Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Covid : « Le gouvernement laisse circuler le virus, ce pari est très hasardeux », affirme Bernard Jomier
Par Héléna Berkaoui
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« Il y a un paradoxe entre l’analyse de la situation et les mesures annoncées », réagit le président du groupe Union centriste au Sénat, Hervé Marseille, après la conférence de presse du Premier ministre. Lundi, Jean Castex a annoncé une série de nouvelles mesures sanitaires tout en confirmant l’arrivée prochaine du passe vaccinal.
Le gouvernement n’instaurera pas de couvre-feu pour le réveillon, et il maintient la rentrée scolaire au 3 janvier. Il a néanmoins été décidé trois jours de télétravail obligatoire par semaine, à compter de la rentrée. Une obligation qui concernera « tous les salariés pour lesquels cela est possible », a détaillé le Premier ministre. Une concertation avec les partenaires sociaux est prévue dès demain.
Le Premier ministre a également annoncé le retour des jauges. Les grands rassemblements seront limités à 2 000 personnes en intérieur et à 5 000 en extérieur. Les concerts debout se voient interdits et seule la consommation assise sera permise dans les bars, restaurants et cafés.
« La France pourrait atteindre le seuil des 250 000 cas d’ici le début du mois de janvier »
Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de se faire vacciner. Il s’est dit conscient de la confusion créée chez certains au regard de l’explosion des cas de contamination malgré la vaccination. « La France pourrait atteindre le seuil des 250 000 cas de coronavirus par jour d’ici le début du mois de janvier ».
Face à la recrudescence de l’épidémie, le délai entre l’injection et le rappel vaccinal est réduit. « Dès demain, suivant la recommandation de la Haute Autorité de Santé, il suffira de trois mois après votre deuxième injection - ou votre première si vous avez eu le Covid - pour pouvoir bénéficier de votre rappel », a indiqué Jean Castex.
Ces annonces ont jeté une forme de confusion au Sénat. « S’il y a une situation dégradée qui nécessite de prendre des mesures fortes, on aurait pu imaginer un report de la rentrée scolaire », pointe Hervé Marseille. Pour le sénateur, le gouvernement se borne à prendre « des mesures existantes et à les réajuster ».
« On ne peut pas expliquer que la pandémie galope, que les services de réanimations sont débordés et se contenter de demander à continuer à respecter les gestes barrières », dénonce Hervé Marseille.
Critique récurrente de l’opposition, le sénateur centriste note que « tout est décidé de manière extrêmement opaque », sans que les parlementaires soient pleinement associés ou disposent de toutes les données. « On est dans la République des ordonnances. »
Le sénateur socialiste, Bernard Jomier, partage le sentiment d’un « hiatus » entre le constat de la dégradation sanitaire et les mesures prises. « Il n’y a pas de mesures réelles contre la circulation du virus, notamment dans les écoles », fustige le sénateur PS et médecin de formation. Lui, comme d’autres parlementaires, compte d’ailleurs procéder à des inspections dans les écoles primaires à la rentrée (lire ici).
Hier, dans le JDD, cinquante soignants réclamaient le report de la rentrée scolaire. Ces derniers s’inquiètent des conséquences sur la santé des plus jeunes et réclament des mesures pour freiner l’épidémie à l’école.
« La lassitude des gouvernants n’est pas responsable », tance Bernard Jomier
« Comme en janvier dernier, le gouvernement laisse circuler le virus. Ce pari est très hasardeux », prévient Bernard Jomier, notamment au regard de l’épuisement criant dans les hôpitaux. « Il y a le sentiment d’un laisser-aller », estime-t-il, un laisser-aller gouvernemental qui repose sur « l’analyse de la lassitude de l’opinion publique » après deux ans de mesures sanitaires. « Mais la lassitude des gouvernants, elle, n’est pas responsable », juge le sénateur socialiste. « Personne ne veut empêcher la reprise économique du pays mais il y a un équilibre à trouver », appelle-t-il encore.
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Pour René-Paul Savary, sénateur LR, ces mesures visent à ne pas créer « de retentissements sur les activités économiques ». Contrairement à ses collègues, il estime que le renforcement des dépistages à l’école permet de ne pas reporter la rentrée scolaire. Sur l’ensemble de cette stratégie, René-Paul Savary estime que « le fait de ne pas rendre la vaccination obligatoire force le gouvernement à l’enrober d’une pression sur les non-vaccinés ».
Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a, lui, raillé les annonces du gouvernement sur Twitter :
« Le Ségur n’a pas suffi, il faudrait des annonces sur le renforcement de l’hôpital public », appelle Guillaume Gontard
Le président du groupe écologiste au Sénat, Guillaume Gontard, constate, lui aussi, des annonces « sans rien de particulier ». Il note que la situation de l’hôpital reste « dramatique et complexe ». « Le Ségur n’a pas suffi, il faudrait des annonces sur le renforcement de l’hôpital public », appelle-t-il.
Le télétravail obligatoire est salué par le sénateur de l’Isère qui prévient tout de même : « Cela doit être couplé à l’aide et l’accompagnement des salariés. Pour l’instant, peu d’entreprises jouent le jeu de l’accompagnement », soulève Guillaume Gontard, notamment sur le matériel informatique.
Cette période a, selon lui, démontré l’importance des tests. « Il faut développer ces tests et revenir sur la gratuité », plaide Guillaume Gontard. Il déposera des amendements en ce sens durant l’examen du texte instaurant le passe vaccinal au Sénat les 5 et 6 janvier.