Après une trentaine d’actions recensées dimanche qui a mobilisé 1 000 personnes, la crise agricole est montée hier en intensité avec pas moins de 45 actions sur l’ensemble du territoire et près de 3 000 personnes. Ils s’opposent à l’abattage systématique des troupeaux de bêtes affectés par la dermatose nodulaire contagieuse. Présente hier en Occitanie, épicentre des mobilisations, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a dit « entendre » la colère des agriculteurs. Elle a annoncé élargir le périmètre de la vaccination, présentant cette mesure comme un « infléchissement ».
« Cela permettra de faire passer l’abattage »
Pour François Patriat, ancien ministre de l’Agriculture et vétérinaire de profession, la vaccination systématique présente un risque pour l’exportation : les bêtes vaccinées étant considérées comme suspicieuses. « Avec une vaccination massive, nous ne pourrions plus exporter », s’inquiète le sénateur. « Si on n’exporte plus, c’est désastreux pour la filière ».
Dès lors, les agriculteurs se retrouvent dans une impasse, en particulier dans le sud-ouest de la France où parfois l’ensemble de leur cheptel est abattu. « Pour des raisons scientifiques, l’abattage systématique est recommandé », juge François Patriat. « Une vaccination peut être faite en parallèle, mais ceux qui proposent des alternatives qui n’ont pas de preuve sanitaire mettent en danger toute la filière ».
Ainsi, l’ancien ministre de l’Agriculture recommande au gouvernement une indemnisation plus juste des agriculteurs. « Sur les pertes d’exploitation, il y a mieux à faire. Cela permettra de faire passer l’abattage », juge-t-il. « De toute manière le ministère de l’Agriculture est un ministère en perpétuelle crise ».
« La signature de cet accord sera un échec européen »
Pour tenter d’apaiser la colère, le Premier ministre Sébastien Lecornu tient une réunion ce matin avec plusieurs ministres et préfets. Mais le chef du gouvernement est aussi pris par un autre sujet tout aussi inflammable : l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur. Avec le président de la République, Sébastien Lecornu a réclamé à l’institution européenne le report du vote du traité avançant que les garanties françaises n’étaient pas respectées. Il espère encore rallier auprès de lui plusieurs Etats membres pour former une minorité de blocage.
« Sans la France, la signature du Mercosur serait déjà effective », réagit François Patriat qui se montre confiant pour la constitution d’une minorité de blocage. « La signature de cet accord sera un échec européen, car nous aurons signé pour seulement quelques avantages ».