Crimes sexuels sur mineurs : la proposition de loi du Sénat définitivement adoptée
L’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture, la proposition de loi visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste portée par la sénatrice centriste, Annick Billon. Le texte établit un seuil d’âge de non-consentement à 15 ans et 18 ans en cas d’inceste. Il allonge le délai de prescription, et crée une infraction spécifique sur la « sextorsion ».

Crimes sexuels sur mineurs : la proposition de loi du Sénat définitivement adoptée

L’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture, la proposition de loi visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste portée par la sénatrice centriste, Annick Billon. Le texte établit un seuil d’âge de non-consentement à 15 ans et 18 ans en cas d’inceste. Il allonge le délai de prescription, et crée une infraction spécifique sur la « sextorsion ».
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Comme le Sénat le 25 mars dernier, l’Assemblée nationale a voté en seconde lecture à l’unanimité, cet après-midi, la proposition de loi visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste.

Sur Twitter, la sénatrice centriste, Annick Billon salue le travail accompli par les deux chambres et la Chancellerie. « Une étape historique franchie pour lutter contre les crimes sexuels » estime-t-elle.

En effet, les apports de la navette parlementaire avaient été riches autour de ce texte déposé en fin d’année dernière par la sénatrice centriste, Annick Billon dans un relatif anonymat. La vague de témoignages de victimes de violences sexuelles incestueuses ou non, a en effet poussé le gouvernement à être proactif en s’emparant de ce véhicule législatif pour « renforcer, ensemble, la protection des victimes de violences sexuelles », selon les mots du ministre de la justice.

En première lecture, la proposition de loi visant à protéger les violences sexuelles sur mineurs est devenue sous la plume des députés et des amendements du gouvernement, un texte visant « à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste ».

Seuil de non-consentement

A l’origine, l’objet de la proposition de loi était de « poser un interdit clair » sur les relations sexuelles entre mineurs et adulte. Pour ce faire, les sénateurs avaient adopté à l’unanimité, en première lecture, un seuil d’âge de non-consentement à 13 ans, en dessous duquel le consentement de la victime ne pouvait être discuté. « Ce dispositif avait malheureusement été mal compris au moment de son adoption et des interprétations erronées et abusives avaient prospéré, déduisant à tort que le Sénat avait abaissé l’âge du consentement à 13 ans », avait regretté Annick Billon le 25 mars.

Le seuil d’âge de non-consentement ne s’applique pas lorsqu’un écart d’âge de 5 ans sépare le mineur de moins de 15 ans et le majeur, la fameuse clause « dite Roméo et Juliette » introduite à l’Assemblée nationale en première lecture afin de ne pas criminaliser les relations sexuelles consenties entre un adolescent et un jeune adulte. Ce dispositif avait provoqué l’abstention du groupe PS du Sénat. « Ces fameuses amours adolescentes entre un mineur de 14 ans et un majeur de 19 ans, sont aux violences sexuelles sur enfant ce qu’est le crime passionnel au féminicide », avait comparé Laurence Rossignol dans l’hémicycle arguant que l’âge moyen du premier rapport sexuel des jeunes filles est à 17 ans.

Criminalisation de l’inceste

Autre apport de l’Assemblée nationale, un seuil de non-consentement est fixé à 18 ans pour les relations sexuelles incestueuses entre un majeur et un mineur. Une partie de la gauche du Sénat et les associations ne voulaient pas que la définition des auteurs soit limitée aux ascendants, frère, sœur, oncle, tante, grand-oncle, grand-tante, neveu ou nièce, conjoints et concubins des ascendants, s'ils disposent d’une autorité de droit ou de fait. Une définition trop restrictive d’après elles.

Devant le Sénat, Éric Dupond-Moretti avait invoqué « un impératif constitutionnel, qui oblige le législateur à ne pas créer de crime automatique ».

Délais de prescription et sextorsion

Le texte prolonge aussi les délais de prescription pour les crimes et délits sexuels sur un mineur si l’auteur viole ou agresse par la suite un autre enfant. Le délai de prescription est également interrompu pour les précédentes victimes d’un auteur, lorsque ce dernier est soumis à un acte de procédure, comme une audition par exemple, dans une autre affaire.

Une nouvelle infraction spécifique sur la « sextorsion » a également été ajoutée. Le fait pour un majeur d’inciter un mineur à se livrer à des pratiques sexuelles sur internet sera « de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende ».

« Avant 15 ans, plus aucun adulte agresseur ne pourra se prévaloir du consentement d’un mineur. C’est une étape historique que nous franchissons » s’est félicité le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti sur Twitter.

Partager cet article

Dans la même thématique

Crimes sexuels sur mineurs : la proposition de loi du Sénat définitivement adoptée
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Documentaire Churchill chef de guerre de Peter Bardelhe
3min

Politique

Et si Winston Churchill était le grand perdant de la victoire des alliés en 1945 ?

L’Histoire a retenu de Winston Churchill un héros triomphant au balcon de Buckingham Palace après la capitulation des nazis. Mais proclamer le signe de la victoire avec la main ne suffit pas, encore faut-il en récupérer les bénéfices. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a vu son influence dégringoler. Malgré les efforts du Vieux lion, les deux superpuissances, américaine et soviétique, ont imposé un agenda politique au détriment des intérêts britanniques. Le réalisateur Peter Bardelhe a fait le pari d’expliquer cette partie de poker diplomatique entre les vainqueurs de 1945 dans un documentaire Churchill, chef de guerre diffusé sur Public Sénat.

Le

Paris: Gerard Larcher elu President du Senat
3min

Politique

Échec de la CMP sur le budget : Gérard Larcher dénonce le « manque de considération » de Sébastien Lecornu à l’égard du Sénat

Le gouvernement et la majorité sénatoriale se renvoient la responsabilité de l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de finances 2026. Gérard Larcher répond à Sébastien Lecornu en défendant la position du Sénat pendant l’examen du budget et en dénonçant « le manque de considération » et « les mots excessifs » du Premier ministre.

Le