Coronavirus : le sénateur Alain Fouché dénonce l’absence de plan national pour la justice
Depuis le début du confinement, les 164 tribunaux français s’organisent tant bien que mal pour assurer la bonne marche de la justice. Le sénateur Alain Fouché regrette l’absence d’un plan de gestion national et déplore le mutisme de la garde des Sceaux.

Coronavirus : le sénateur Alain Fouché dénonce l’absence de plan national pour la justice

Depuis le début du confinement, les 164 tribunaux français s’organisent tant bien que mal pour assurer la bonne marche de la justice. Le sénateur Alain Fouché regrette l’absence d’un plan de gestion national et déplore le mutisme de la garde des Sceaux.
Public Sénat

Par Alizé Boissin

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Des portes presque closes. Le lundi 16 mars dernier, la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a annoncé la fermeture des tribunaux au public « sauf en ce qui concerne le traitement des contentieux essentiels ».

Depuis cette décision, une justice d’urgence s’est organisée.  Seules les audiences indispensables – comparutions immédiates, celles concernant la détention provisoire ou le contrôle judiciaire, les ordonnances de protection ou les urgences pour les mineurs – sont maintenues.

Depuis la Vienne, le sénateur Alain Fouché (les Indépendants), avocat de profession s’inquiète de cette justice d’urgence. Dans un courrier adressé à la ministre de la Justice, il regrette l’absence de plan de gestion national. « Chaque tribunal judiciaire prépare son propre plan de gestion de crise (…), ne pas donner de directive nationale c’est provoquer une justice à 164 vitesses. » 164, c’est le nombre de tribunaux judiciaires français.

Pas de télétravail pour les greffiers

« La justice, c’est la mission régalienne de l’État » insiste le sénateur. S’il souligne le manque de protections (masque, gel) pour le personnel, il s’insurge surtout contre l’impossibilité pour les greffiers d’exercer leur fonction en télétravail : « ils ne disposent d’aucune connexion sécurisée au logiciel de gestion des dossiers, contrairement à leurs collègues des juridictions administratives qui dépendent du Premier ministre… ». Il ajoute, « des décisions ont été rendues mais ne peuvent pas être publiées ». À ces difficultés inédites s’ajoute une politique ancrée depuis plusieurs années que l’élu dénonce : « le manque de magistrats et de greffiers, beaucoup ne sont pas remplacés ».

Le 11 mai, date de la première phase du déconfinement français, laisse les tribunaux dans l’inconnu : « aucune annonce du ministère de la justice pour le moment ». « Certains tribunaux me disent qu’ils envisagent de rouvrir en septembre… » déplore-t-il.

« 28 % des avocats songeraient à changer de profession »

Pour Alain Fouché, les avocats subissent de plein fouet la crise sanitaire et la fermeture des tribunaux. Dans sa lettre à Nicole Belloubet, il indique que près de « 28% des avocats songeraient à changer de profession ».

Le sénateur de la Vienne salue néanmoins la décision de Nicole Belloubet d’avoir accédé à leur requête tendant à bénéficier de l’arrêt de travail pour la garde d’enfant. Mais il regrette l’absence de chômage partiel pour les collaborateurs libéraux.

Depuis début 2020, la profession est par ailleurs en grève contre la réforme des retraites. Un contexte de crise économique et sanitaire qui engendrera certainement « des embouteillages dans les dossiers », « les gens ne pourront pas divorcer, il y aura des problèmes pour les conflits avec les entreprises. On s’attend à des faillites » alarme le sénateur.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01066724_000014
8min

Politique

Référendum sur l’immigration : une pétition controversée relance le débat enterré au Sénat en 2023

Plus d’1,3 million de personnes auraient signé la pétition de Philippe De Villiers en faveur d’un référendum sur l’immigration, dont certains cadres LR, comme Laurent Wauquiez. L’idée d’élargir les conditions du recours au référendum de l’article 11 de la Constitution aux questions migratoires avait été portée en 2023 par l’ancien président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau avant d’y renoncer faute de majorité.

Le

Coronavirus : le sénateur Alain Fouché dénonce l’absence de plan national pour la justice
4min

Politique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu'on n'a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.

Le

Coronavirus : le sénateur Alain Fouché dénonce l’absence de plan national pour la justice
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le