Auditionné ce 16 septembre par la commission d’enquête du Sénat sur l'évaluation des politiques publiques face aux pandémies, le professeur Franck Chauvin s’est montré inquiet des opinions qui prennent le pas sur le raisonnement scientifique, selon lui. Sans qu'il ne soit nommé, le professeur Didier Raoult a été visé par les critiques.
Covid-19 : le président du Haut conseil de la santé publique dénonce le « populisme scientifique »
Auditionné ce 16 septembre par la commission d’enquête du Sénat sur l'évaluation des politiques publiques face aux pandémies, le professeur Franck Chauvin s’est montré inquiet des opinions qui prennent le pas sur le raisonnement scientifique, selon lui. Sans qu'il ne soit nommé, le professeur Didier Raoult a été visé par les critiques.
Il le reconnaît lui-même : il est « peu intervenu dans les médias ». Personnalité discrète, le professeur Franck Chauvin, à la tête du Haut conseil de santé publique (HCSP) ne s’est pas privé de tirer ce 16 septembre au Sénat, devant la commission d’enquête sur la gestion des pandémies, sur l’un des phénomènes importants de la crise actuelle, qui a compliqué la tâche des experts épaulant les décideurs politiques : la « polémique spectacle ». « Ce que nous avons beaucoup entendu dans cette crise, c’est beaucoup d’opinions », a-t-il reproché.
Par un contraste sans doute voulu, Franck Chauvin a rappelé que les avis émis par son instance étaient élaborés « collégialement ». Signe du besoin d’expertise sanitaire nécessaire aux pouvoirs publics dans cette période, le HCSP a été saisi 90 fois par le ministère de la Santé ou encore la mission Castex qui planchait sur le déconfinement, et a produit plus d’une centaine d’avis.
« On a vu que le nombre de followers sur Twitter l’emportait sur l’expertise scientifique »
Dans cette période particulière, marquée par l’irruption du « populisme scientifique » qui « consiste à présenter les faits de façon à ce qu’ils confortent une opinion qu’on estime être majoritaire », selon ses termes, le HCSP a décidé de ne pas alimenter la controverse. Il a même fait état de « pressions » après la publication d’avis, sur Internet. « Au bout d’un moment, la décision qu’on a prise, c’est d’arrêter de communiquer. Dans ce contexte, la communication nous semblait plus délétère que bénéfique », a expliqué le professeur Chauvin, devant la commission d’enquête, outré que « le nombre de followers sur Twitter l’emporte sur l’expertise scientifique ».
Son nom n’est jamais cité, mais on devine que le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, comptant près de 700.000 abonnés sur Twitter, est particulièrement visé pour ses déclarations de février. « Je me souviens d’interventions sur les plateaux de quelqu’un qui disait c’est une grippette. On a quand comparé cette épidémie en disant que ça ne ferait pas plus d’accidents que les accidents de trottinette. Et les vidéos sont disponibles. Et l’on peut se poser la question de savoir comment des chaînes d’information continuent à inviter des gens qui ont dit, par exemple : il n’y aura pas de deuxième vague ! »
« Pourquoi le pays de Pasteur est devenu le pays le plus réticent à la vaccination des pays de l’OCDE ? »
Pour le professeur Chauvin, le phénomène en question avait déjà été identifié en 2009. L’année de la grippe A. Il est allé plus loin en s’indignant de la montée du discours anti-vaccin. « On peut s’interroger : pourquoi le pays de Pasteur est devenu le pays le plus réticent à la vaccination des pays de l’OCDE ? Pourquoi le pays de Descartes et de Claude Bernard a complètement oublié pendant cette crise qu’il existait une démarche expérimentale pour prouver des intuitions ou des hypothèses et qu’on a préféré remplacer ça par une utilisation des faits pour essayer de démontrer que les opinions étaient justes. »
Du point de vue de son propre retour d’expérience, le président du Haut conseil pour la santé publique – rappelant au passage qu’il avait été « élu par ses pairs » – affirme que son « instance de conseil » s’était illustrée par une stabilité de sa doctrine, notamment sur l’utilité du masque en période de pandémie. « Nous avions rédigé un avis en 2011. Je l’ai relu hier soir, je ne vois pas ce qu’on pouvait rajouter à l’époque. La stratégie globale en termes de doctrines a été relativement stable. En revanche, il y a eu des incertitudes et des questionnements », a-t-il exposé, faisant notamment référence à la transmission du virus par l’aérosolisation.
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