Covid-19 : « On a trouvé trop de personnes âgées décédées chez elles »
Les professionnels et associations au service des personnes âgées ont été auditionnés ce mardi devant la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise du coronavirus. Ils dénoncent de nombreux dysfonctionnements. 

Covid-19 : « On a trouvé trop de personnes âgées décédées chez elles »

Les professionnels et associations au service des personnes âgées ont été auditionnés ce mardi devant la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise du coronavirus. Ils dénoncent de nombreux dysfonctionnements. 
Alexandre Poussart

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La commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise du coronavirus a repris ses travaux ce mardi en auditionnant les professionnels et associations au service des personnes âgées. Ces derniers ont raconté le lourd calvaire vécu par les aînés dépendants en établissements ou à domicile. 

Le drame des personnes âgées isolées à domicile 

Devant les sénateurs, les acteurs de la prise en charge à domicile ont dénoncé l’isolement des aînés pendant la période du confinement. « On a trouvé beaucoup trop de personnes âgées décédées chez elles parce qu’elles n’avaient pas mangé ou pas bu », raconte Joëlle Martinaux, présidente de l’union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (Unccas). « Rien ne justifie qu'on mette en isolement total des personnes très âgées. » Les professionnels du secteur décrivent le syndrome du glissement : des personnes, autonomes avant la crise, sont devenues dépendantes à cause du confinement et du manque de visites de leurs proches. De plus, « les aidants à domicile ne pouvaient pas se fournir en masques car ils n’étaient pas soignants », souligne Clémentine Cabrières, à la tête de l’association française des aidants. 

Ehpad : les directeurs dénoncent un manque d’information de l’Etat

Covid-19 : les directeurs d'Ehpad dénoncent le manque d'information de l'Etat au début de la crise
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Dans les Ehpad, le bilan est tout aussi négatif, avec actuellement 14 000 personnes décédées depuis le début de l’épidémie. Les représentants de directeurs d’établissements ont dénoncé un manque d’information de la part des autorités sanitaires, notamment au début de la crise. « Début février, nous avons écrit à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, pour avoir des informations sur les protocoles sanitaires. Nous n’avons eu aucune réponse pendant un mois », explique Florence Arnaiz-Maumé, Déléguée général du SYNERPA, syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées. « Olivier Véran nous a réunis enfin le 3 mars. Au final, nous avons pu mettre en place tous les protocoles mais toujours avec 3 semaines de retard. »

La crise a exacerbé le manque de moyens des Ehpad

Au plus fort de la crise, certains résidents ont été victimes de dénutrition dans les établissements en manque d’effectifs, car les mesures sanitaires prenaient plus de temps au personnel comme le service de restauration en chambre et non en réfectoire. Cette épidémie a soulevé le manque de moyens dont souffre le secteur.  « On ne peut pas faire abstraction de la situation avant Covid. Nos Ehpad manquent de professionnels. Ils faut plus de professionnels, mieux rémunérés et organisés différemment », a martelé, face aux sénateurs, Jean-Pierre Riso, président de la fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa). 

Un défi auquel devra répondre le prochain projet de loi contre la dépendance présentée d’ici à la fin de l’année.

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