Crise franco-italienne : l’ambassadeur de France est rentré à Rome

Crise franco-italienne : l’ambassadeur de France est rentré à Rome

La France a renvoyé vendredi à Rome son ambassadeur, qu'elle avait rappelé après une série d'attaques de deux dirigeants populistes italiens...
Public Sénat

Par Valérie LEROUX

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La France a renvoyé vendredi à Rome son ambassadeur, qu'elle avait rappelé après une série d'attaques de deux dirigeants populistes italiens contre le président Emmanuel Macron, mettant en exergue leurs "regrets" et la volonté d'apaisement entre deux pays fondateurs de l'Union européenne.

Après ce retour, la présidence française a annoncé qu'Emmanuel Macron avait invité son homologue italien Sergio Mattarella à effectuer une visite d'Etat en France "dans les prochains mois".

Cette invitation a été transmise par l'ambassadeur de France en Italie Christian Masset, qui a été reçu vendredi par M. Mattarella après son retour, une semaine après son rappel pour consultations, sans précédent de la part de la France à l'encontre d'un pays de l'UE depuis 1945.

"La France est prête à travailler sur tous les sujets", avec l'Italie mais à condition que cela se fasse "dans le respect mutuel et dans une volonté de coopération", a déclaré M. Masset à la presse, quelques heures après son retour dans la capitale italienne.

"Je suis très content que l'ambassadeur rentre en Italie. Je le rencontrerai, je veux lui demander qu'on se rencontre. En attendant, je lui souhaite bon retour", avait déclaré vendredi après-midi l'un des deux responsables italiens visés, Luigi Di Maio.

L'exécutif français était sorti de ses gonds après avoir essuyé une série d'affronts de la part des deux vice-Premiers ministres italiens, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, qui étaient allés jusqu'à appeler à la démission du président Macron.

Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio à Rome, le 22 janvier 2019
Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio à Rome, le 22 janvier 2019
AFP/Archives

"Plus vite il rentrera chez lui, mieux ça vaudra !", avait clamé en janvier Matteo Salvini, le chef de la Ligue (extrême droite) et également ministre de l'Intérieur.

La rencontre inopinée de M. Di Maio le 5 février en France avec des "gilets jaunes", un mouvement social qui secoue l'exécutif français depuis novembre 2018, a été "l'épisode de trop", avait tempêté le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

M. Di Maio a pris quelque peu ses distances avec l'une des figures des "gilets jaunes" rencontrées en France, Christophe Chalençon, lors de la présentation vendredi à Rome de ses alliés en vue des élections européennes en mai prochain. "De notre part, il n'y aura pas de dialogue avec qui parle de guerre civile", a indiqué M. Di Maio à cette occasion.

Des propos évoquant des paramilitaires prêts à renverser le pouvoir dans une France au bord de la guerre civile auraient été tenus par M. Chalençon en marge d'une interview qu'il a donnée à une télévision italienne, selon des médias italiens.

- Risques de rechute ? -

Aux yeux de Paris, les deux dirigeants italiens, rivaux sur la scène intérieure et tous deux en campagne en vue des européennes de mai, ont adopté depuis le rappel une attitude plus modérée.

"Nous avons entendu des leaders politiques qui s'étaient laissés aller à des paroles ou des comportements franchement inamicaux et inacceptables montrer qu'ils le regrettaient", a estimé vendredi la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau.

Christian Masset, le 25 septembre 2014 à l'Elysée, à Paris
Christian Masset, le 25 septembre 2014 à l'Elysée, à Paris
AFP/Archives

Matteo Salvini s'est dit disposé à rechercher "de nouveau de bons rapports" avec la France. M. Di Maio a de son côté assuré avoir rencontré des représentants des "gilets jaunes" en sa qualité de chef du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et non de vice-Premier ministre.

La France n'exclut pas des "risques de rechute" dans les relations bilatérales, les deux responsables ayant fait d'Emmanuel Macron leur cible privilégiée dans l'affrontement entre "libéraux" ou "progressistes" et "antisystème" pour les européennes.

- "Travailler ensemble" -

La France est soucieuse de ne pas s'installer durablement dans la crise, l'Italie demeurant un partenaire essentiel au sein de l'UE tout comme au plan économique et culturel. Avec des échanges commerciaux de près de 80 milliards d'euros, la France est le deuxième client et fournisseur de l'Italie.

Les deux pays ont "une responsabilité particulière pour oeuvrer de concert à la défense et à la relance de l'Union européenne", a jugé mardi M. Macron à l'issue d'un entretien téléphonique avec son homologue Sergio Mattarella.

Une réunion de travail s'est déjà déroulée mardi à Paris entre des magistrats des deux pays sur la demande italienne d'extradition d'anciens militants d'extrême gauche condamnés pour terrorisme pendant les "années de plomb" et réfugiés en France.

Le gouvernement français appelle également l'Italie à trancher "rapidement" dans l'épineux dossier de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, un projet de neuf milliards d'euros qui divise la coalition au pouvoir à Rome.

Dans la même thématique

Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée, pendant le vote de la motion de censure contre Michel Barnier.
3min

Politique

Sondage : après la motion de censure, Marine Le Pen toujours en tête des intentions de vote pour l’élection présidentielle

Une semaine après la censure du gouvernement Barnier par la gauche et le Rassemblement national, un sondage Ifop pour Le Figaro Magazine et Sud Radio révèle que Marine Le Pen améliorerait son score au premier tour de l’élection présidentielle. En fonction des candidats face à elle à gauche et chez les macronistes, elle recueille entre 36 et 38 % des intentions de vote.

Le

Crise franco-italienne : l’ambassadeur de France est rentré à Rome
3min

Politique

La consultation des partis à l’Élysée marque « le retour de l’UMPS », estime Thomas Ménagé (RN)

Emmanuel Macron a réuni mardi les responsables de plusieurs partis politiques à l’Élysée pour les consulter avant la nomination d’un nouveau Premier ministre pour remplacer Michel Barnier. Pour le député RN Thomas Ménagé, invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi, cet échange marque « le retour de l’UMPS » sous la forme d’un « parti unique qui va du PS jusqu’à Laurent Wauquiez ».

Le