Crise migratoire : « Les pays européens sont incapables d’adopter une position commune »
Mardi 30 octobre, les sénateurs ont débattu des solutions européennes à apporter sur la crise migratoire. Alors que le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian prône une politique européenne commune sur la question migratoire, les sénateurs restent dubitatifs.

Crise migratoire : « Les pays européens sont incapables d’adopter une position commune »

Mardi 30 octobre, les sénateurs ont débattu des solutions européennes à apporter sur la crise migratoire. Alors que le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian prône une politique européenne commune sur la question migratoire, les sénateurs restent dubitatifs.
Public Sénat

Par Nawel Erraji

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Déploiement d’une nouvelle stratégie européenne ou l’échec d’une politique commune

Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a expliqué le nouveau plan d’action européen qui suit une « démarche globale » reposant sur trois piliers : le renforcement du contrôle des frontières, ceux des règles internes et de l’action européenne extérieure.

Jacques-Bernard Magner, sénateur (PS), reste lucide et dubitatif sur une politique européenne commune de droit d’asile et d’immigration : «  Les pays européens sont incapables d'adopter une position commune sur l'immigration. » Pour lui, la crise migratoire a mis en lumière les faiblesses du système d’asile européen. Jean-Marie Bockel, sénateur (UC), s’inquiète de son côté de l’avenir de la réforme du règlement  « Dublin III ». Ce règlement délègue la responsabilité de l’examen de la demande d’un réfugié au premier pays qui l’a accueilli. Cette responsabilité pose problème à des pays de première ligne comme la Grèce et l’Italie qui sont des pays d’accueil.

L’Europe semble plus que divisée autour de la question migratoire. « Le problème reste devant nous » prévient le sénateur Christian Cambon. Le dernier sommet informel du Conseil européen de Salzbourg a bel et bien renvoyé l’image « des Europe » et non pas d’une Union Européenne.

Le retour de la route occidentale méditerranéenne

Même si une baisse drastique des arrivées en Grèce est constatée, on observe une modification des routes de migration qui se concentre désormais via le Maroc, Libye, et l’Espagne. Le sénateur Christian Cambon pointe que 43 % des flux migratoires en direction de l'Europe passent par l’Afrique du Nord et ajoute que cette accentuation du phénomène est  « effectivement nouvelle. »

La fermeture de la route grecque n’est pas sans conséquences. Les centres d’enregistrements (hotspots) deviennent des prisons à ciel ouvert. Ils sont surpeuplés, leur capacité d’accueil n’étant pas adaptée. Les migrants ont un accès limité aux soins, à l’hygiène, à la scolarité et aux droits des migrants. En janvier 2017, Amnesty International relevait un taux d’occupation de 148 % à Lesbos, de 215 % à Samos et de 163 % à Kos.

L’Europe forteresse et le transfert de responsabilité ?

Par ailleurs, le flou persiste quant sur la création de « plateformes régionales de débarquement » susceptibles d’accueillir les migrants secourus en mer. Elles seraient situées en dehors de l’UE et donc sur les territoires des pays du pourtour méditerranéen. Jean-Yves le Drian préférerait « des arrangements de débarquement ».

Co-développement

Plus généralement, des solutions de long terme ont été évoquées par le sénateur (LR) Christian Cambon: soutenir le développement économique et l’aide au développement des pays de départ et de transit. Le sénateur Claude Malhuret (Les Indépendants) a saisi l’importance de prendre le taureau par les cornes, et de ne pas seulement traiter les situations urgentes : « La situation réside avant tout dans l’engagement des pays d’origine à lutter contre les causes des migrations : faim, peur, et demain, changement climatique. » Il faut donc passer d’une « logique caritative à une logique de « co-développement ».

C’est tout l’enjeu du processus de Rabat, plateforme de dialogue entre les pays subsahariens, d’Afrique du Nord et européens. En novembre 2017, Emmanuel Macron avait notamment dit durant sa visite à Ouagadougou qu’il faut « créer de l’activité économique et du commerce. »

Au-delà des aspects de la politique migratoire européenne, les derniers chiffres des migrations en Europe confirment un flux qui reste important. En 2015, 1,8 million de personnes ont franchi les frontières extérieures de l'Union européenne. Cette année, du 1er janvier au mois d’octobre, ce sont 115 000 immigrations irrégulières qui ont été enregistrées. Jean-Yves Le Drian semble satisfait de cette baisse, mais soulève que les flux restent « continus ».

 

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