Corse : « Donner l’impression que l’on donne raison à la violence, c’est totalement irresponsable », tacle David Lisnard

Corse : « Donner l’impression que l’on donne raison à la violence, c’est totalement irresponsable », tacle David Lisnard

Invité de notre matinale, David Lisnard est revenu sur le « problème corse. » Le président de l’Association des maires de France (AMF) salue la réflexion menée sur l’autonomie, mais critique un gouvernement qui « cède à la violence » juste avant des échéances électorales.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Gérald Darmanin déclarait hier soir dans Corse Matin que le gouvernement « était prêt à aller jusqu’à l’autonomie », dans les discussions autour du statut de la Corse qui ont été entamées depuis une vague de manifestations qui ont fait suite à l’agression d’Yvan Colonna en prison. Alors que le ministre de l’Intérieur se rend ce mercredi sur l’île, David Lisnard, président de l’AMF, n’est évidemment pas opposé à ce que, sur le fond, le gouvernement mette « la question de l’autonomie » sur la table : « Je suis pour la décentralisation et la subsidiarité, donc l’évolution du statut de la Corse ne me fait pas peur, même si le Président avait annoncé l’inverse il y a quelques années, mais on a l’habitude. » Par contre, pour David Lisnard, prendre cette décision à la suite d’une poussée de violences sur l’île donne l’impression d’une « prime à la casse » : « Donner l’impression que l’on donne raison à la violence, c’est totalement irresponsable. La négociation se fait au prisme des aspirations des plus violents, qui pourrissent toutes les manifestations, c’est organisé. Le président des maires de Haute-Corse me disait à quel point il était outré par la façon dont on donnait raison à une minorité ultra-violente. »

>> Lire aussi : Agression d’Yvan Colonna : « Cela peut avoir de vraies retombées sur le retour aux cagoules », analyse Xavier Crettiez

« On dit n’importe quoi pour qu’on ne parle plus du problème corse jusqu’aux élections »

Le Président de l’AMF voit dans la position plutôt conciliante du gouvernement une attitude liée aux prochaines échéances électorales : « La volonté d’apaisement pré-électorale de l’exécutif le pousse à céder sous la pression d’une minorité agissante, c’est extrêmement grave. Souvenez-vous, Sébastien Lecornu avait fait pareil en évoquant l’autonomie pour la Guadeloupe, alors que ce sont des questions sérieuses, qui ne peuvent pas être soumises à la violence. » David Lisnard poursuit en évoquant une campagne « atone », mise sous cloche par l’exécutif, et qui ne permettra pas de régler les problèmes du pays : « Je pense que tout est fait pour que le pays reste dans l’atonie civique jusqu’à l’élection présidentielle, dans tous les domaines. Je crois qu’après l’élection présidentielle et législative, il y a un certain nombre de bombes à retardement qui nous mettront face à la réalité : la dette, le déficit du commerce extérieur. »

En gros, le gouvernement essaierait de mettre « le problème corse » sous le tapis en attendant la présidentielle, mais cela pourrait être contre-productif pour le président de l’AMF : « On dit n’importe quoi pour qu’on ne parle plus du problème corse jusqu’aux élections, mais on va dans une spirale qui créée des frustrations. » D’autant plus « qu’en légitimant la violence, le gouvernement délégitime les élus », qui ne pourront donc peut-être plus jouer le rôle d’intermédiaire et de relais sur l’île. Lundi, le sénateur corse Jean-Jacques Panunzi (apparenté LR), comparait la Corse à « une cocotte-minute » sur le point d’exploser. La pression monte.

» Pour en savoir plus : Corse : « Nous avions informé le gouvernement que la cocotte-minute allait exploser », rappelle le sénateur Panunzi

Dans la même thématique

Strasbourg :  public meeting ahead of the European elections-Place Publique- Parti Socialiste
6min

Politique

Européennes 2024 : après le 1er mai, la bataille pour l’hégémonie à gauche se durcit

Quelques mois après la fin de la Nupes, la prise à partie de Raphaël Gluckmann tête de liste socialiste-Place Publique lors d’un rassemblement du 1er mai à Saint-Etienne, relance le débat sur l’existence de « deux gauches irréconciliables ». Entre stratégie électorale et concurrence pour l’électorat de gauche, l’union semble plus lointaine que jamais.

Le