Politique
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Par Public Sénat
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« Est ajouté à la Constitution, un nouvel article ainsi rédigé : la Corse est une collectivité territoriale à statut particulier dotée de l’autonomie ». C’est ce qu’aimerait voir inscrit dans la loi fondamentale, le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, reçu à Matignon ce lundi, avec Jean-Guy Talamoni, le président de l’Assemblée de Corse.
Jeudi dernier, l’Assemblée de Corse a anticipé cette rencontre avec Édouard Philippe en adoptant avec 76% des voix une proposition d’article. « Une expression démocratique et largement majoritaire que le gouvernement va devoir prendre en compte » souhaite Gilles Simeoni avant d’ajouter : « 76% des voix, dont les élus de Andà per dumane (majorité présidentielle), on ne peut pas faire beaucoup mieux ». Au-delà de la mention de « l’autonomie » Corse, l’article permet à la Corse, grâce, à une habilitation permanente, de légiférer dans des domaines tels que « la protection du patrimoine foncier, le statut fiscal, la préservation des particularités linguistiques et culturelles de l’île, le développement économique et social et l’emploi ».
Toutefois, si Jean-Charles Orsucci président du groupe Andà per dumane a validé le « tronc commun » rédactionnel, il propose, pour sa part, la création d’un article 72-5 avec une limitation du transfert de compétence à la langue, le foncier, la fiscalité et le développement économique. « Nous avons fait un effort de construction d’un équilibre » met en avant Gilles Simeoni, raison pour laquelle, il existe deux options (A et B) de cette proposition d’article. Si la reconnaissance du « peuple corse » n’y figure pas, elle a fait l’objet d’une résolution solennelle et symbolique adoptée là aussi à la majorité de l’Assemblée de Corse.
Comme le rappelle le constitutionnaliste, Jean-Philippe Derosier, « du strict point de vue du droit, la place d’un article dans la Constitution ne change strictement rien, il n’y a pas de hiérarchie. Maintenant, il s’agit plus d’une dimension symbolique et politique. L’article 72 traite des collectivités territoriales, l’article 73 des départements et des régions d'outre-mer, l’article 74 des collectivités d'outre-mer… Plus on s’éloigne de la métropole et plus les collectivités bénéficient de compétences larges ».
La balle est maintenant dans le camp du gouvernement. Le Premier ministre présentera ce lundi à 18H30, au tandem exécutif insulaire, la position du gouvernement en ce qui concerne le volet corse de la révision constitutionnelle. Ce matin, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont participé, place Bauveau, à une réunion préparatoire avec la ministre, Jacqueline Gourault. Contacté par Public Sénat, Gilles Simeoni indique ne pas avoir, à ce stade, d’informations supplémentaires. « Nous attendons ce soir ».
En déplacement sur l’île, au début du mois de février, Emmanuel Macron avait assuré qu’il y aurait bien « une mention » de la Corse dans le projet de révision constitutionnelle. Mais, il avait douché les espoirs des nationalistes par son refus d’une co-officialité de la langue corse aux côtés du français, et de la mise en œuvre « d'un statut de résident ».
Du côté du Sénat, assemblée dont le poids est décisif en vue d’une éventuelle réunion du Parlement au Congrès, c’est bien dans le cadre « de l’article 72 et uniquement de l’article 72 » qu’un « droit à la différenciation » de la Corse pourrait voir le jour, avait prévenu fin janvier, Gérard Larcher (voir notre article).
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