Coronavirus : les divisions persistent sur les modalités d’un plan de relance européen

Coronavirus : les divisions persistent sur les modalités d’un plan de relance européen

Auditionné par le Sénat, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Paolo Gentiloni, est revenu sur le cadrage du plan d’aide de l’Union Européenne. Il reste néanmoins prudent quant aux divergences politiques des pays membres.
Public Sénat

Par Alizé Boissin et Sandra Cerqueira

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L'Union européenne se dirige vers une contraction de « 5 % à 10 % « de son produit intérieur brut (PIB) cette année, « c’est-à-dire aux alentours de 7,5 % ». C’est ce qu’a déclaré Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, sur France 2 la semaine dernière. Après avoir été auditionné par les sénateurs, c’était au tour de son collègue italien chargé de l’Économie, Paolo Gentiloni, de répondre aux questions de la commission des affaires européenne.
Début avril, les deux commissaires plaidaient pour un recours à un emprunt européen pour faire face aux conséquences de l’épidémie. Au total, les chefs de l’économie européenne réclamaient une enveloppe d’au moins 1 500 milliards d’euros.


Depuis la parution de leur tribune, l’Europe tente de s’accorder. La semaine dernière, les chefs d’États et de gouvernements de l’Union Européenne ont acté les mesures d’urgence à hauteur de 540 milliards d’euros, arrêtés par les ministres des finances début avril, et qui compléteront dès le 1er juin, les 1 000 milliards d’euros que la Banque centrale européennes (BCE) a promis d’injecter à l’économie. Ces dispositions prévoient que le Mécanisme européen de stabilité (MES) pourra prêter aux États membres jusqu’à 240 milliards d’euros. La commission les aidera à financer leur régime de chômage partiel à hauteur de 100 milliards. De son côté, la Banque européenne d’investissements consentira jusqu’à 200 milliards d’euros de nouveaux prêts aux entreprises.
 

« On ne peut pas imaginer un plan de relance uniquement sur des prêts »

Un plan qui représente seulement « le tiers de ce que nous demandions » rappelle Paolo Gentiloni en introduction. « C’est un point de départ », selon le commissaire, qui va permettre de « relancer l’activité économique européenne ».  Face aux sénateurs, il a présenté les caractéristiques nécessaires au fond financier. « Il y a d’abord la question du timing ». Si la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, comme beaucoup d’autre politiques, ont qualifié ce plan de relance de « Plan Marshall européen », il ne s’agit pas, pour Paolo Gentiloni « d’attendre deux ans comme ce fut le cas à l’époque, aux États-Unis », « nous n’aurons pas un jour de fin d’épidémie comme un jour de fin de guerre ».

L’autre caractéristique, qui reste à déterminer pour Paolo Gentiloni, repose sur le « mélange entre prêts et subventions ». « On ne peut pas évaluer négativement les prêts, tout dépend de l’échéance de ces prêts et des taux d’intérêt » a-t-il expliqué. Néanmoins, il a affirmé que « tout ne peut pas être une dynamique de prêts », « nous avons besoin de subventions car il y a des divergences entre les zones affectées par la pandémie ».

 

Ne pas raviver les tensions entre le Nord et du Sud de l’UE

Ce plan devra donc « contribuer à la relance économique de l’UE » mais selon Paolo Gentiloni « il faudra faire attention aux divergences entre les différents pays au sein de l’euro zone » pour éviter de raviver les tensions entre les pays du Nord, inquiets de payer pour les dépenses de ceux du Sud, qui, eux, réclament une plus grande solidarité.  « Les pays qui possèdent déjà une dette très haute auront plus de difficultés à réagir. L’objectif est d’éviter qu’il y ait les pays vainqueurs et les pays perdants dans cette crise commune » assure le commissaire.

 

« Plus de coordination en matière de politique économique »

Ont ainsi été évoquées les différentes approches de ce plan. Entre, la France demande un fonds européen de solidarité d’au moins 1 000 milliards d’euros qui pourrait « lever de la dette commune entre tous les membres. » L’Espagne réclame, elle, un fonds de 1 500 milliards « émettant de la dette perpétuelle » (seuls les intérêts de la dette seraient remboursés, pas le capital). Puis l’Allemagne enfin souhaiterait que l’aide soit liée « au prochain budget européen ».

 

Un plan inédit

Le commissaire appelle de ses vœux « plus de coordination et d’action communes en matière de politique économique » au sein de l’Union. Affirmant qu’il faudra combiner les intérêts de chacun, la réponse ne peut être que « politique pour ne pas mettre sous tension l’édifice européen. » « Nous sommes en train de décider de quelque chose d’inédit » conclut-il. La commission européenne est chargée de proposer les modalités de ce plan de relance commun d’ici le 6 mai.

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