontard.
Le sort du gouvernement à nouveau entre les mains du RN ?
Alors que François Bayrou n’a donné aucune information sur la nomination de son équipe gouvernementale, la durée de vie de son futur gouvernement devrait dépendre du RN. « Lors de la rencontre à l’Elysée, on n’attendait pas grand-chose, mais au moins tout le monde était d’accord pour ne pas se mettre entre les mains de Marine Le Pen », rappelle Guillaume Gontard. Le patron des sénateurs écologistes n’a d’ailleurs pas mâché ses mots contre le nouveau locataire de Matignon. « On ne gravit pas l’Himalaya en espadrilles », tacle Guillaume Gontard en faisant référence au discours prononcé par François Bayrou lors de la passation avec Michel Barnier.
Le maire de Pau a « fait son bilan municipal »
Les écologistes se sont également étonnés de l’attitude du Premier ministre qui « a fait son bilan municipal », à chaque question, souligne Cyrielle Chatelain. En pleine polémique sur la participation de François Bayrou au conseil municipal de Pau, qui a décidé de rester maire, les élus écologistes déplorent le retour de la question du cumul des mandats. « Si Bayrou a voulu démontrer l’intérêt du cumul des mandats, je pense que ça a été à contre-emploi. Personne n’a compris le message », considère Marine Tondelier.
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