Coronavirus : la technostructure accusée d’inertie
Le sénateur Michel Vaspart dénonce une « technostructure à la française » devenue omnipotente. Un système problématique, selon lui, pour gérer la crise sanitaire

Coronavirus : la technostructure accusée d’inertie

Le sénateur Michel Vaspart dénonce une « technostructure à la française » devenue omnipotente. Un système problématique, selon lui, pour gérer la crise sanitaire
Public Sénat

Par Alizé Boissin

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De moins en moins sur le terrain, mais le sénateur du parti Les Républicains, Michel Vaspart, ne déserte pas sa permanence à Dinan pour autant. L’élu des Côtes-d’Armor l’assure : « ici il n’y a personne dans les rues. Tout le monde respecte le confinement. » Lui continue de faire les allers retours entre sa résidence et sa permanence, pour « bénéficier d’une meilleure connexion internet » et suivre toutes ses visioconférences.

Avant d’être sénateur, Michel Vaspart a été chef d’entreprise dans le domaine du textile, puis maire. Des fonctions qui l’ont amené à se questionner sur le poids de la technostructure française. « J’ai vu à quel point il était compliqué, en tant qu’élu, de faire avancer les dossiers. Depuis 10 ans c’est le parcours du combattant (…) l’État souffre de nombreuses inerties ». Des inerties qui, d’après lui, sont se « révélées » et exacerbées depuis la gestion de la crise du Covid-19 : « la technostructure est devenue omnipotente et se traduit par son impotence. »


La semaine dernière, le sénateur décide d’envoyer à son groupe politique une lettre ouverte intitulée : « La crise du Covid-19 : révélateur d’un État malade et d’une technostructure à réformer. »  Il reproche au système français son immobilisme et sa lenteur dans la prise de décision : « nous manquons de masques depuis début janvier et on entend le directeur de la santé nous dire qu’il va en commander un million… alors que nous sommes 67 millions de Français. Ça n’a pas de sens, c’est de la technocratie ! ». Une « technostructure tentaculaire » qui met en péril la gestion de la crise : « l’Allemagne et la France affectent le même pourcentage de PIB à la santé. La différence, c’est que l’Allemagne affecte un peu plus de 24% des personnels hospitaliers à des missions administratives quand la France en affecte 35 %. » affirme-t-il.


La « vraie vie »
 

Le sénateur Michel Vaspart reproche aussi à certains membres du gouvernement et à leurs conseillers politiques une « déconnexion avec le terrain, aucune expérience avec la vraie vie. » « Je suis ahuri de voir à quel point les ministres sont dans leurs bulles. Il leur manque l’expérience du terrain. On le voit bien avec la gestion des Ehpad. ils ne savent pas comment ça marche ! » s’emporte le sénateur.

Ainsi, il propose dans sa tribune que « personne ne devrait pouvoir être conseiller d’un ministre ou d’un grand décideur public sans avoir eu une expérience professionnelle d’au moins 7 ans dont 5 ans dans le secteur privé. »

Et si les élus locaux ont la chance de l’expérience de terrain, ils se confrontent à une difficulté d’après Michel Vaspart : le trop grand nombre d’interlocuteurs. Le sénateur évoque par exemple les difficultés de communication entre les élus locaux et les agences régionales de santé, « une technostructure qui embourbe la santé » : « « en ce moment elles sont sur le pont, mais en temps normal elles sont trop éloignées des élus locaux qui, eux, travaillent avec les préfets. »

Mais en pleine crise sanitaire, le temps n’est pas à la réforme. Le sénateur attend la fin de la crise, « un moment où les commissions d’enquêtes évalueront les manques de l’État. »

 

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