Des États membres « égaux face au virus. » C’est la conviction du commissaire européen en charge du Marché intérieur, Thierry Breton. Les sénateurs de la commission des affaires européennes ainsi que des affaires économiques, ont notamment interpellé le commissaire européen sur le fonds de solidarité européen, inquiets notamment sur la tenue du tissu industriel en Europe et en France avec la crise.
En effet, face à la pandémie, les États de la zone euro ont décidé d’un fonds de solidarité d’urgence, hors budget, à hauteur de 500 milliards d’euros. Ce plan d’urgence devrait permettre de dégager jusqu’à 240 milliards pour les entreprises. Mais une inconnue persiste : le choix des dépenses. La France plaide pour investir dans des industries stratégiques afin de rester en course face aux Américains et aux Chinois, déjà soupçonnés de lorgner sur les entreprises européennes fragilisées par le confinement. Sur ce point, Sophie Primas, la sénatrice et présidente de la commission des affaires économiques, a demandé des précisions au commissaire.
« Maintenir l’égalité d’accès au marché intérieur »
Thierry Breton a rappelé que « pratiquement tous les secteurs sont concernés (…) il n’y a plus de demande et l’offre est cassée, il faut remettre ça en place. » Le commissaire européen a indiqué que le fonds doit « financer des secteurs d’avenir plus innovants sans oublier l’industrie traditionnelle. »
Le commissaire a insisté à plusieurs reprises sur l’égalité entre les États pour accéder à l’aide financière. Il espère « un accès facilité aux financements, et pas dans deux ans (…) il faut un accès identique à tous les États. » Sa volonté ? « Maintenir l’égalité du marché intérieur. »
Une solidarité saluée la sénatrice Sophie Primas, « il n’y a que comme ça qu’on s’en sortira » assure-t-elle, tout en nuançant « il faudra choisir à qui allouer ces fonds et certainement garder une part de souveraineté dans certains secteurs. »
« Des règles strictes » pour gérer ce fonds
Pour Henri Cabanel, sénateur RDSE de l’Hérault, « ce fonds est une aide aux entreprises. Il est important pour aider la relance de l’après crise » mais il se dit inquiet concernant l’iniquité dans le redémarrage économique que ce fonds pourrait amener « sans cohérence au niveau européen » avec des « règles strictes ». Il s’interroge sur les « disparités » entre les pays qui pourraient se creuser : « L’Allemagne face à cette crise à été très réactive en mettant sur la table un soutien à ses entreprises à plus de 1000 milliards d’euros. Quid des pays comme la Grèce ? Il ne faudrait pas raviver le clivage entre les pays européens de l’est et de l’ouest ».
Changement de paradigme
Le commissaire a insisté sur un changement de paradigme en matière de politique européenne, « il y aura un avant et un après coronavirus. » Une certitude que partage le sénateur les Républicains Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes : « cette crise est comme une sorte d’accélérateur, pour permettre une évolution dans l’aide aux entreprises. Nous ne traiterons plus le dossier Alstom et Siemens de la même manière à l’aune de cette crise. Désormais, même la Commission européenne appelle les États à investir pour empêcher la reprise d’entreprises clés par la Chine. »
Rachat de la dette par la BCE
Enfin, le commissaire européen a également salué la « réactivité rapide » de la BCE face au bouleversement économique. En effet, la Banque centrale européenne a décidé de racheter la dette des pays européens. Un plan d’achat d’urgence de 750 milliards d’euros, pour tenter de contenir les répercussions sur l’économie de la pandémie. « Il faut maintenant que ça suive » a précisé Thierry Breton. Face à la crise « systémique et exceptionnelle », il a rappelé qu’«aucun pays de la planète n’a les réserves pour financer cette crise : tous devront emprunter massivement ».
Les précisions du fond de relance européen et la reprise économique des 27 États membres sera au cœur du sommet de l’Union Européenne qui doit se dérouler le 23 avril prochain.