Corse dans la Constitution: le projet du gouvernement déçoit les nationalistes
Pas de mention d'autonomie mais la reconnaissance de "spécificités" qui ouvrent la voie à de futures "dérogations": le projet d...

Corse dans la Constitution: le projet du gouvernement déçoit les nationalistes

Pas de mention d'autonomie mais la reconnaissance de "spécificités" qui ouvrent la voie à de futures "dérogations": le projet d...
Public Sénat

Par Gregory DANEL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Pas de mention d'autonomie mais la reconnaissance de "spécificités" qui ouvrent la voie à de futures "dérogations": le projet d'article dédié à la Corse dans le cadre de la future réforme constitutionnelle suscite la déception et l'inquiétude de l'exécutif nationaliste corse.

Le tandem à la tête de l'exécutif corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, a été reçu lundi matin pendant près de trois heures à Beauvau par Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur. Il s'est vu présenter les grandes lignes du futur article spécifiquement consacré à l'Ile de Beauté, dans le cadre du chantier constitutionnel piloté par Matignon, l'une des rares revendications nationalistes retenues par Emmanuel Macron lors de sa visite en Corse début février.

L'article 72-5 prévoit d'entériner dans la Constitution le statut particulier de la collectivité de Corse créée en 2015. Selon l'entourage de Jacqueline Gourault, il reconnaît également des "spécificités" à la Corse, tant insulaires et géographiques qu'économiques ou sociales. Il ouvre la voie à des "dérogations" dans un cadre prévu par une future loi organique.

Au grand dam des nationalistes mais sans surprise, il n'est pas fait mention d'une "autonomie", une ligne rouge que le gouvernement n'a jamais eu l'intention de franchir.

"La Corse est une île et ils nous l'ont confirmé", a ironisé le président nationaliste de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, qui a fait part de son "inquiétude".

"Nous avons posé des questions précises sur des domaines concrets, notamment dans le domaine de la fiscalité du patrimoine, dans le domaine du foncier et de la dépossession foncière, dans le domaine de la langue. Les réponses données aujourd'hui montrent que ce qui nous est proposé ne nous permettra pas de traiter ces questions concrètes", a exposé M. Talamoni.

- "Très en deçà" -

"On est très en deçà des attentes, très en deçà de ce qui a été validé par l'Assemblée de Corse, très en deçà du moment politique", s'est ému le président de l'exécutif corse, Gilles Simeoni.

Jeux de dupes entre Paris et Ajaccio? Sur le volet constitutionnel corse, le gouvernement joue une partie serrée. La droite, dont l'appui est décisif pour éviter un référendum, est sur ses gardes. Gérard Larcher a notamment prévenu que "le Sénat est extrêmement attaché à la non-fragmentation de la République".

Habitués à souffler le chaud et le froid, les nationalistes ne méconnaissent pas la voie étroite empruntée par le gouvernement. "Nous ne sous-estimons pas la difficulté de l'exercice", avait commenté Gilles Simeoni le 12 mars, après un entretien avec Edouard Philippe.

Pour l'heure, les évolutions institutionnelles de la Corse paraissent similaires à une fusée à plusieurs étages. Si les discussions sont dorénavant censées être closes sur le volet constitutionnel entre les élus nationalistes et la ministre, elles "vont continuer sur la loi organique et la loi ordinaire", selon l'entourage de Mme Gourault.

C'est dans ce cadre que seront définis les "modalités" puis le "périmètre" des futures dérogations attribuées à la collectivité de Corse.

"On donnera la capacité à adapter les lois et règlements dans leurs champs de compétences", souffle-t-on dans l'entourage de la ministre, sans en dévoiler davantage.

Sur la Corse, le gouvernement paraît se donner du temps alors que son agenda sur la réforme constitutionnelle est serré. Edouard Philippe devait remettre ses "conclusions" lundi à Emmanuel Macron sur le projet de réforme des institutions de l'exécutif, avant arbitrages de l'Elysée puis transmission au Conseil d'Etat et une présentation en Conseil des ministres entre mi-avril et début mai.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Corse dans la Constitution: le projet du gouvernement déçoit les nationalistes
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Corse dans la Constitution: le projet du gouvernement déçoit les nationalistes
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le