Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Coronavirus: la gauche entre critiques et volonté d’union nationale
Par Nadège PULJAK
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La crise du coronavirus place la gauche face à un dilemme: comment se faire entendre, y compris dans la critique du gouvernement, sans apparaître en rupture avec l'union nationale dans un contexte particulièrement anxiogène ?
Reprocher au gouvernement sa façon de conduire une "guerre" qui cause chaque jour la mort de plusieurs centaines de Français lui fait courir le risque de paraître opposée aux appels à l'union sacrée contre le virus que repète le président Emmanuel Macron.
Sur le fond, et face à l'aggravation attendue de la situation dans les quinze jours à venir, les principaux leaders de gauche continuent à juger sévèrement l'exécutif.
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure dénonce ainsi un "décalage croissant entre les discours martiaux du président et le terrain". Jean-Luc Mélenchon (LFI) accuse Emmanuel Macron de vouloir "confiner la pensée critique". Fabien Roussel (PCF) pousse "un coup de gueule" devant la pénurie de masques et autre matériels de protection.
Mais la ligne de crête est étroite, d'où la volonté des mêmes de rester modérés sur la forme - d'autant plus que, comme l'explique le politologue Jean-Daniel Lévy (HarrisInteractive), "les Français ne pensent pas que les choses seraient mieux gérées si la gauche était au pouvoir".
"Nous serons toujours au rendez-vous de l'intérêt général" mais resterons "une opposition, sans acrimonie", prévenait le 21 mars à l'Assemblée M. Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône. Pas question pour lui de "jouer les béni-oui-oui", a insisté dimanche son entourage auprès de l'AFP.
Depuis le début du confinement, l'ancien candidat à la présidentielle multiplie les propositions: planification de la mobilisation sanitaire, nationalisation de Luxfer -une usine auvergnate de fabrication de bouteille à oxygène médical fermée depuis des mois-, versement de 100% de leurs salaires aux travailleurs réduits au chômage...
- "C'est urgentissime" -
"Gérer une crise comme celle-là est très compliqué" et "on ne veut pas se poser en donneurs de leçons", a affirmé dimanche à France Inter et au Monde M. Faure, qui demande lui aussi la nationaliation de Luxfer et 100% des salaires aux chômeurs, "plafonnés à 2,5 Smics".
Sans vouloir "affaiblir le gouvernement", ajoutait-il, "en tant que parlementaire, mon devoir est de contrôler l'action du gouvernement. La démocratie ne peut pas être mise en quarantaine".
"L'unité nationale, il faut avoir la volonté de la construire. Or, ce n'est pas du tout le cas. A trois reprises, le Premier ministre a convoqué les chefs des partis politiques... sans jamais nous consulter sur la stratégie ou sur les scénarios de sortie de crise", avait-il affirmé samedi à l'AFP.
"On ne sous-estime pas la difficulté de la tâche" pour le gouvernement, affirme également Boris Vallaud, porte-parole du PS. "Mais on demande de la transparence, de la constance. Or, ça manque de clarté. Une démocratie exigeante est l'une des conditions de la victoire contre le coronavirus", affirme-t-il. "Après la crise, il sera temps de réfléchir à ce qui n'a pas fonctionné", ajoute Valérie Rabault, présidente des députés PS.
Dimanche, au lendemain de l'intervention d'Edouard Philippe promettant l'arrivée prochaine d'un milliard de masques, Fabien Roussel affirmait à l'AFP être "très en colère". "Pour freiner l'épidémie, il faut stopper les activités essentielles. Le Premier ministre n'en a pas parlé. Quand aux masques, c'est tout de suite qu'il les faut. C'est urgentissime! Dans les Ehpad, on va vers une situation catastrophique".
Chaque jour, M. Roussel organise une visio-conférence avec les autres responsables de son parti. "On fait le point sur les besoins et on sollicite les entreprises en mesure d'y répondre. On bricole localement", explique-t-il. Pour remédier à la pénurie de masques par exemple, il a fait appel aux entreprises de textile du Valenciennois, dont quatre ont commencé à fabriquer des masques en tissu.
"Pourquoi la pénurie? Non, on ne peut pas comprendre", s'emporte le communiste. "Mais on n'est pas à l'heure de l'opposition, on est à l'heure de trouver des solutions. Après, le temps viendra de demander des comptes", promet-il également.