L’accord passé la semaine dernière entre le syndicat de surveillants majoritaire Ufap-Unsa et la chancellerie, a donné un peu de répit à l’exécutif. Mais les 34 millions d’euros débloqués pour les indemnités des surveillants, la création de 1.100 postes (pour 40 millions d'euros) et l'aménagement de 1.500 places (dont 450 prévus d’ici la fin de l’année) pour les détenus radicalisés dans des quartiers spécifiques étanches ne vont pas suffire à enrayer la surpopulation carcérale ni à assurer la sécurité des personnels.
C’est le message que vont porter cet après-midi, les sénateurs de la commission des lois lors de l’audition de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. Mardi, après une visite de plusieurs sénateurs à la prison de Fresnes, ce sont les représentants des syndicats pénitentiaires qui ont été reçus à la Haute assemblée. Emmanuel Baudin, secrétaire général FO pénitentiaire, dont le syndicat n’a pas signé l’accord, a d’ailleurs tenu à préciser qu’il ne s’agissait que « d’un relevé de conclusions ». « Donc, ça n’engage en rien la ministre » estime-t-il.
Emmanuel Baudin FO pénitentiaire déplore l’absence de sens à la peine »
Mise à part une meilleure reconnaissance, qui passe par un changement de statut en catégorie B, le syndicaliste déplore « l’absence de sens à la peine ». « Dans les prisons, c’est l’oisiveté, c’est le trafic de drogue, c’est le caïdat, c’est le racket. Aujourd’hui, les détenus qui voudraient s’en sortir, sont quasiment contraints de rester enfermer dans leur cellule et de demander à leur famille de ne pas venir les voir au parloir (…) C’est pour ça qu’on demande une classification des établissements. Vous avez des détenus qui pourraient être dans des établissements où la sécurité serait moindre où il y aurait davantage d’activités de formation ».
« Certains surveillants nous disent qu’on forme des récidivistes en prison » confirme le président LR de la commission des lois, Philippe Bas, avant d’enchaîner : « Nous avons tiré, au Sénat, la sonnette d’alarme, il y a plus d’un an. Nous avons voté une loi de programmation des moyens. Il est plus que temps que l’Assemblée nationale en soit saisie pour que nous puissions inscrire l’effort national pour la justice et les prisons dans une durée de 5 ans ».
En effet, le 24 octobre dernier, une proposition de loi de programmation, prévoyant la construction de 15.000 places supplémentaires de prison en cinq ans, la création de 8.000 emplois de surveillants, et la création de 500 postes dans les services pénitentiaires d’insertion et de probation, a été voté. « par les différents groupes du Sénat » tient à rappeler Philippe Bas.
Ce matin, ce sont les directeurs des établissements pénitentiaires qui ont été auditionnés à la commission des lois. Nicole Belloubet est attendue à 16H15.