Conséquence inattendue de la démission de Sébastien Lecornu en tant que Premier ministre, le Mouvement des entreprises de France (Medef) reporte sa grande messe prévue le 13 octobre prochain à l’Accor Arena. La décision, annoncée dans un communiqué publié ce lundi 6 octobre, marque un changement de ton pour l’organisation patronale. Ce rassemblement devait servir de tribune contre « les théories dangereuses pour nos entreprises », selon les dires de son président, Patrick Martin.
Dans le viseur du patron des patrons figuraient notamment la taxe Zucman (option pourtant écartée par Sébastien Lecornu avant son départ) et, plus largement, les mesures visant à accroître la fiscalité sur le patrimoine et le capital, présentes dans le contre-budget du Parti socialiste, à l’approche du débat budgétaire pour 2026. « Les entreprises ne peuvent pas supporter de nouveaux impôts (…). Au contraire il est urgent de desserrer le frein à main », alertait fin septembre le patron des patrons dans Le Parisien.
Un geste d’« apaisement » dans un climat de crise politique
Mais dans un contexte de fortes turbulences politiques, marqué par le départ d’un quatrième Premier ministre et de son gouvernement en moins de deux ans, le Medef a préféré lever le pied. L’organisation estime dans son communiqué que le pays, « paralysé politiquement et économiquement », risque désormais de basculer « dans une crise institutionnelle ».
En reportant son grand rendez-vous de mobilisation, une première depuis les années 80, le patronat dit vouloir « contribuer à l’apaisement du pays » et éviter d’ajouter de la tension à une séquence politique très incertaine. L’organisation patronale appelle également « l’ensemble des responsables politiques à prendre la mesure d’une situation qui peut amener notre pays au chaos et aggraver plus encore notre situation économique ». L’instabilité politique générée par la dissolution avait déjà pesé sur l’économique française. D’après l’Observatoire français des conjonctures économiques, la crise politique ouverte par la dissolution a déjà amputé à la croissance de l’économie française de 0,1 point de PIB en 2024 et de 0,3 en 2025.
Le Medef toujours sur le qui-vive
Malgré ce report, le Medef ne renonce pas à faire entendre sa voix. La première organisation patronale de l’Hexagone assure que « l’inquiétude, voire la colère de centaines de milliers d’entrepreneurs » demeure intacte, tout comme la nécessité d’apporter des réponses « concrètes et urgentes ». Ce rassemblement, reporté mais non annulé, devrait être reprogrammé. Il devait toutefois, toujours, se tenir sans les membres de la Confédération des PME (CPME) et de l’Union des entreprises de proximité (U2P), deux organisations patronales qui ont décliné fin septembre l’invitation du Medef. Michel Picon, président de l’U2P, avait d’ailleurs prévenu qu’il ne souhaitait pas s’associer à « un meeting qui opposerait les uns aux autres ».