Contrôle des frais de mandat: des députés mettent en garde contre un « jusqu’au boutisme »
Des députés de droite et de gauche ont mis en garde mardi contre une forme de "jusqu'au-boutisme" dans le contrôle de leurs frais...

Contrôle des frais de mandat: des députés mettent en garde contre un « jusqu’au boutisme »

Des députés de droite et de gauche ont mis en garde mardi contre une forme de "jusqu'au-boutisme" dans le contrôle de leurs frais...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Des députés de droite et de gauche ont mis en garde mardi contre une forme de "jusqu'au-boutisme" dans le contrôle de leurs frais de mandat, dont les modalités doivent être décidées mercredi, en application des lois de moralisation.

L'indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), enveloppe jusqu'alors quasi libre dans son usage, doit être remplacée au 1er janvier par un nouveau dispositif. Le bureau de l'Assemblée nationale, sa plus haute instance collégiale, doit arrêter mercredi la liste des frais autorisés et interdits, ainsi que les modalités de contrôle par la déontologue, et de sanction par le bureau lui-même.

Les échanges ont été nombreux entre les questeurs - députés chargés des finances du Palais-Bourbon -, les présidents des groupes politiques, la déontologue et le président de l'Assemblée.

Selon une source proche du dossier, trois principes pourraient être fixés mercredi: les dépenses devront avoir un "lien direct" avec le mandat, ainsi qu'un caractère "raisonnable" et ne devront pas servir à un enrichissement personnel.

Les députés percevront principalement une "avance forfaitaire" mensuelle, du même montant que l'IRFM. L'option offerte par la loi de remboursements sur justificatifs devrait être écartée car trop lourde à mettre en oeuvre pour 577 députés.

Mais la déontologue pratiquera bien un contrôle aléatoire, les députés devant se tenir prêts à tout instant à fournir justificatifs et comptabilité. Elle pourra demander des explications, des justificatifs complémentaires, et pour les dossiers lui paraissant problématiques, saisir le bureau de l'Assemblée, doté du pouvoir de sanction (non-remboursement, rappel à l'ordre etc).

La liste des dépenses autorisées ne comprendra pas la possibilité de location d'un "pied-à-terre" en circonscription, assimilée à un parachutage. Comme le souhaitait notamment LR, l'achat d'un véhicule sera autorisé pour les déplacements en circonscription, mais pas la dernière année du mandat, de sorte qu'il aura le temps d'être amorti.

La prise en charge des frais de garde des enfants fait encore débat, alors que les députés touchent actuellement une allocation pour les moins de trois ans (308 euros mensuels). En alternative, son montant pourrait être revu à la hausse, ou la limite d'âge relevée.

Avant l'annonce de ces arbitrages, une porte-parole des députés socialistes, Ericka Bareigts, a jugé que "la transparence est une bonne chose, mais attention à ne pas être (...) jusqu'au boutiste", craignant un dispositif "technocratique, qui empêcherait les députés d'être concentrés sur leurs tâches" en leur faisant "faire de la comptabilité à bouts de ficelle". Boris Vallaud, autre porte-parole du groupe, ne voit "aucune espèce de difficulté pour justifier les dépenses de nos missions", mais demande de "faire attention à ce que ce qu’on croit être de la vertu ne soit pas un moyen de réduire les moyens d’action".

Pour Claude Goasguen (LR), qui "crain(t) des fuites", "la liberté même du député est en cause" avec le contrôle, "qui peut être un contrôle politique". "Rencontrer quelqu’un dans un certain cadre, préparer des négociations, ça reste de la souveraineté du député", selon ce député réélu constamment depuis 1997.

Sur les décisions, l'Insoumise Clémentine Autain, membre du bureau et plutôt optimiste, a jugé "important un consensus".

Les contrôles, "avec quels moyens ?", s'est interrogé Olivier Falorni (non-inscrit), qui aurait préféré fusionner IRFM et rémunération du parlementaire, argument déjà entendu cet été autour des lois de moralisation.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Un accord de libre-échange entre la Chine et l'Union européenne serait "extrêmement dangereux" pour cette eurodéputée

Scandale Shein, restrictions sur les terres rares, déferlement d'exportations sur le Continent : ces dernières semaines ont fourni aux européens de nombreux motifs d'inquiétude dans leur relation avec Pékin. Alors que Donald Trump a scellé un accord d'un an avec le président Xi Jin Ping, l'UE semble sur le banc de touche. Un sursaut est-il possible ? Ou bien sommes-nous condamnés à rester à la remorque de la Chine ? Débat dans "Ici l'Europe" avec les eurodéputés Sandro Gozi (Renew, France) et Estelle Ceulemans (S&D, Belgique).

Le

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Contrôle des frais de mandat: des députés mettent en garde contre un « jusqu’au boutisme »
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le