Corse: mises en garde et tractations avant la venue d’Edouard Philippe

Corse: mises en garde et tractations avant la venue d’Edouard Philippe

Appel à un "acte 2" des relations avec l'Etat, dénonciation d'un "déni de démocratie" et entretiens téléphoniques: la première visite en Corse d...
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Par Jérémy MAROT

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Appel à un "acte 2" des relations avec l'Etat, dénonciation d'un "déni de démocratie" et entretiens téléphoniques: la première visite en Corse d'Edouard Philippe, mercredi et jeudi, a été précédée lundi d'intenses discussions dans un contexte de tension avec les élus nationalistes.

Alors que le Premier ministre doit poser le pied mercredi en début d'après-midi en Corse, Matignon a dévoilé lundi soir le programme officiel qui fait notamment mention d'une rencontre à Bastia mercredi avec l'autonomiste Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, et l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse.

Une annonce restée longtemps en suspens lundi, jusqu'à un coup de fil décisif entre le Premier ministre et M. Simeoni. Sollicités par l'AFP, ni MM. Simeoni et Talamoni n'ont confirmé leur participation à cet entretien.

Un proche de M. Simeoni avait évoqué plus tôt lundi la possibilité d'une réponse mardi matin, tout en indiquant lundi soir que "la tendance était plutôt à la confirmation de la rencontre".

La question d'une entrevue avec ces leaders nationalistes, qui ont remporté les élections locales de décembre 2017 et dirigent la collectivité territoriale créée au 1er janvier 2018 est au coeur de cette visite.

Les deux hommes avaient refusé de participer en avril à la visite d'Emmanuel Macron à Cozzano, dans le cadre du grand débat, estimant que leurs revendications n'étaient pas entendues. Et si M. Simeoni s'était rendu à Matignon le 2 juillet 2018 pour le dernier tête-à-tête en date avec le Premier ministre - dressant à la sortie un constat de "situation de crise et de blocage" - M. Talamoni avait boudé le rendez-vous.

- "Emancipation" -

"Dès qu'on rompt le dialogue, on fait défaut à la démocratie", a de son côté estimé lundi le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau. "Si les Corses pouvaient sortir de cet étau-là, ce serait une bonne chose", a-t-il insisté sur le plateau d'Audition Publique (LCP-Public Sénat-AFP-Le Figaro).

En coulisses, les entourages de MM. Simeoni et Talamoni ironisaient sur les visites à Ajaccio et Propriano (Corse-du-Sud), où les maires ne sont "pas favorables" à la majorité nationaliste, et une participation possible aux "assises de l'urbanisme" à Ponte-Leccia, "auxquelles on n'est pas associé".

Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni le 3 avril 2019 à Ajaccio
Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni le 3 avril 2019 à Ajaccio
AFP

Les leaders nationalistes réclament notamment l'inscription de la Corse dans la Constitution, la co-officialité de la langue corse, la création d'un statut de résident et le rapprochement des prisonniers corses.

"Mais notre disponibilité pour le dialogue ne s'arrête pas à ces revendications fondamentales", a plaidé jeudi M. Simeoni devant l'Assemblée de Corse en énumérant "toutes les questions qui conditionnent la vie des Corses au quotidien, qu'il s'agisse du social (…), de l'urbanisme (…) des déchets, du statut fiscal, de l'énergie, de la santé".

"Au moment où je parle, il n'y a rien qui nous permette de dire que le Premier ministre inscrira sa venue dans l'île dans la recherche d'un acte 2 des relations entre la Corse et l'Etat", a-t-il encore souligné.

"La Corse a envoyé le signal fort que plus rien ne serait comme avant et veut s'avancer (...) sur un chemin qui est celui de l'émancipation", a ajouté M. Simeoni samedi devant ses militants du parti Femu a Corsica. "L'Etat français doit entendre ce message et doit le prendre en compte. Ecoutez-le, M. le Premier ministre", avait-il encore lancé.

Dans la perspective de la venue de M. Philippe, le mouvement Corsica Libera de M. Talamoni a dénoncé lundi le "désengagement total de l'actuel gouvernement" et son "refus de toute forme de dialogue entre la France et la Corse", déplorant un "déni de démocratie".

Il a aussi fustigé le "zèle administratif" de l'Etat, épinglant le "corps préfectoral", alors que sur plusieurs dossiers (notamment l'installation de la fibre internet) le climat reste tendu entre les élus nationalistes et la préfète de Corse Josyane Chevalier.

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