Que pense l’ancien ministre de la Santé (de 2005 à 2007, puis de 2010 à 2012) Xavier Bertrand de la montée en puissance dans la pandémie de Covid-19 du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), un service du Premier ministre, et du Conseil de défense, dans la prise de décision ? La question lui était posée ce 22 septembre par l’un des rapporteurs de la commission d’enquête du Sénat sur la gestion des pandémies, Bernard Jomier (apparenté PS). « Une ancienne ministre de la Santé nous a dit un peu crûment que c’était surtout une réunion pour que le chef de l’État puisse assister aux réunions. »
L’ancien ministre a livré son point de vue avec sarcasme. « Le Haut conseil de défense, c’est ce qui est en train de remplacer le Conseil des ministres, en ce moment, c’est ça ? » Avant de se montrer critique sur ce glissement institutionnel. « Il y a une évolution constitutionnelle, politique… Je ne vais pas en dire plus mais ça donne le sentiment que le Conseil des ministres n’est plus là et que c’est maintenant le Haut conseil de défense qui décide de tout. Vous avez compris mon point de vue. Il y a des institutions, il y a des instances : les respecter c’est mieux. »
Lors de son audition à l’Assemblée nationale le 2 juillet dernier, Xavier Bertrand avait déjà jugé d’un œil réprobateur l’action du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale, qui avait opéré en 2013 un changement de doctrine sur la constitution des stocks de masques. « Je vais être très clair : ce n’est pas le ministère de la santé qui a élaboré cette doctrine, mais le SGDSN, qui est rattaché à Matignon », avait expliqué devant la représentation nationale, mettant en cause un « délitement de la responsabilité ».