Crise sanitaire : les parlementaires dénoncent le recul du Parlement face à l’exécutif
Sondés par l’institut Ifop pour Interel en partenariat avec Public Sénat et le Figaro, 153 parlementaires témoignent sur le fonctionnement du Parlement et leur rôle pendant la crise sanitaire. Députés et sénateurs réclament davantage d’outils pour contrôler le gouvernement.

Crise sanitaire : les parlementaires dénoncent le recul du Parlement face à l’exécutif

Sondés par l’institut Ifop pour Interel en partenariat avec Public Sénat et le Figaro, 153 parlementaires témoignent sur le fonctionnement du Parlement et leur rôle pendant la crise sanitaire. Députés et sénateurs réclament davantage d’outils pour contrôler le gouvernement.
Public Sénat

Par Alizé Boissin

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est un sondage « rare », tant il est « difficile d’obtenir la réponse d’autant de parlementaires en même temps » commente Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondage Ifop. 153 parlementaires – sénateurs et députés- « c’est plus d’un parlementaire sur 6 » ont participé à la consultation « Quel monde d’après ? ». Lancée le mois dernier, cette enquête  Ifop/Interel a été   réalisée en partenariat avec Public Sénat et Le Figaro 

Un fonctionnement assuré pendant le confinement ….

En dépit de la période inédite de confinement de la population, une majorité de parlementaires – 56% - considère que leur assemblée a fonctionné de manière « satisfaisante ». Ils sont plus nombreux au Sénat, 75%, à estimer que leur assemblée a bien fonctionné.

 

sondage_senateurs.jpg

 

Du côté de l’Assemblée nationale en revanche, 4 députés sur 10 expriment le même avis.

Dans le détail, les parlementaires de la majorité présidentielle (LREM) s’avèrent plus nombreux (69%) à évaluer favorablement le fonctionnement du Parlement pendant le confinement. A gauche, ils sont 46% à le penser, 44% à droite.

sondage parlement

 

….en dépit d’un recul perçu du parlement face à l’exécutif

Mais concernant les pouvoirs et le contrôle du parlement face à l’exécutif, le constat est sans appel : la crise du coronavirus a réduit, selon les parlementaires interrogés, le rôle et la place de leurs assemblées au profit d’un exécutif légiférant notamment par ordonnances. La commission des lois du Sénat comptabilise ainsi plus d’une cinquantaine d’ordonnances à ce jour.

Seuls 34% des répondants (69% chez LREM, 6% à gauche et 22% à droite) considèrent que le caractère exceptionnel de la crise a fait reculer le Parlement face à l’exécutif.

La crise sanitaire est considérée par les parlementaires comme une occasion de revoir le fonctionnement des assemblées. Une majorité de députés et de sénateurs interrogés souhaitent par ailleurs une réforme en profondeur de l’action gouvernementale.  Parallèlement, la quasi-totalité des répondants juge utile un renforcement des outils permettant le contrôle et l’évaluation de l’action de l’exécutif.

sondage_les_reformes_de_fonctionnement_a_mener.jpg

« Des Français comme les autres »

Le directeur général de l’Ifop, Frédéric Dabi, souligne les ressemblances entre les Français et les parlementaires. Ainsi, députés et sénateurs semblent s’être appropriés le télétravail et les outils de dématérialisation. 50% d’entre eux envisagent même de recourir désormais davantage à des réunions à distance avec leur groupe politique. « Finalement ce sont des citoyens comme les autres ! » commente le sondeur.

Penser le monde d’après

Le sondage Ifop pour Interel en partenariat avec Public Sénat et Le Figaro dresse également les perspectives futures des parlementaires. Ils s’accordent de manière unanime sur les leçons à tirer de la crise sanitaire. 98% d’entre eux souhaitent reconstituer un système hospitalier efficient. Autre grande tendance, tous les répondants, sans exception, souhaitent que le pays tire profit de cette crise pour inciter à relocaliser les productions stratégiques et faire perdurer la consommation « made in France ».

Enfin, un consensus se dégage chez les parlementaires au sujet du financement des moyens consacrés à la relance de l’économie. Plus de huit répondants sur dix considèrent que la hausse des dépenses publiques permettant d’amortir le choc économique de la crise doit être poursuivie quitte à accélérer le creusement de la dette. Ce souhait est porté par la quasi-totalité des parlementaires de gauche, à 94  %. Pour autant, en matière de recettes fiscales à venir, la quasi-totalité des répondants exprime le vœu d’une taxation des plateformes numériques et notamment des GAFA, tandis qu’une nette majorité considère qu’un projet de loi de relance devrait inclure la surtaxation des entreprises qui auraient fait des bénéfices durant le confinement.

Enfin, sénateurs et députés n’oublient pas les dossiers à l’arrêt. Les projets de réformes du gouvernement, lancés avant la crise sanitaire, font rarement l’objet d’un report ou d’une annulation. Une majorité demande le maintien du projet de loi sur le grand âge et l’autonomie (86%) ou encore celui sur la sécurité intérieure (56%). Seule la réforme des retraites suscite un rejet, à 46%.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le