La Haute autorité de santé (HAS) doit remettre son avis dans une dizaine de jours sur l’élargissement de la vaccination des enfants, en dessous de l’âge de douze ans. Elle n’est actuellement recommandée que pour ceux qui risquent de développer une forme grave du covid-19. Les pédiatres sont divisés. « Il y a une discussion actuelle qui n’est pas totalement réglée », observe Jean-François Delfraissy. Le président du Conseil scientifique était entendu ce 8 décembre par la commission des affaires sociales du Sénat, en pleine montée de la cinquième vague de l’épidémie en France.
En cas de feu vert de la HAS, le professeur a annoncé quelle serait sa position. « Le Conseil scientifique, si l’indication de vaccination chez l’enfant est retenue, souhaite qu’elle ne soit pas obligatoire et qu’elle ne fasse pas l’objet d’un passe sanitaire enfant. » Et d’avertir : « Ce serait la meilleure façon de faire fuir les gens contre le vaccin. Il va falloir faire un travail avec les associations familiales […] Les personnels de santé doivent être convaincants, si eux-mêmes sont convaincus. On peut avoir une recommandation avec une acceptabilité. »
Selon Jean-François Delfraissy, « il y a quelques cas d’hospitalisations chez l’enfant qui surviennent, en particulier dans le Grand Est ».
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Ce lundi, Jean Castex a annoncé qu’il espérait pouvoir ouvrir la vaccination « à tous les enfants sur la base du volontariat » d’ici « la fin de l’année si possible ». Aux États-Unis, la campagne de vaccination des 5-11 ans a commencé début novembre. En Europe, l’Italie a par exemple donné son feu vert.
« On ira peut-être vers un dépistage systématique à la rentrée de janvier »
Ces derniers mois, Jean-François Delfraissy s’est prononcé à plusieurs reprises contre une obligation vaccinale contre le covid-19 dans la population générale. Le scientifique doute que cette idée puisse améliorer la couverture vaccinale, notamment chez les patients les plus âgés. Selon lui, 300 000 à 400 000 Français de plus de 80 ans ne seraient toujours pas vaccinés. « C’est extrêmement difficile. Quand vous avez une vieille dame qui vit seule, qui dit je ne vois personne, je n’ai pas envie de me faire vacciner… J’entends parfois qu’il faudrait la vaccination obligatoire, mais au nom de quoi ? On va lui envoyer la force pour la vacciner ? Non. Restons dans l’humanité. »
En amont de la rentrée scolaire de septembre, le Conseil scientifique avait recommandé la mise en place de dépistages systématiques dans les écoles, mais n’avait été suivi par le ministère de l’Éducation nationale. « On ira peut-être vers un dépistage systématique à la rentrée de janvier, compte tenu de ce qui était prévisible, c’est-à-dire de l’explosion de l’infection dans cette tranche d’âge là. »
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