Corse: une réunion “constructive” à Paris malgré la garde à vue de Charles Pieri
L'ex-leader du FLNC Charles Pieri a passé la journée de mardi en garde à vue dans l'enquête sur des injures visant la veuve du préfet Erignac,...
Par Maureen COFFLARD à Ajaccio avec Pauline TALAGRAND à Paris
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L'ex-leader du FLNC Charles Pieri a passé la journée de mardi en garde à vue dans l'enquête sur des injures visant la veuve du préfet Erignac, une affaire qui n'a pas empêché la tenue d'une réunion "constructive" à Paris sur la Corse, une semaine après la visite tendue d'Emmanuel Macron.
Convoqué à 10H00 à la gendarmerie de Ghisonaccia (Haute-Corse), Charles Pieri a été immédiatement placé en garde à vue et est ressorti libre vers 19H00. Figure du nationalisme en Corse, symbole des années de violence politique qui ont marqué l'île, il a été entendu dans le cadre d'une enquête ouverte sur un message injurieux envers la veuve du préfet Erignac publié sur un compte Facebook qui lui était attribué.
Charles Pieri, ex leader du FLNC lors d'une manifestation à Ajaccio le 3 février 2018
AFP/Archives
S'il est bien le "titulaire" de ce compte, selon les données fournies par Facebook, Charles Pieri a "refusé de s'expliquer", a déclaré dans un communiqué le procureur d'Ajaccio Eric Bouillard, responsable de l'enquête ouverte pour "injures". Une perquisition a eu lieu dans l'après-midi au domicile de Charles Pieri, où son matériel informatique a été saisi. L'ancien leader du FLNC, aujourd'hui membre des instances dirigeantes de Corsica Libera, le parti du président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, devrait être à nouveau convoqué dans les prochains jours quand ces éléments auront été analysés, selon des sources proches du dossier.
Publié dans la nuit du 6 au 7 février, après la cérémonie d'hommage au préfet Erignac organisée en présence d'Emmanuel Macron, et quelques heures avant que le chef de l'Etat ne douche nombre des attentes des nationalistes dans un discours prononcé à Bastia, le message Facebook au coeur de l'enquête comparait notamment la veuve du préfet aux femmes françaises ayant eu des relations sexuelles avec des soldats allemands pendant la Seconde guerre mondiale.
Le placement en garde à vue de Charles Pieri est intervenu au même moment qu'une réunion à Paris, sous l'égide de la "Mme Corse" du gouvernement Jacqueline Gourault et en présence des dirigeants nationalistes de l'île, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni. Les deux hommes avaient évoqué après la visite d'Emmanuel Macron en Corse une "occasion manquée" et des annonces présidentielles "très en-deçà des attentes et des enjeux".
- 'Déclaration immonde' -
Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, et Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des Territoires, à l'Elysée, le 8 février 2018
AFP/Archives
Mais mardi, le ton a franchement changé, et Mme Gourault s'est félicitée du "climat constructif" des discussions du jour, et a ouvert la voie à des avancées pour permettre aux institutions corses d'adapter des textes législatifs ou réglementaires à la situation insulaire.
Gilles Simeoni a lui aussi salué "une avancée très importante" et, tout en se disant "prudent, car les discussions vont encore être longues", Jean-Guy Talamoni a de son côté estimé que "les choses (s'étaient) déroulées de manière un peu plus satisfaisante" que lors du déplacement présidentiel.
Si elle a assuré après la réunion que le placement en garde à vue de M. Pieri n'avait eu aucune incidence sur les discussions, Mme Gourault avait réagi dans la matinée sur CNews, déplorant une "déclaration immonde, abjecte". Saluant la réaction "rapide, claire et nette" de Gilles Simeoni, elle avait en revanche jugé "inquiétant" que M. Pieri, figure de la violence politique dans l'île, reprenne un rôle de premier ordre "dans le parti de Jean-Guy Talamoni".
Dans une rare interview accordée à Corse-Matin, Charles Pieri avait annoncé avant la visite d'Emmanuel Macron en Corse "reprendre une place de responsable dans l'exécutif" de Corsica Libera. Il avait ensuite participé à la manifestation nationaliste du 3 février, juste avant la visite du chef de l'Etat, faisant ainsi ressurgir ce que le politologue Xavier Crettiez décrit comme "le mythe de la cagoule".
Interrogé par l'AFP lors de cette manifestation sur le retour au premier plan de M. Pieri au sein des instances dirigeantes de Corsica Libera, M. Talamoni avait jugé que sa présence était "dans l'ordre des choses", assurant que "Charles Pieri a toujours fait partie de Corsica Libera".
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