Les Français ont-ils dépassé leur seuil d’acceptabilité dans cette crise sanitaire ? Tandis que plusieurs pays voisins, comme les Pays-Bas, durcissent leurs mesures face à l’épidémie de covid-19, des épisodes d’émeutes se multiplient pour protester contre les décisions des dirigeants. « Les Français ont très bien réagi face à cette pandémie, depuis un an qu’on est très contraints dans nos activités. Mais petit à petit l’acceptabilité s’érode et il n’est pas impossible que l’on doive faire face à des scènes similaires, d’autant qu’on avait mis beaucoup d’espoir dans le vaccin et cet espoir s’amenuise », estime, ce mercredi, Frédéric Péchenard, vice-président de la région Île-de-France, invité de la matinale de Public Sénat. Pour l’ancien dirigeant de la police nationale, il est urgent que l’exécutif envoie un message clair en matière de gestion de crise. « Il faut éviter cette impression de décisions prises au jour le jour », estime-t-il. « Il fait arrêter les allers-retours permanents. Nous avons besoin qu’un cap soit tracé jusqu’à la sortie de crise, pour croire en la parole publique. »
Et, selon Frédéric Péchenard, le ministère de la Santé n’est pas le meilleur acteur pour prendre en main la gestion de crise. « C’est une erreur stratégique de confier cette mission à un ministère qui n’y est pas préparé », estime-t-il. En France, nous avons deux ministères capables de gérer des crises : le ministère de la Défense, et le ministère de l’Intérieur. Je pense qu’il appartient au ministère de l’Intérieur de gérer cette crise. » Pour l’élu régional, la résolution de la crise sanitaire est liée à la logistique. « Le ministère de l’Intérieur a à sa disposition des préfets, présents dans tous les départements, qui permettent un maillage territorial. Ils ont sous leurs ordres les moyens humains et techniques de faire de la logistique. Car si c’est une crise sanitaire, nous avons besoin, s’agissant des masques ou de la vaccination, d’une chaîne logistique. Il faut mobiliser les préfets et sous leur autorité la totalité des services de l’Etat avec la police, les pompiers et la gendarmerie. » Une solution qui permettrait, selon lui, d’éviter « de créer une sensation d’impréparation et de faiblesse de l’Etat, préjudiciable psychologiquement. »
Une réserve de la police nationale
Interrogé sur le Beauvau de la sécurité, qui doit débuter le 1er février prochain, Frédéric Péchenard estime que cela « permettra de poser les bonnes questions sur les missions et les moyens que l’on souhaite donner aux forces de l’ordre ». « Je vois deux axes principaux », avance l’ancien directeur de la police nationale. « D’abord, la question de la communication de la police, sur laquelle il faut travailler. Cela contribuera à renforcer la confiance de la population dans la police. Ensuite, je souhaiterais que l’on crée une vraie réserve opérationnelle. Aujourd’hui la réserve de la police, ce ne sont que d’anciens policiers. J’ai vu la réserve de l’armée ou des jeunes Français s’engagent donnent de leur temps et font l’honneur de l’armée française et je voudrais qu’on ait exactement la même chose pour la police », réclame Frédéric Péchenard.