Covid-19: « Il faut baisser durablement les loyers commerciaux »
Auditionnés par la délégation aux entreprises du Sénat, le président et le vice-président du conseil national des administrateurs judiciaires ont constaté depuis le début de la crise une chute du nombre d’entreprises placées sous contrôle judiciaire. Pour aider les entreprises à faire face à la crise, ils proposent de baisser les loyers commerciaux et permettre à ceux qui déposent le bilan de racheter leur activité.

Covid-19: « Il faut baisser durablement les loyers commerciaux »

Auditionnés par la délégation aux entreprises du Sénat, le président et le vice-président du conseil national des administrateurs judiciaires ont constaté depuis le début de la crise une chute du nombre d’entreprises placées sous contrôle judiciaire. Pour aider les entreprises à faire face à la crise, ils proposent de baisser les loyers commerciaux et permettre à ceux qui déposent le bilan de racheter leur activité.
Public Sénat

Par Cécile Sixou

Temps de lecture :

4 min

Publié le

C’est un des effets du confinement, très peu d’entreprises ont été placées sous contrôle judiciaire ces dernières semaines. « Normalement, il y a chaque semaine 1 000 entreprises sous procédures collectives, la semaine dernière il n’y en a eu que 73 » confirme Christophe Basse, président du conseil national des administrateurs judiciaires (CNAJ). Pas de « vague » donc pour le moment, analyse Frédéric Abitbol, vice-président du conseil, « les chiffres sont même très en retrait ». Et, les projections pour les mois à venir ne sont pas mauvaises comparées à celles des autres pays européens ou aux États-Unis. « La France est un des pays qui semble résister le mieux en nombre de défaillances ». Une solidité que Christophe Basse explique par la méthode française, « nous sommes un des rares pays protecteurs, le contrôle judiciaire à la française vise à sauver les entreprises, à l’étranger, l’objectif c’est de protéger les créanciers ». Si Christophe Basse admet que les outils pour venir en aide aux entreprises sont complets, il a fait des propositions au gouvernement pour faire face à la crise et accélérer et simplifier les contrôles judiciaires.
 

Les bailleurs doivent baisser les loyers commerciaux 

« Pourquoi quand un magasin est fermé c’est à l’entreprise d’assumer 100 % de la perte ? », s’interroge Frédéric Abitbol, « et pourquoi pas le propriétaire ? ». Pour le vice-président du conseil des administrateurs judiciaires, il faut que les bailleurs, ceux qui louent les locaux, participent aux pertes des commerçants en baissant les loyers. Selon lui, ce que proposent les propriétaires fonciers face à la crise du covid, n’est pas suffisant, « ils proposent de décaler des paiements ». Mais pour Frédéric Abitbol, « il faut qu’ils prennent leur part de l’effort ». Pour ça, il propose une « baisse massive et durable » des niveaux de loyer pour s’adapter à la réalité de ce que vivent les entreprises. « Depuis 10 ans les magasins de centre-ville ont perdu 12 % de leur chiffre d’affaires avec la concurrence de la vente sur internet ». Il estime qu’avec le Covid, la vente en ligne pourrait exploser même après un retour à la normale et mettre encore plus les commerçants sur la paille. « Les loyers sont déjà trop chers, les commerçants ne pourront plus payer ». Résultat, beaucoup de commerces vont fermer « et rester vides » et « quand les bailleurs auront compris qu’il faut baisser les prix, on aura détruit des milliers de PME ».

« Le chef d’entreprise n’a pas été mauvais » 

Frédéric Abitbol propose également, en cas de dépôt de bilan à cause du covid que le repreneur de l’entreprise puisse être celui qui l’a cédé. « Il y a en droit français une interdiction de principe qui dit on peut faire un plan de cession qui ne soit pas au profit du même dirigeant. Nous, on a fait une proposition qui viserait à l’autoriser ». Car selon lui, la crise du Covid est une situation particulière où, si le chef d’entreprise ne peut pas payer ses dettes, c’est parce qu’on lui a interdit de travailler. « On n’est pas dans le cas où le chef d’entreprise a été mauvais, il n’a pas fait de mauvais choix de gestion, il n’a pas déposé le bilan parce que la cuisine est mauvaise dans son restaurant ou que son hôtel est sale ». Le motif de la « morale des affaires » ne peut pas être utilisé dans ce cas, estime Frédéric Abitbol, il faut selon lui, « autoriser ces gens-là à racheter leur propre entreprise, à la redévelopper en partant d’une page blanche et en sacrifiant les créanciers ». Concrètement ses dettes seront gelées et il pourra repartir d’une page blanche, une mesure « qui sera réservée à cette période de crise » précise Frédéric Abitbol.

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Covid-19: « Il faut baisser durablement les loyers commerciaux »
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le