La bâtonnière de Paris Marie-Aimée Peyron a ouvert une procédure disciplinaire contre le sulfureux avocat Robert Bourgi pour ses déclarations dans des documentaires consacrés à la chute de l'ex-candidat à la présidentielle François Fillon, a-t-on appris mercredi.
"J'ai décidé d'ouvrir une procédure disciplinaire pour manquement aux principes essentiels de la profession d'avocat", a déclaré à l'AFP Marie-Aimée Peyron, confirmant une information de l'Express. Cette procédure vise "les propos violemment hostiles et insultants" que Robert Bourgi a tenus dans deux documentaires sur François Fillon, diffusés fin janvier et début février sur BFMTV et France 5.
L'avocat, figure des réseaux de la "Françafrique", revient sur son cadeau empoisonné à François Fillon, les fameux costumes Arnys, d'une valeur de 13.000 euros. Cette affaire avait jeté un peu plus l'opprobre sur le candidat de la droite, alors déjà englué dans le "Penelopegate".
Robert Bourgi explique qu'il a "préparé (son) coup". "Nicolas Sarkozy me dit +Ça va Robert? Je te trouve bizarre ?+ (...) Et j'ai eu cette phrase, j'ai dit: +Je vais le niquer. Il ne s’en remettra pas+".
La veille de la révélation de l'affaire des costumes par le JDD, le 11 mars 2017, François Fillon appelle Robert Bourgi, lequel dément être l'auteur de la fuite.
"Je sais mentir quand il le faut. Je savais que l'homme était déjà atteint. Il était terrorisé", raconte l'avocat. "Anne Méaux (communicante de Fillon, NDLR) me dit +François est dans tous ses états. Mais c'est... C'est la fin de François !+... +Est-ce qu'il n'est pas possible d'arrêter le JDD?+, lui dis-je, de manière fourbe - faut être fourbe quelquefois."
"Nous sommes avocats, il nous appartient de respecter les principes d'honneur, de dignité, de délicatesse, de modération et de courtoisie", a réagi la bâtonnière. "Le fait que le documentaire soit tourné dans son cabinet d'avocat montre qu'il s'exprime es qualité d'avocat", a-t-elle poursuivi.
Robert Bourgi devrait donc bientôt rendre des comptes devant ses pairs, les avocats du barreau de Paris.
Un instructeur va être désigné puis l'affaire sera renvoyée devant une formation disciplinaire. Les sanctions vont de l'avertissement à la radiation, en passant par le blâme et la suspension temporaire d'activité.
Or Robert Bourgi est en récidive. Selon l'Express, il a déjà été condamné en 2012 à une interdiction d'exercer de 2 ans dont 6 mois ferme, après une interview au JDD où il assurait avoir "participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris".
La sanction devrait être prononcée d'ici à la fin de l'année.