Coup d’envoi des débats sur la réforme de l’accès à l’université à l’Assemblée
L'Assemblée a lancé mardi les débats sur les nouvelles règles d'accès à l'université, une "réforme de progrès", selon le...

Coup d’envoi des débats sur la réforme de l’accès à l’université à l’Assemblée

L'Assemblée a lancé mardi les débats sur les nouvelles règles d'accès à l'université, une "réforme de progrès", selon le...
Public Sénat

Par Charlotte HILL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

L'Assemblée a lancé mardi les débats sur les nouvelles règles d'accès à l'université, une "réforme de progrès", selon le gouvernement, mais qui "manque de souffle" pour la droite et revient à instaurer une "sélection" pour la gauche.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a défendu un "objectif très simple" avec ce projet qui vise notamment à supprimer le tirage au sort dans les filières en tension dès 2018 et réduire le taux d'échec en licence (61%): placer les étudiants "au centre" de l'orientation, avec pour "seule boussole" leur réussite.

La nouvelle plateforme Parcoursup, qui doit remplacer sous peu la controversée APB, permettra de passer d'un "traitement de masse" par algorithme à "un principe simple et juste", a-t-elle affirmé. Chaque université traitera la demande d'inscription de manière personnalisée et répondra au vu des "attendus", compétences requises pour être admis dans la filière souhaitée.

Ces "attendus", publiés mardi par le ministère au niveau national, sont appelés à être précisés par chaque université selon ses spécificités.

Leur "cadrage national" prévu par les députés en commission, vise notamment à éviter la compétition entre établissements et les inégalités sociales, en exigeant par exemple des prérequis coûteux comme le Bafa, a expliqué à l'AFP le rapporteur Gabriel Attal (LREM). L'ensemble des établissements devront être sur la plateforme d'ici à 2020.

Traduction législative du plan étudiant présenté en octobre, la réforme, qui passe aussi par une orientation renforcée au lycée, est assortie d'un financement de près d'un milliard d'euros sur la législature, un "investissement exceptionnel", selon Mme Vidal.

- 'Baisser les bras' -

Le texte, qui fera l'objet d'un vote solennel en première lecture le 19 décembre, n'a jusqu'à présent pas suscité de fortes mobilisations. Mardi, une quarantaine de personnes se sont réunies non loin de l'Assemblée, avec des drapeaux CGT, Unef, FO-Paris, Snesup (syndicat FSU de l'enseignement supérieur). Une représentante du Snesup a reconnu que décembre, "mois des conseils de classe", rendait "difficile de mobiliser les professeurs", mais évoqué "un travail de terrain" en cours pour convaincre.

A l'Assemblée, le projet a le soutien des députés LREM et MoDem pour qui il est "équilibré" et "nécessaire", les UDI-Agir jugeant aussi qu'il va "dans le bon sens".

Le groupe LR, pour qui "+sélection+ n'est pas un gros mot" et peut "rimer avec qualité", a déploré à l'inverse un "manque de vision et un manque de souffle". Cette réforme est "tout sauf sélective" puisqu'elle permet à l'étudiant "d'avoir le dernier mot", a observé Annie Genevard, professeur du secondaire de profession.

A gauche, le texte est aussi fortement critiqué comme instaurant une sélection qui va accentuer "les inégalités".

A l'instar de la communiste Elsa Faucillon, des élus ont estimé que le gouvernement "baisse les bras" face à l'afflux attendu d'étudiants lié à la reprise démographique. Il faudrait davantage de moyens, "entre 500 millions d'euros et un milliard chaque année", selon Régis Juanico (Nouvelle Gauche).

Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui fut ministre délégué à l'Enseignement supérieur, a aussi dénoncé un ajustement du "nombre d'étudiants au nombre de places disponibles" alors qu'il faudrait "faire exactement l'inverse". Il avait fustigé en amont une "loi qui barricade l'université" et "prépare une déflagration d'inégalités".

"Certains observent aujourd'hui que le projet de loi masquerait une sélection qui ne dit pas son nom. D'autres regrettent au contraire que la majorité n'ait pas fait le choix de la sélection. Aux débats sémantiques, je préfère les faits: non, notre choix n'est pas de fermer les portes" de l'université, a plaidé de son côté le rapporteur.

Les députés ont engagé dans la soirée les discussions sur le volet phare du texte, l'article 1 qui définit les nouvelles modalités d'affectation dans le supérieur, Communistes et Insoumis tentant en vain de le supprimer.

Seul un amendement MoDem a été adopté pour prévoir "un principe de continuité entre l'enseignement secondaire et le supérieur" en matière d'orientation. 200 amendements restaient à examiner d'ici à jeudi.

Partager cet article

Dans la même thématique

Documentaire Paris le mystère du palais disparu de Stéphane Jacques
5min

Politique

Paris, le mystère d’un palais disparu

Les promeneurs, touristes ou Parisiens qui déambulent sur le parvis de Notre-Dame, s’imaginent-ils qu’à quelques pas de là se dressait au Moyen Âge, l’une des plus somptueuses résidences d’Europe ? Et surtout, comment, six siècles plus tard, le tout premier palais de nos rois, bâti sur l’île de la Cité, au beau milieu de la capitale, a-t-il pu devenir ce fantôme de l’Histoire ? Dans son documentaire Le mystère du palais disparu, Stéphane Jacques retrace l’enquête menée par un trio de scientifiques spécialistes de la reconstitution numérique.

Le

Mericourt: Emmanuel Macron meets with  readers of the Ebra group,
11min

Politique

Face aux fake news, comment l’Elysée a opéré un « virage » dans sa communication

Suite aux « fausses informations » relayées sur le sujet de la « labellisation » des médias, l’Elysée a décidé de vite les démentir, via une vidéo sur X. Une nouvelle stratégie de communication, à l’œuvre depuis quelques mois, déjà observée lors d’une prétendue prise de cocaïne par Emmanuel Macron. Lui-même « victime » des affres des réseaux avec l’infox Jean-Michel Trogneux, il est d’autant plus sensibilisé à cet enjeu démocratique.

Le