Coronavirus: un milliard de masques commandés et objectif de 14.000 lits en réanimation

Coronavirus: un milliard de masques commandés et objectif de 14.000 lits en réanimation

Le gouvernement a commandé un milliard de masques et compte passer de 14.000 lits en réanimation contre 5.000 initialement alors que la pandémie...
Public Sénat

Par Paul RICARD, Alain JEAN-ROBERT

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Le gouvernement a commandé un milliard de masques et compte passer de 14.000 lits en réanimation contre 5.000 initialement alors que la pandémie due au coronavirus a fait plus de 2.300 morts à l'hôpital.

Le nouveau coronavirus a causé 319 nouveaux décès enregistrés à l'hôpital en 24 heures en France, portant le bilan à 2.314 morts depuis le début de l'épidémie, selon les chiffres publiés samedi sur le site du gouvernement.

Selon ce dernier bilan qui porte à 37.575 le nombre de cas confirmés dans le pays, 17.620 patients sont hospitalisés (+ 1.888) dont 4.273 en réanimation, soit un nouvel afflux de 486 personnes en une seule journée. Et 6.624 ont pu rentrer chez eux, dont 926 ces dernières 24 heures.

"Le combat ne fait que commencer", a prévenu le Premier ministre Edouard Philippe au cours d'une conférence de presse aux côtés du ministre de la santé Olivier Véran.

"Les 15 premiers jours d'avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s'écouler" dans la crise du coronavirus en France, a mis en garde M. Philippe qui a défendu la stratégie du gouvernement face aux critiques qui montent sur son manque de réactivité face à l'épidémie.

Des équipes médicales transportent un patient contaminé par le Covid-19 pour l'évacuer à bord d'un hélicoptère vers l'hôpital d'Essen, en Allemagne, le 28 mars 2020 sur un parking près du CHR de Metz
Des équipes médicales transportent un patient contaminé par le Covid-19 pour l'évacuer à bord d'un hélicoptère vers l'hôpital d'Essen, en Allemagne, le 28 mars 2020 sur un parking près du CHR de Metz
AFP

"Je ne laisserai personne dire qu'il y a eu du retard sur la prise de décision du confinement", a affirmé le chef du gouvernement.

Egalement présent à ce point de presse, le Dr Arnaud Fontanet, épidémiologiste de l'Institut Pasteur, membre du Conseil scientifique installé par le gouvernement, a indiqué que les autorités espéraient voir "les premiers impacts" des mesures de confinement "en fin de semaine prochaine".

- Plus de tests et de masques -

Le ministre de la Santé a précisé de son côté que le gouvernement souhaitait augmenter le nombre de lits en réanimation à "14 à 14.500", contre 5.000 initialement.

Il a également indiqué que la France va monter en régime pour réaliser les tests détectant le coronavirus, avec "50.000 tests" classiques par jour d'ici fin avril, auxquels s'ajouteront "plus de 100.000" tests rapides par jour "au mois de juin".

La France a commandé "plus d'un milliard" de masques notamment à la Chine, a aussi annoncé M. Véran en précisant que les personnels soignants avaient besoin chaque semaine de 40 millions de masques.

Le Covid-19 en France
Evolution du nombre de cas de Covid-19 en France, au 27 mars
AFP

"Un pont aérien étroit et intensif entre la France et la Chine a été mis en place de manière à faciliter les entrées des masques sur le territoire", a-t-il noté.

Selon les chiffres du gouvernement, la France produit 8 millions de masques par semaine, ce qui rend indispensable l'importation de ces matériels de santé durant la crise sanitaire que traverse le pays. "Nos réserves ne sont pas infinies", a souligné le ministre de la Santé.

Concernant les Ehpad, M. Véran a souhaité aller vers "un isolement" en chambre individuelle de chacun de leurs pensionnaires.

La situation dans les Ehpad est source d'inquiétudes, puisque les personnes âgées sont parmi les plus à risque, même si le coronavirus peut aussi frapper les jeunes, comme l'a rappelé cette semaine la mort d'une adolescente de 16 ans.

"Le manque de moyens se fait ressentir avec une acuité particulière dans les structures qui accueillent les personnes âgées et dépendantes", a souligné samedi l'Académie de médecine dans un communiqué.

- Pas de traitement miracle -

A propos des traitements, le ministre a rappelé que la France et les pays voisins ont "initié un certain nombre d'études cliniques, de protocoles de recherche pratiques sur malades dans les hôpitaux pour tester plusieurs molécules thérapeutiques porteuses d'espoir, notamment l'hydroxychloroquine, mais également des molécules antivirales qui sont connues pour être efficaces dans d'autres types de maladies infectieuses".

Mais, a-t-il fait remarquer, "aucune n’a fait preuve de son efficacité en France et dans le monde. Je le déplore mais c’est là, hélas, un fait".

"Treize projets d’essais cliniques sont en cours, une dizaine obtiendront un agrément très rapide", a-t-il dit.

Un malade du Covid-19 arrive à Angers après un transfert par TGV médicalisé depuis l'est de la France le 26 mars 2020
Un malade du Covid-19 arrive à Angers après un transfert par TGV médicalisé depuis l'est de la France le 26 mars 2020
AFP/Archives

Le Premier ministre quant à lui a annoncé que la trêve hivernale était repoussée au 31 mai et que les fournisseurs d'électricité et de gaz ne pourront procéder à des résiliations de contrat pour non paiement de facture.

"Il faut protéger l'économie pas pour le plaisir de protéger l'économie, mais pour faire en sorte de ne pas prolonger cette crise sanitaire en crise économique", a-t-il expliqué.

- Transfert de malades -

Soulager les hôpitaux des régions les plus frappées par le coronavirus: c'est tout l'enjeu des transferts de malades qui s'accélèrent ce week-end depuis le Grand Est et, dans une moindre mesure, l'Île-de-France.

Une première évacuation effectuée par un hélicoptère militaire a eu lieu samedi matin, depuis Metz, afin de transporter deux malades vers l'hôpital d'Essen, en Allemagne.

Une nouvelle rotation d'un hélicoptère militaire vers l'Allemagne, avec deux autres patients, sera "probablement" réalisée dimanche en début d'après-midi, a indiqué à l'AFP François Braun, chef du service des urgences du centre hospitalier régional (CHR) de Metz.

Une infimière dans un Ehpad à Brest le 4 mars 2020
Une infimière dans un Ehpad à Brest le 4 mars 2020
AFP/Archives

Quarante malades du coronavirus qui étaient hospitalisés dans les services de réanimation d'hôpitaux de Bourgogne-Franche-Comté sont en cours de transfert vers ceux de trois départements de la région Rhône-Alpes-Auvergne, a indiqué samedi l'Agence régionale de santé (ARS) de cette région dans un communiqué.

Ces transferts ont lieu dans le cadre de l'opération Résilience, lancée par Emmanuel Macron.

Une situation qui contraste avec celle de l'Ile-de-France, de plus en plus tendue: sur 1.500 places dans les services de réanimation de la région parisienne, 1.300 lits sont actuellement occupés.

Avant l'intervention de son Premier ministre et du ministre de la Santé, Emmanuel Macron, avait nié tout éventuel retard français dans la gestion de l'épidémie.

"J'ai abordé cette crise avec sérieux et gravité dès le début, lorsqu'elle s'est déclenchée en Chine (...) J'ai suivi à chaque étape trois principes essentiels: fonder nos décisions sur des avis scientifiques, s'adapter à l'évolution de la crise, prendre des mesures proportionnées", a assuré le président dans un entretien publié samedi par trois quotidiens italiens.

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