La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
« Contresens », « vieille ficelle » ou « priorité », le débat sur un retour de l’ISF continue de diviser
Par Sandra Cerqueira
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En janvier 2019, Richard Ferrand a assuré qu’il n’existait « pas de tabou » sur l’ISF tout en fermant l’éventualité de son éventuel retour. Aujourd’hui, alors qu’en pleine crise du Covid-19 la gauche réclame le rétablissement de l’impôt sur la fortune, le président de l’Assemblée Nationale s’y oppose encore tout en défendant cette fois l’idée d’une contribution des plus aisés dans un entretien à « L'Express » mis en ligne ce mardi.
« Tout le monde veut peser et surtout la majorité »
Richard Ferrand est à « géométrie variable sur ce sujet » lance Patrick Kanner. Une façon de dire que la majorité aussi avance ses pions sur les exigences de solidarité avec la crise sociale à venir, alors que les débats budgétaires de cet automne mettent déjà l'exécutif dans la tourmente. « Tout le monde veut peser et surtout la majorité » glisse le président du groupe socialiste au Sénat.
« Un Contresens absolu »
« On a parfois l'impression que l'ISF serait le remède au Covid ! » ironise Richard Ferrand, fustigeant un « mauvais débat » et un « contresens absolu ». « Ce n'est pas en rendant la France moins attractive qu'on va redresser le pays », tranche-t-il. Mais face au débat qui ne cesse de remonter avec la crise sur les inégalités, sur les « premières lignes » face aux « premiers de cordée », Richard Ferrand n’exclut pas, « ponctuellement et parce que la solidarité l'exigerait », une contribution des plus aisés. Avec prudence, mais sûrement.
« Rétablir l’ISF, c’est rétablir le sens de l’impôt »
« Je le prends au mot mais que propose-t-il concrètement ? » s’interroge Patrick Kanner. Le président du groupe socialiste au Sénat réclame que chacun prenne sa part pour contribuer à l’effort national. « Comment expliquer que les 20% de Français les plus aisés, dont je fais partie, ne payerons plus de taxe d’habitation en 2021 ? » questionne le sénateur. Chacun doit « prendre sa part » selon lui, pour que l’effort ne pèse pas de la même façon sur tous les Français, sans tenir compte de la richesse spécifique. « C’est un principe d’égalité, une priorité absolue. Les plus aisés ne sont pas ceux qui auront subi de plein fouet la crise. Rétablir l’ISF, c’est rétablir le sens de l’impôt ! » martèle-t-il. C’est ce qui avait été proposé par le groupe PS au Sénat lors de l’examen du budget rectificatif en avril dernier.
« On ressort les vieilles ficelles »
À droite, vouloir faire contribuer les plus riches passe mal. Le sénateur LR Philippe Dominati parle d’un « reniement supplémentaire » du gouvernement, « d’une promesse » de ne pas augmenter les impôts « non tenue. » « Macron, c’est la continuité de Hollande. On sait que l’ISF est un impôt improductif qui rapporte peu à l’État et pourtant on veut recommencer ! On ressort les vieilles ficelles qui ont pénalisé l’économie française pendant des années » s’insurge-t-il.
Une réforme structurelle vs le « symbole » de l’ISF
Un débat qui n’est pas non plus du goût de Julien Bargeton. Le sénateur LREM ne se dit pas favorable à une hausse d’impôts en cette période de crise y voyant même un « paradoxe. » Avec la crise à venir, « l’effondrement du PIB, l’explosion du chômage à venir, ce n’est pas le moment d’augmenter les impôts, ni de baisser les dépenses publiques. Nous verrons plus tard. Soyons keynésiens » assure-il tout en défendant une réforme fiscale structurelle à horizon de trois ans qui définit « quels impôts baisser ou augmenter pour prendre en compte les inégalités.»
« Il faut éviter à tout prix le concours Lépine de la hausse d’impôts » insiste Julien Bargeton pour qui la question n'est pas que fiscale. Il évoque des « prestations différenciées » ou des « ré-allocations de dépenses.» « Au lieu d'essayer de faire dans le symbole, il vaudrait mieux chercher comment créer de l'emploi, concilier production et environnement pour s’adapter davantage aux urgences climatiques et sanitaires. »