Coronavirus: la gauche entre critiques et volonté d’union nationale

Coronavirus: la gauche entre critiques et volonté d’union nationale

La crise du coronavirus place la gauche face à un dilemme: comment se faire entendre, y compris dans la critique du gouvernement, sans...
Public Sénat

Par Nadège PULJAK

Temps de lecture :

4 min

Publié le

La crise du coronavirus place la gauche face à un dilemme: comment se faire entendre, y compris dans la critique du gouvernement, sans apparaître en rupture avec l'union nationale dans un contexte particulièrement anxiogène ?

Reprocher au gouvernement sa façon de conduire une "guerre" qui cause chaque jour la mort de plusieurs centaines de Français lui fait courir le risque de paraître opposée aux appels à l'union sacrée contre le virus que repète le président Emmanuel Macron.

Sur le fond, et face à l'aggravation attendue de la situation dans les quinze jours à venir, les principaux leaders de gauche continuent à juger sévèrement l'exécutif.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure dénonce ainsi un "décalage croissant entre les discours martiaux du président et le terrain". Jean-Luc Mélenchon (LFI) accuse Emmanuel Macron de vouloir "confiner la pensée critique". Fabien Roussel (PCF) pousse "un coup de gueule" devant la pénurie de masques et autre matériels de protection.

Mais la ligne de crête est étroite, d'où la volonté des mêmes de rester modérés sur la forme - d'autant plus que, comme l'explique le politologue Jean-Daniel Lévy (HarrisInteractive), "les Français ne pensent pas que les choses seraient mieux gérées si la gauche était au pouvoir".

Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 22 mars 2020
Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 22 mars 2020
AFP/Archives

"Nous serons toujours au rendez-vous de l'intérêt général" mais resterons "une opposition, sans acrimonie", prévenait le 21 mars à l'Assemblée M. Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône. Pas question pour lui de "jouer les béni-oui-oui", a insisté dimanche son entourage auprès de l'AFP.

Depuis le début du confinement, l'ancien candidat à la présidentielle multiplie les propositions: planification de la mobilisation sanitaire, nationalisation de Luxfer -une usine auvergnate de fabrication de bouteille à oxygène médical fermée depuis des mois-, versement de 100% de leurs salaires aux travailleurs réduits au chômage...

- "C'est urgentissime" -

"Gérer une crise comme celle-là est très compliqué" et "on ne veut pas se poser en donneurs de leçons", a affirmé dimanche à France Inter et au Monde M. Faure, qui demande lui aussi la nationaliation de Luxfer et 100% des salaires aux chômeurs, "plafonnés à 2,5 Smics".

Fabien Roussel à l'Assemblée nationale le 21 mars 2020
Fabien Roussel à l'Assemblée nationale le 21 mars 2020
POOL/AFP/Archives

Sans vouloir "affaiblir le gouvernement", ajoutait-il, "en tant que parlementaire, mon devoir est de contrôler l'action du gouvernement. La démocratie ne peut pas être mise en quarantaine".

"L'unité nationale, il faut avoir la volonté de la construire. Or, ce n'est pas du tout le cas. A trois reprises, le Premier ministre a convoqué les chefs des partis politiques... sans jamais nous consulter sur la stratégie ou sur les scénarios de sortie de crise", avait-il affirmé samedi à l'AFP.

"On ne sous-estime pas la difficulté de la tâche" pour le gouvernement, affirme également Boris Vallaud, porte-parole du PS. "Mais on demande de la transparence, de la constance. Or, ça manque de clarté. Une démocratie exigeante est l'une des conditions de la victoire contre le coronavirus", affirme-t-il. "Après la crise, il sera temps de réfléchir à ce qui n'a pas fonctionné", ajoute Valérie Rabault, présidente des députés PS.

Dimanche, au lendemain de l'intervention d'Edouard Philippe promettant l'arrivée prochaine d'un milliard de masques, Fabien Roussel affirmait à l'AFP être "très en colère". "Pour freiner l'épidémie, il faut stopper les activités essentielles. Le Premier ministre n'en a pas parlé. Quand aux masques, c'est tout de suite qu'il les faut. C'est urgentissime! Dans les Ehpad, on va vers une situation catastrophique".

Chaque jour, M. Roussel organise une visio-conférence avec les autres responsables de son parti. "On fait le point sur les besoins et on sollicite les entreprises en mesure d'y répondre. On bricole localement", explique-t-il. Pour remédier à la pénurie de masques par exemple, il a fait appel aux entreprises de textile du Valenciennois, dont quatre ont commencé à fabriquer des masques en tissu.

"Pourquoi la pénurie? Non, on ne peut pas comprendre", s'emporte le communiste. "Mais on n'est pas à l'heure de l'opposition, on est à l'heure de trouver des solutions. Après, le temps viendra de demander des comptes", promet-il également.

Dans la même thématique

Rally For Palestinian Prisoners SWITZERLAND.
4min

Politique

Hungry for Palestine : le collectif en grève de la faim depuis 23 jours reçu au Sénat

Vingt-trois jours de jeûne, seize villes françaises traversées : le collectif Hungry for Palestine était au Sénat le 22 avril 2025. Tous les membres du mouvement, présents au palais du Luxembourg, sont en grève de la faim depuis le 31 mars pour dénoncer l'inaction des pouvoirs publics et le non-respect du droit international dans la bande de Gaza. Le mouvement est né de l'impulsion de soignants, tous de retour de mission à Gaza.

Le

Tondelier 2
8min

Politique

Malgré des critiques, Marine Tondelier en passe d’être réélue à la tête des Ecologistes

Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.

Le

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le