Depuis plusieurs semaines, plus de 2 000 migrants, principalement des Kurdes irakiens, sont bloqués à la frontière polonaise. En cause : « L’action dévastatrice du président biélorusse, Alexandre Loukachenko », expose le ministre des Affaires étrangères devant le Sénat. Invité à débattre sur les priorités de la France en vue de la présidence du Conseil de l’Union européenne, Jean-Yves Le Drian a été très largement interpellé sur la crise Bélarus.
Le ministre pointe le rôle de la Biélorussie et de son président qui « organise des flux migratoires, les instrumentalise et les manipule ». Alexandre Loukachenko est accusé d’avoir alimenté la crise en délivrant des visas à des migrants et en les acheminant à la frontière pour mettre fin aux sanctions appliquées contre son régime autoritaire.
« C’est une crise migratoire artificielle qui a été organisée et instrumentalisée pour déstabiliser l’Union européenne », accuse le ministre des Affaires étrangères. Plusieurs sénateurs ont aussi pointé la responsabilité de la Pologne. « Nous regrettons que le gouvernement polonais considère que cette situation constitue une aubaine pour éviter de répondre vis-à-vis de son opinion publique sur ses actions contraires au droit européen et sur ses attaques contre l’indépendance de la justice », a ainsi déclaré le sénateur socialiste, Jean-Yves Leconte après avoir taxé la Biélorussie « d’Etat gangster ». Le sénateur communiste, Pierre Laurent, a dénoncé d’une même voix « un odieux marchandage politique » dénonçant l’attitude de la Pologne qui « attise la haine et le racisme contre les migrants ».
« Il faut identifier la responsabilité initiale », a répondu Jean-Yves Le Drian en refusant de mettre les deux Etats sur le même plan. Les sénateurs l’ont également interrogé sur le Pacte Asile Immigration qui doit être discuté sous la présidence française. Un dossier qui patine à cause des fortes divergences existantes sur le sujet.
Cependant, le ministre se montre optimiste et en veut pour preuve la réunion des ministres des Affaires étrangères des membres de l’Union européenne qui a eu lieu hier. « Une forme de consensus est en train de se constituer, ce qui pouvait paraître impossible auparavant », assure Jean-Yves Le Drian. « Nous avons des convergences qui me laissent à penser que nous pourrons trouver un accord sous présidence française. »
Nul doute que le sujet représentera une priorité de la présidence française. Après la Slovénie, la France occupera la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne à partir du 1er janvier 2022 et jusqu’au 30 juin 2022.