Covid-19 : un maire sur deux estime avoir été mal associé dans la gestion de la crise, selon une étude du Cevipof
Comment les maires ont-ils fait vécu la crise sanitaire ? Comment voient-ils leur rôle ou leurs marges de manœuvre financière ? Une étude du Cevipof en partenariat avec l’AMF, dresse une photographie des maires dans cette période particulière, qui les a mis à rude épreuve.

Covid-19 : un maire sur deux estime avoir été mal associé dans la gestion de la crise, selon une étude du Cevipof

Comment les maires ont-ils fait vécu la crise sanitaire ? Comment voient-ils leur rôle ou leurs marges de manœuvre financière ? Une étude du Cevipof en partenariat avec l’AMF, dresse une photographie des maires dans cette période particulière, qui les a mis à rude épreuve.
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Comment se portent les maires en octobre 2020 ? À l’image de la population, l’élu de proximité est en proie à une situation déroute, et se sent souvent bien seul dans la gestion de la crise sanitaire. La troisième enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité, menée par le Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) en partenariat avec l’AMF (Association des maires de France) prend une tournure inédite cette année avec les évènements que la France connaît depuis le printemps. Le questionnaire adressé à plus de 33 000 maires, révèle l’état d’esprit de ces édiles, grâce à plus de 4 700 réponses complètes.

Souvent qualifiés d’acteurs en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire, les maires dressent un constat négatif de leurs relations avec l’État et de l’organisation centralisée. Ils sont 48 % à estimer avoir été mal associés dans la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire, contre 40 % estimant avoir été bien associés (12 % n’étaient pas en responsabilité au printemps). Le fossé se creuse même davantage dans les communes de taille intermédiaire (1 000 à 9 000 habitants), avec seulement 26 % des maires qui considèrent que la coordination avec les services de l’État a été fluide.

L'association des maires pendant la crise du Covid-19

Les maires satisfaits de leurs relations avec les préfets, mais pas avec les ARS

Les sources de mécontentement sont multiples, et variables d’un élu à un autre, mais un motif d’insatisfaction est partagé majoritairement (à 51 %) : le manque de direction et de cohérence de la part de l’État. Le professeur Didier Pittet, dans son rapport d’étape de la mission indépendante d’évaluation de la crise, mettait notamment en évidence les défauts de coordination entre les services d’État et les agences régionales de santé (ARS). D’ailleurs, l’un et l’autre ne sont pas perçus de la même manière dans les mairies. Le désormais célèbre couple « maire-préfet » semble fonctionner dans près de deux tiers des cas. Les maires sont 64 % à estimer que leurs relations avec les préfets ont été efficaces. En revanche, ils ne sont plus que 40 % à exprimer un satisfecit dans leurs relations de travail avec les ARS.

Les problèmes auxquels ont fait face les maires pendant la crise du Covid-19

De manière générale, les maires attribuent une note très sévère à l’action que le gouvernement a mené vis-à-vis des collectivités : 8 sur 20 en moyenne. Ils sont plus d’un quart à avoir dressé un 5/20 à l’exécutif. L’étude de Martial Foucault pour le Cevipof confirme ce que le Sénat avait déjà mis en lumière dans un rapport de juillet 2020, sur les premiers enseignements de la crise. Jean-Marie Bockel (Union centriste) et Eric Kerrouche (PS) écrivaient : « Les élus locaux ont regretté les défaillances organisationnelles de l’État au plus haut niveau. Les maires n’ont pu disposer d’informations claires et cohérentes que tardivement, parfois par les médias, alors qu’ils étaient en première ligne pour répondre aux interrogations de leurs concitoyens. »

Relations Etat-collectivités : les maires notent le gouvernement

« Les citoyens ont l’impression de voter là où cela ne compte pas, et ne votent pas là où cela compte »

Selon Martial Foucault, « faire vivre la démocratie locale dans un pays centralisé suppose de restaurer le sens de la responsabilité politique en autorisant le partage de certaines compétences d’action publique ». Après des municipales marquées par une participation historiquement faible (44,6 %), le chercheur souligne que la question des compétences est fondamentale dans le malaise ressenti par les maires.

« Aujourd’hui, les gens votent directement au niveau communal, mais ils apprennent ensuite que des compétences partent là où leur maire leur dit qu’il n’a pas ou plus la main. Cela produit des désillusions démocratiques considérables car les citoyens ont l’impression de voter là où cela ne compte pas, et ne votent pas là où cela compte », explique le chercheur.

9 % s’inquiètent de la légitimité de leur élection

La faible participation électorale à ce scrutin coupé en deux par une interruption due à la crise sanitaire, est accueillie avec inquiétude chez 55 % des maires ayant répondu à l’étude. Pour 46 % des maires interrogés, cet étiage traduit même un phénomène « profond de désintérêt politique ». Mais seulement 9 % s’inquiètent de la légitimité de leur élection après ce scrutin particulier.

En période de crise économique, une majorité de maires s’inquiète également sur la part du plan de relance de 100 milliards d’euros qui reviendra aux collectivités locales l’an prochain. L’incertitude économique inquiète bon nombre d’entre eux, notamment sur la baisse potentielle des revenus tirés de la fiscalité locale.

La situation financière des communes

L’étude s’est par ailleurs penchée sur ces maires confrontés aux faits de violence, symbolique ou physique, 15 mois après la mort du maire de Signes (Var), dans le cadre de ses fonctions. Comme l’avait mis en évidence un rapport du Sénat conduit l’an dernier, toutes les communes sont touchées « quelle que soit leur population » par le phénomène. L’exposition aux formes d’incivilité peut même parfois s’immiscer dans la sphère privée. 11 % des maires déclarent que leur famille ou leurs proches ont également été victimes des mêmes agissements. Quant aux malveillances au sein de la commune (dépôts de gravats, abandon d’ordures), 68 % des répondants ont souligné qu’elles n’étaient pas nouvelles, 17 % qu’elles avaient fait leur apparition dans leur commune contre 7 % déclarant qu’elles étaient en recul.

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