Son adoption ne faisait aucun doute. La proposition de résolution de Gérard Larcher créant une commission d’enquête sur la gestion des pandémies en France a été adoptée à l’unanimité ce mardi. C’est Alain Milon qui aurait soufflé l’idée au président du Sénat dès le début de la crise sanitaire. C’est donc lui qui présidera cette commission d’enquête hors normes. Théoriquement, une commission d’enquête est limitée à 21 sénateurs maximum. Celle-ci en comptera 36. Une exception justifiée par l’ampleur des questions à traiter. Car le périmètre des travaux s’annonce très large. Dans sa proposition de résolution, Gérard Larcher lui fixe trois missions principales.
Il s’agira d’abord de connaître l’état de préparation de la France au moment où la pandémie de covid-19 a frappé son territoire. Les sénateurs vont donc auditionner tous les ministres de la santé des dix dernières années, ainsi que leurs directeurs généraux.
La Commission d’enquête se penchera aussi sur la manière dont le gouvernement actuel a géré cette crise sanitaire depuis janvier. Pénurie de masques, de tests, hydroxychloroquine… les polémiques n’ont pas manqué au plus fort de l’épidémie de covid-19. « Le rôle du Sénat est de déceler ces failles, ces insuffisances, pour les combler, les réparer, et surtout les prévenir » a prévenu Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat.
Commission d'enquête Covid-19: "Le rôle du Sénat est de déceler les failles" affirme Patrick Kanner
Deux semaines plus tôt, une autre commission d’enquête s’est créée à l’Assemblée Nationale. Elle aussi, est chargée de faire la lumière sur la gestion de l’épidémie de coronavirus par l’exécutif. Les députés ont déjà auditionné Jerôme Salomon, Didier Raoult, ou encore Agnès Buzyn. Des noms que l’on retrouvera sans doute au programme des auditions du Sénat. Pendant six mois, les deux chambres du Parlement mèneront donc chacune leur propre enquête sur la même crise. Des travaux parallèles, mais pas similaires, assure Alain Milon. A l’en croire, ceux du Sénat seront moins politiques. « Je ne souhaite pas que ce soit une commission qui entretienne la polémique. Je souhaite qu’elle soit plus orientée vers la science, vers les moyens futurs de lutter contre ce genre de virus ».
Commission d'enquête Covid-19: "Je ne souhaite pas qu'elle soit orientée vers la polémique" affirme Alain Milon
Une façon de se démarquer du travail mené à l’Assemblée nationale par le rapporteur LR Éric Ciotti. La personnalité clivante du député des Alpes-Maritimes donne à sa commission d’enquête une résonance très politique. « On ne va pas s’amuser à compter les masques », prévient le centriste Jean-Marie Vanlerenberghe. « Je ne suis pas juge dans un tribunal », renchérit le socialiste Bernard Jomier, futur corapporteur de la commission d’enquête.
Pas de chasse aux sorcières donc, les sénateurs disent vouloir avant tout proposer des pistes pour que la France soit mieux armée à l’avenir en cas de nouvelle pandémie. Des idées qu’ils iront aussi chercher à l’étranger. C’est le troisième objectif fixé par Gérard Larcher : comparer les choix de la France à ceux d’autres pays européens ou asiatiques en matière de santé. Un travail qui pourrait les mener en Allemagne, bien mieux dotée que la France en lits de réanimation.
(EDIT) Les 36 membres de la comission d'enquête ont été désignés mercredi 1er juillet. Il s'agit de :Philippe Adnot, Éliane Assassi, David Assouline, Arnaud Bazin, Céline Boulay-Espéronnier, Emmanuel Capus, Laurence Cohen, Vincent Delahaye, Annie Delmont‑Koropoulis, Catherine Deroche, Jacky Deromedi, Marie‑Pierre de La Gontrie, Jocelyne Guidez, Annie Guillemot, Véronique Guillotin, Olivier Henno, Jean‑François Husson, Victoire Jasmin, Bernard Jomier, Muriel Jourda, Alain Joyandet, Roger Karoutchi, Martin Lévrier, Claude Malhuret, Michelle Meunier, Alain Milon, Olivier Paccaud, Angèle Préville, Didier Rambaud, Jean‑François Rapin, Damien Regnard, Jean‑Claude Requier, René‑Paul Savary, Jean Sol, Jean‑Marie Vanlerenberghe et Sylvie Vermeillet.