Réforme des retraites « à la hussarde » : Laurent Berger met en garde contre la fatigue démocratique

Réforme des retraites « à la hussarde » : Laurent Berger met en garde contre la fatigue démocratique

Le secrétaire général de la CFDT se positionne clairement contre un report de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Se référant aux prévisions du Conseil d’orientation des retraites, il rappelle que le système « n’est pas fragile financièrement ». Il redoute enfin que le dispositif de départ anticipé pour carrière longue ne fasse les frais d’une réforme.
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Inutile de reculer l’âge légal de départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 62 ans, pour des motifs budgétaires. C’est le message principal qu’adresse ce 4 avril Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT, invité d’Audition publique (Public Sénat / LCP-Assemblée nationale / Le Figaro Live), en veut pour preuve les rapports sur le sujet. « Toutes les études montrent, y compris celle du Conseil d’orientation des retraites (COR), que sur le moyen et le long terme le système par répartition n’est pas fragile financièrement », explique-t-il, en prenant soin de rappeler que la situation de l’emploi « s’est améliorée ».

Le leader syndical réaffirme son opposition à cette proposition phare défendue par Emmanuel Macron et Valérie Pécresse. « La CFDT est contre un report de l’âge légal à 65 ans. On est contre aujourd’hui et on sera contre dans deux mois », insiste-t-il. Et d’ajouter : « On est bien loin d’une amélioration qualitative du système des retraites ». Selon lui, un système plus juste ne « nécessite pas de reporter l’âge légal ».

Face à l’éventualité de cette réforme, Laurent Berger ne cache pas ses craintes sur l’avenir de la retraite anticipée, ce dispositif qui permet aux salariés qui ont commencé à travailler très tôt de se retirer à 60 ans. Il s’agit d’une des conquêtes de la CFDT, obtenue en 2003. « Je n’ai pas l’assurance là-dessus », répond-il.

Le secrétaire général de la CFDT observe parallèlement que la réforme est annoncée pour financer « un autre élément de la protection sociale ». « Là, ce dont il s’agit, c’est de financer peut-être d’autres risques, au sens de la perte d’autonomie. Il y a d’autres manières de le faire », coupe le leader syndical, peu emballé à l’idée d’un nouvel effort des salariés. Laurent Berger préconise plutôt de faire « contribuer l’ensemble des revenus ». « Si vous allez sur la transmission du patrimoine, il n’y a pas grand monde à la hauteur », juge-t-il, en parlant des candidats à l’élection présidentielle.

A moins d’une semaine de l’élection présidentielle, Laurent Berger affiche également ses inquiétudes sur l’éventualité d’une réforme mise sur les rails rapidement au cours de la première année d’un prochain quinquennat, comme le laisse entendre Emmanuel Macron. « Dans le contexte de fatigue démocratique, de difficultés sociales pour une partie des travailleurs — encore une fois, pas tous, je ne suis pas dans le misérabilisme — je ne suis pas sûr que d’annoncer une mesure comme celle-là, et de dire on va le faire à la hussarde, ce soit une bonne nouvelle. »

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