Dernière ligne droite pour les lycéens. Malgré la pandémie du Covid-19 et le confinement, la plateforme Parcoursup, qui permet d’orienter les élèves vers l’enseignement supérieur, est maintenue. Les élèves ont jusqu’au 2 avril (23h59) pour compléter leur dossier et confirmer leurs vœux. Un maintien des directives jugé incohérent par le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias : « On ne peut pas arrêter la moitié de l’économie du pays et garder le même rythme pour la plateforme de Parcoursup, ça n’a pas de sens ».
Le sénateur dénonce une « politique de l’autruche » et assure que le gouvernement a les moyens législatifs pour modifier la temporalité de ce dispositif : « le Parlement a voté une loi d’urgence en trois jours seulement afin que le gouvernement puisse faire le maximum pour gérer la crise actuelle, il a les pleins pouvoirs ».
Accès à internet
L’inquiétude de l’opposition réside dans les différences d’accès à internet des étudiants. Pour Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant UNEF, « c’est le même problème que les cours en ligne, il est impossible de savoir si les étudiants en réorientation et les lycéens ont un accès à un internet ou ont un ordinateur chez eux. Comment faire quand il n’y a qu’un seul ordinateur par famille ? » questionne Pierre Ouzoulias. En effet, les syndicats rappellent qu’une partie des lycéens et des étudiants, notamment dans les zones les plus précaires, profitent des ordinateurs de leurs établissements pour effectuer les démarches d’orientation.
Même si la plupart des CIO (centre d’information et d’orientation) restent accessibles à distance, le sénateur Pierre Ouzoulias s’inquiète de la difficulté de se concentrer sur les choix d’orientation durant le confinement : « Entre les devoirs des enfants, le télétravail des parents… se pencher sur l’orientation, c’est créer une angoisse supplémentaire. »
Pour faire face, les syndicats réclament davantage de souplesse dans les étapes du calendrier Parcoursup, notamment pour les élèves du supérieur en réorientation : « certains de ces étudiants ont déjà vécu un mois de grève en décembre, donc sans examen. Ils sont loin d’avoir leurs dossiers remplis pour candidater à d’autres formations » assure la présidente du syndicat majoritaire FAGE.
Et même si les visioconférences entre les syndicats et le ministère de l’Enseignement supérieur s’enchainent depuis le confinement, le gouvernement n’est pas prêt à bouger sa ligne pour le moment.
« Les dossiers sont dématérialisés, ça ne change rien » selon le ministère
Les syndicats se penchent déjà sur la suite des étapes de Parcoursup. Une fois les choix ordonnés, les commissions d’examens des formations se réunissent afin d’émettre leurs réponses aux candidats. Le première phase de réponses a lieu le 19 mai prochain. « On voit mal comment ces commissions vont pouvoir se réunir avec le confinement », « c’est le grand flou » s’inquiète l’UNEF et FAGE. Le sénateur Pierre Ouzoulias complète : « Je vois mal comment on peut reporter le deuxième tour des municipales au 21 juin et maintenir ces commissions d’examens avant mi-mai. » Du côté du ministère de l’Enseignement supérieur, on assure qu’il sera possible de maintenir ces commissions par le bais de visioconférences. « Les dossiers sont dématérialisés, ça ne change rien » confirme l’entourage de la ministre en charge du dossier, Frédérique Vidal. L’université Paris 1 Panthéon - Sorbonne, envisage déjà cette possibilité et ne s’inquiète donc pas de la bonne tenue de sa commission d’examen malgré le confinement.
Dernière inconnue : l’édition 2020 du baccalauréat. Si les notes de celui-ci ne rentrent pas en compte dans les candidatures pour l’orientation, sa validation reste nécessaire pour accéder au supérieur. Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, devrait s’exprimer sur ses modalités d’ici la fin de la semaine.