Crise migratoire : la commissaire européenne « optimiste » sur un accord entre les pays membres de l’UE

Crise migratoire : la commissaire européenne « optimiste » sur un accord entre les pays membres de l’UE

Auditionnée par la commission des Affaires européennes du Sénat, Ylva Johansson, chargée des affaires intérieures a dévoilé les pistes du nouveau pacte européen sur la migration et l’asile, et a affirmé que les pays membres étaient en capacité de trouver un accord, appelant les pays-membres de l'UE  à expulser d'avantage d'étrangers en situtation irrégulière. 
Public Sénat

Par Marylou Magal

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La mise en place d’un nouveau pacte européen sur la question migratoire. C’est l’enjeu de l’audition d’Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures, qui s’est tenue ce jeudi, au Sénat. Interrogée par les membres de la commission des Affaires européennes, la commissaire est revenue sur la gestion de la crise migratoire par l’Union européenne, et a dévoilé ses pistes d’amélioration du processus européen. Alors que cette question est un sujet sensible au sein de l’UE, les sénateurs se posent la question : « Comment parvenir à refonder un système européen efficace, en matière d’asile et d’immigration ? », interroge le président de la commission des affaires européennes, Jean-François Rapin.

Selon les données de l’UE, 2 à 3 millions de migrants entrent chaque année sur le territoire européen. Parmi eux, plus d’un million viennent pour des raisons professionnelles, d’autres pour des raisons d’attachement personnel. Entre 1 million et 1,5 million de ces personnes quittent ensuite le territoire de l’UE, ce qui établit le « solde positif » entre 1 et 2 millions de personnes qui restent. « Et nous avons besoin de ces personnes », soutient Ylva Johansson. « Nous grandissons et cela est une bonne chose, car nous sommes une société âgée. » La commissaire européenne rappelle que l’an dernier plus de 700 000 migrants sont devenus des citoyens européens. « Cette part de migration fonctionne plutôt bien », soutient-elle. « Le principal problème que nous avons à résoudre concerne les personnes en situation irrégulière. C’est sur ce point que nous avons encore du chemin à parcourir. » Sur ce point, la commissaire européenne a estimé qu'il était nécessaire d'expulser davantage d'étrangers en situation irrégulière vers leurs pays d'origine pour éviter de nourrir une montée du « populisme ».

Des processus approfondis pour traiter les personnes en situation irrégulière

« Nous devons donc chercher à réduire le nombre de migrants qui arrivent de manière illégale sur le territoire européen, et augmenter le nombre de ceux qui arrivent légalement. Il faut que nous trouvions des voies juridiques, grâce à ce pacte, pour résoudre cette question. » Dans cette optique, répondant aux questions des sénateurs, la commissaire européenne propose plusieurs pistes. D’abord, l’approfondissement de la procédure d’examen à laquelle sont soumis les migrants arrivant sur le territoire européen. « Il faudra vérifier les questions de sécurité, les situations de ces personnes, vérifier les informations enregistrées dans la base Eurodoc, et voir s’ils ont déjà fait une demande d’entrée sur le sol européen, le tout dans un délai de cinq jours maximum », détaille la commissaire européenne. « Nous avons besoin d'accords de réadmission avec les pays d'origine plus nombreux et qui fonctionnent mieux. (...) La Commission européenne devrait utiliser tous les outils » à sa disposition pour y parvenir, y compris mettre dans la balance « l'aide internationale, les accords de marché, les visas » ou encore « Erasmus », ajoute-t-elle. 

 

La gestion des retours dans leur pays d’origine de ces personnes en situation irrégulière est également abordée. « Environ 30% des personnes qui reçoivent une décision indiquant qu’ils doivent retourner dans leur pays d’origine le font, en France le taux de retour est de 13% ou 14%, on peut faire mieux », soutient Ylva Johansson. « Nous avons besoin que ce système soit plus efficace. Nous devons nous assurer que seules les personnes éligibles restent dans les pays d’accueil. » Pour cela, l’ex-ministre suédoise propose d’apporter une aide aux États membres de l’UE dans le processus des retours, en réformant notamment le système de Frontex, l’agence européenne chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures. « La raison pour laquelle j'insiste autant sur les retours est que les citoyens européens, me semble-t-il, sont prêts à accueillir les personnes en besoin de protection internationale. Mais ils veulent qu'on fasse la distinction entre ceux qui ont le droit de rester, et qui doivent être intégrés, et ceux qui n'ont pas vocation à rester », a-t-elle précisé.

La « nécessité de travailler ensemble » pour les États membres

Et pour assurer le succès de ce nouveau pacte, la commissaire européenne encourage vivement les États membres de l’UE à coopérer. « L’immigration est un phénomène global et normal », assure-t-elle. « Nous avons besoin de le gérer ensemble, de travailler de manière solidaire. » Le nouveau pacte migratoire comprend ainsi de nouveaux processus de solidarité entre les États membres, notamment la possibilité pour un État d’accueillir des migrants d’un État tiers. « Quand un État membre est sous pression migratoire, les autres pays membres doivent être solidaires et peuvent accueillir des migrants de cet État surchargé. Ce nouveau mécanisme de solidarité devra permettre la réinstallation des personnes concernées dans les pays de l’Union européenne, ou le retour de ces personnes dans leur pays d’origine avec la mise en place d’un système de parrainage des pays de l’UE », détaille Ylva Johansson.

Car la commissaire européenne le rappelle : s’il convient de gérer la question migratoire avec « pragmatisme et sobriété », il est question, avant tout, de prendre en compte qu’il est question d’êtres humains « qui ont droit au respect de leurs droits et de leur dignité ». « Il faut que nous puissions trouver des compromis », revendique Ylva Johansson, qui se dit optimiste sur la capacité des États membres à trouver un accord. « Il n’y a pas de solution parfaite, mais nous devons nous rapprocher par la négociation pour arriver à trouver une solution et établir le bon équilibre », conclut la commissaire européenne. « Je suis moins dubitatif sur vos premiers points, mais la solidarité entre les États membres sur cette question est sans doute le point sur lequel vous aurez le plus de travail à accomplir ! » rebondit Jean-François Rapin.

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