Contrôle des chômeurs : le gouvernement va redéfinir l’arsenal des sanctions
La ministre du Travail dévoile aux partenaires sociaux cet après-midi les nouvelles modalités de contrôle des chômeurs. Le plan du gouvernement devrait notamment durcir les sanctions frappant les demandeurs d’emploi, dont les recherches ne sont pas assez actives.

Contrôle des chômeurs : le gouvernement va redéfinir l’arsenal des sanctions

La ministre du Travail dévoile aux partenaires sociaux cet après-midi les nouvelles modalités de contrôle des chômeurs. Le plan du gouvernement devrait notamment durcir les sanctions frappant les demandeurs d’emploi, dont les recherches ne sont pas assez actives.
Public Sénat

Par Guillaume Jacquot (Sujet vidéo : Héloïse Grégoire)

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Nouvel épisode dans la réforme de l’assurance chômage. Début mars, la ministre du Travail avait déjà levé le voile sur une partie du futur projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », en annonçant que l’assurance chômage serait désormais ouverte à certains indépendants et salariés démissionnaires. Assortie de conditions très précises, cette ouverture s’éloigne de la dimension « universelle » de l’assurance chômage promise par Emmanuel Macron durant sa campagne en 2017.

Ce lundi, Muriel Pénicaud reçoit à nouveau les partenaires sociaux pour évoquer un volet sensible de la réforme : la question des sanctions touchant les demandeurs d’emploi, et celle, pas moins délicate, de la gouvernance du système de l’assurance chômage.

Contrairement aux autres aspects de la réforme de l’assurance chômage, ces deux points ont jusqu’ici été laissés de côté des négociations avec les partenaires sociaux. « Le flou demeure », résumait encore le 7 mars la CFDT, la première centrale de France.

Durcissement des sanctions en cas de recherches d’emploi jugées insuffisantes

Dans un document d’orientation remis aux partenaires sociaux, le ministère du Travail avait indiqué en décembre qu’il mettrait sur la table «  une réforme du barème et des modalités de sanction ». On sait que Muriel Pénicaud a publiquement pointé « l’incohérence » du système. Elle a comparé la sanction pour une absence non justifiée à un entretien (punie par une suspension de deux mois des allocations) et celle punissant un demandeur d’emploi dont les recherches ne seraient pas suffisamment actives (quinze jours de suspension des allocations).

Selon le Parisien, le gouvernement pourrait inverser l’échelle des peines, en allégeant les sanctions dans le premier cas, et les alourdir dans le second. Les cas de récidives seront plus sévèrement punis. Les modalités exactes restent encore à préciser d’ici la fin de l’été, date à laquelle l’exécutif devrait fixer les nouvelles règles dans des décrets.

Comment définir une offre d’emploi « raisonnable » ?

Pendant sa campagne, Emmanuel Macron a également beaucoup communiqué sur un autre cas de figure sanctionnable : le refus de deux offres d’emploi « raisonnables ».

Encadrée par la loi de 2008 promulguée sous Nicolas Sarkozy, cette obligation est toutefois difficilement applicable sur le terrain. Selon le Code du travail, amendé par cette réforme, une offre « raisonnable » est « un emploi compatible » avec les « qualifications et compétences professionnelles » du demandeur d’emploi « et rémunéré à au moins 95 % du salaire antérieurement perçu ».

Après six mois d’inscription à Pôle Emploi, une offre raisonnable peut comporter un niveau de rémunération égal à 85% de l’ancien salaire. Quant à l’éloignement géographique, la loi fixe une distance maximale de 30 kilomètres ou une heure de déplacement en transports en commun.

Quand Emmanuel Macron proposait l’abaissement du seuil de revenu dans l’offre « raisonnable »

L’offre « raisonnable » restera-t-elle à 85% minimum de l’ancien salaire ? Rien n’a encore filtré. Une chose est sûre, il y a un an, Emmanuel Macron avait proposé d’aller encore plus loin que la loi actuelle, en fixant des seuils plus désavantageux pour les demandeurs d’emploi. « Si des emplois décents correspondent à votre qualification et que le salaire n'est pas inférieur de plus de 20-25 % à votre ancien poste, vous ne pourrez pas refuser plus de deux offres. Sinon, vos indemnités seront suspendues. C'est ça la vraie révolution de la flexisécurité », avait expliqué le candidat.

Quant aux autres critères, début mars, Muriel Pénicaud a fait part de son intention de rendre la règle de 2008 « pleinement applicable » et surtout de « définir plus précisément » ce qu’est une offre « raisonnable ». Sur ce point, le gouvernement entend fixer des critères à la carte, selon le secteur d’activité ou le bassin d’emploi. « Il faut adapter cette notion au profil de chaque chômeur », indiquait Muriel Pénicaud.

Le renforcement des contrôles

Parallèlement à la redéfinition des obligations de recherches et des sanctions assorties en cas de non-respect, le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises « tripler » les effectifs dédiés au contrôle des chômeurs. Ces équipes spécialisées à Pôle Emploi passeront de 200 agents actuellement à 600 d’ici la fin de l’année.

Là aussi, ce point hérisse plusieurs syndicats. Hostiles à un système uniquement répressif, ils n’ont d’ailleurs eu de cesse de rappeler que la majorité des demandeurs d’emploi respectaient leurs obligations. Selon Pôle Emploi, les 270.000 contrôles menés depuis 2015 ont conduit à 14% de radiations (relire notre article).

« Pour le contrôle stigmatisant les chômeurs, notre position, qui était plutôt de renforcer l’accompagnement, a été entendue », a réagi la CFE-CGC le 6 mars.

Partager cet article

Dans la même thématique

Mirecourt: French president Emmanuel Macron
6min

Politique

Macron veut interdire les portables au lycée : mesure qui « va dans le bon sens » ou « peine perdue » ?

Le chef de l’Etat a annoncé que les téléphones portables allaient « sans doute » être interdits dès la rentrée prochaine dans les lycées. C’est « faisable », soutient le sénateur Renaissance Martin Lévrier. « Il est incorrigible. C’est une annonce par jour pour exister », raille le sénateur LR Max Brisson, opposé à l’interdiction au lycée. « Une annonce un peu surréaliste » qui élude les vrais problèmes, dénonce la sénatrice PS Colombe Brossel.

Le

France Marseille vs Newcastle: Pre-Match Security Highlights
3min

Politique

« Violences policières » : la gauche du Sénat demande une commission d’enquête sur de « potentiels dysfonctionnements » au sein de l’IGPN et l’IGGN

Suite aux récentes révélations mettant en cause les forces de l’ordre dans des affaires de violences au sein des personnes dépositaires de l’autorité publique, la gauche du Sénat demande à la commission des lois de se doter des prérogatives d’une commission d’enquête visant à examiner les conditions dans lesquelles l’IGPN et l’IGGN exercent leurs prérogatives.

Le

Paris : Debate session on the draft budget law for 2026
4min

Politique

Budget de la Sécu : la règle de l’entonnoir peut-elle faciliter un compromis ?

Mercredi, députés et sénateurs ne sont pas parvenus à trouver une un accord en commission mixte paritaire sur le projet de loi de la Sécurité sociale. Le texte repart donc pour une nouvelle lecture en séance publique à partir de mardi, à l’Assemblée nationale. Les députés vont plancher sur le texte sorti du Sénat et conformément à la règle dite de l’entonnoir, leur droit d’amendement est limité. Ce qui va accélérer les débats mais sera-t-il suffisant pour arriver à un compromis ? Explications.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
4min

Politique

Décentralisation : un rapport du Sénat remis au Premier ministre

Afin d’accompagner Sébastien Lecornu vers son engagement d’un grand acte de décentralisation, Gérard Larcher avait fait parvenir le 31 octobre la contribution du Sénat. Le document que Public Sénat a pu consulter appelle à consacrer un principe de différentiation et d’autonomie fiscale des collectivités.

Le