En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Crédits sur le patrimoine rétablis : « Une victoire au goût amer » pour Stéphane Bern
Par Public Sénat
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Il a retiré la balle de son dos. Mais ça pique quand même. Le coup de gueule de Stéphane Bern sur le budget du patrimoine, mêlé au vote du Sénat, lundi soir, ont eu leurs effets. Les députés et sénateurs ont finalement rétabli mardi 19 novembre 21 millions d’euros de crédits de la mission patrimoine, après un accord en commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances rectificative (PFLR).
Un coup de gueule de Stéphane Bern largement repris
Dans le cadre de ce PLFR 2019, le gouvernement avait décidé d’annuler 25 millions de crédits sur le patrimoine. Une somme proche des 21 millions d’euros qu’a rapporté le loto du patrimoine… En examinant le texte, les sénateurs, de gauche, comme de droite, ont dénoncé ce qui ressemblait fortement à une économie sur le dos des Français participant au loto du patrimoine. Le rapporteur LR du budget, Albéric de Montgolfier, parle même « d’escroquerie ». En séance, ils rétablissent les 25 millions d’euros, mais contre l’avis du gouvernement.
Stéphane Bern, à qui Emmanuel Macron a confié la mission du loto, a peu apprécié ce coup de rabot budgétaire. « On me saborde », « on me tire une balle dans le dos ! » a dénoncé sur publicsenat.fr l’animateur, expliquant avoir appelé Emmanuel Macron, qui n’était « pas au courant ». Mais le chef de l’Etat lui a assuré « qu’il allait s’en occuper ». Un coup de gueule largement repris dans les médias mardi. Il a semble-t-il eu son effet.
« On est moins content du côté de Bercy »
En CMP, les deux chambres se mettent finalement d’accord sur le « dégel de 21 millions d'euros » qui permettra de « répondre aux demandes des collectivités territoriales concernant l'entretien et la restauration des monuments historiques ». Les 4 millions restant sont liés à la masse salariale.
Au Palais de Marie de Médicis, « on est ravis » dit Vincent Eblé, président PS de la commission des finances, qui a poussé avec Albéric de Montgolfier sur le sujet. Tout le monde ne l’est peut-être pas autant. « Les infos dont nous disposons nous laissent à penser que bien sûr, on est ravi du côté de la rue de Valois (le ministère de la Culture, ndlr), mais on est moins content du côté de la rue de Bercy (le ministère de l’Economie, ndlr) » glisse le sénateur PS. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a en effet « salué » cette décision. Vincent Eblé rappelle au passage que ces crédits ne peuvent porter que sur la fin d’année 2019. « Les dossiers ne manquent pas. Mais il faut que ça suive » met-il en garde.
« Prendre dans une poche, puis ressortir de l’autre, c’est ridicule, c’est exactement ce que les gilets jaunes reprochent au gouvernement »
Mardi matin, Stéphane Bern ne cache pas sa joie. « Je me réjouis de cette victoire. Je suis très heureux qu’en CMP, grâce aux sénateurs Vincent Eble et Albéric de Montgolfier, qui étaient vraiment à la manœuvre et ont porté le sujet, les choses aient bougé. Ils ont convaincu Joël Giraud (rapporteur du budget de l’Assemblée) » salue l’animateur télé et radio, interrogé par publicsenat.fr. Mais Stéphane Bern ne peut se réjouir totalement :
« C’est une victoire certes, mais c’est une victoire qui a quand même un goût amer. Est-ce que chaque année il faudra que je me batte pour la compensation des taxes sur loto du patrimoine ? »
Car l’an dernier, déjà, il avait dû monter au créneau sur le sujet. Après avoir été supprimée par les sénateurs, la taxe avait été maintenue, puis compensée par le gouvernement, face à la polémique. Stéphane Bern a aujourd’hui la solution : « Ce ne serait pas plus simple, comme l’ont déjà proposé les sénateurs, d’abroger simplement cette taxe, qui est certes légale, mais pas très morale ? Car ce n’est pas un jeu d’argent comme un autre. C’est un loto philanthropique » pour l’animateur. Sinon, on donne l’impression « de prendre dans une poche, puis on ressort de l’autre. C’est ridicule, c’est exactement ce que les gilets jaunes reprochent au gouvernement » met-il en garde, allant de son conseil : « C’est tellement facile de gagner des points de popularité en abrogeant cette taxe. On a l’impression que Bercy fait les fonds de tiroir ». Sur les 200 millions d’euros de recettes générés par le loto du patrimoine, 14 millions d’euros vont en effet à l’Etat, via la taxe. 144 millions vont aux joueurs et 22 millions d’euros à la rénovation du patrimoine.
Stéphane Bern compte encore sur les sénateurs pour tenter d’abroger cette taxe. « Il y aura, lors de l’examen du budget, un amendement de Catherine Morin-Desailly (présidente de la commission de la culture du Sénat, ndlr) et d’Alberic de Montgolfier pour supprimer la taxe » confie le spécialiste des têtes couronnées, qui espère bien que les députés, cette année, ne reviendront pas sur le vote des sénateurs. Là encore, il n’hésitera pas à faire jouer son carnet d’adresses : « Je vais m’activer dans les prochains jours et contacter Richard Ferrand, le président de l’Assemblée. Il est d’accord avec moi. Il faut encore qu’il convainque les députés ».
« Il faut être vigilant. Je ne peux pas dormir sur mes deux oreilles »
Reste que cet épisode sur les crédits du patrimoine laisse songeur et pose question. 21 millions d’euros ont été rétablis, en partie grâce à la notoriété de Stéphane Bern, dont la parole est reprise. D’autres sujets n’ont pas cette chance. 35 millions de crédits pour la vie étudiante sont pour le coup passés à la trappe en CMP, malgré un rétablissement par les sénateurs lundi (voir notre article). L’intéressé en a conscience. « J’ai vu quelqu’un sur Twitter dire « il veut pas s’occuper des profs ? ». Je sais que parce que ma voix porte, on prend un peu plus en considération mes coups de gueule. Mais ce n’est pas par plaisir. On m’a confié une mission et il y a déjà 150 monuments sauvés. Si je dois descendre dans l’arène pour me battre, je me battrais » prévient Stéphane Bern. Pour la suite, il ne baissera pas la garde : « Il faut être vigilant. Je ne peux pas dormir sur mes deux oreilles. Et le patrimoine est toujours le parent pauvre. Les gens n’ont toujours pas compris que ce n’était pas un luxe mais une nécessité ».