C’est un sondage « rare », tant il est « difficile d’obtenir la réponse d’autant de parlementaires en même temps » commente Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondage Ifop. 153 parlementaires – sénateurs et députés- « c’est plus d’un parlementaire sur 6 » ont participé à la consultation « Quel monde d’après ? ». Lancée le mois dernier, cette enquête Ifop/Interel a été réalisée en partenariat avec Public Sénat et Le Figaro
Un fonctionnement assuré pendant le confinement ….
En dépit de la période inédite de confinement de la population, une majorité de parlementaires – 56% - considère que leur assemblée a fonctionné de manière « satisfaisante ». Ils sont plus nombreux au Sénat, 75%, à estimer que leur assemblée a bien fonctionné.
Du côté de l’Assemblée nationale en revanche, 4 députés sur 10 expriment le même avis.
Dans le détail, les parlementaires de la majorité présidentielle (LREM) s’avèrent plus nombreux (69%) à évaluer favorablement le fonctionnement du Parlement pendant le confinement. A gauche, ils sont 46% à le penser, 44% à droite.
….en dépit d’un recul perçu du parlement face à l’exécutif
Mais concernant les pouvoirs et le contrôle du parlement face à l’exécutif, le constat est sans appel : la crise du coronavirus a réduit, selon les parlementaires interrogés, le rôle et la place de leurs assemblées au profit d’un exécutif légiférant notamment par ordonnances. La commission des lois du Sénat comptabilise ainsi plus d’une cinquantaine d’ordonnances à ce jour.
Seuls 34% des répondants (69% chez LREM, 6% à gauche et 22% à droite) considèrent que le caractère exceptionnel de la crise a fait reculer le Parlement face à l’exécutif.
La crise sanitaire est considérée par les parlementaires comme une occasion de revoir le fonctionnement des assemblées. Une majorité de députés et de sénateurs interrogés souhaitent par ailleurs une réforme en profondeur de l’action gouvernementale. Parallèlement, la quasi-totalité des répondants juge utile un renforcement des outils permettant le contrôle et l’évaluation de l’action de l’exécutif.
« Des Français comme les autres »
Le directeur général de l’Ifop, Frédéric Dabi, souligne les ressemblances entre les Français et les parlementaires. Ainsi, députés et sénateurs semblent s’être appropriés le télétravail et les outils de dématérialisation. 50% d’entre eux envisagent même de recourir désormais davantage à des réunions à distance avec leur groupe politique. « Finalement ce sont des citoyens comme les autres ! » commente le sondeur.
Penser le monde d’après
Le sondage Ifop pour Interel en partenariat avec Public Sénat et Le Figaro dresse également les perspectives futures des parlementaires. Ils s’accordent de manière unanime sur les leçons à tirer de la crise sanitaire. 98% d’entre eux souhaitent reconstituer un système hospitalier efficient. Autre grande tendance, tous les répondants, sans exception, souhaitent que le pays tire profit de cette crise pour inciter à relocaliser les productions stratégiques et faire perdurer la consommation « made in France ».
Enfin, un consensus se dégage chez les parlementaires au sujet du financement des moyens consacrés à la relance de l’économie. Plus de huit répondants sur dix considèrent que la hausse des dépenses publiques permettant d’amortir le choc économique de la crise doit être poursuivie quitte à accélérer le creusement de la dette. Ce souhait est porté par la quasi-totalité des parlementaires de gauche, à 94 %. Pour autant, en matière de recettes fiscales à venir, la quasi-totalité des répondants exprime le vœu d’une taxation des plateformes numériques et notamment des GAFA, tandis qu’une nette majorité considère qu’un projet de loi de relance devrait inclure la surtaxation des entreprises qui auraient fait des bénéfices durant le confinement.
Enfin, sénateurs et députés n’oublient pas les dossiers à l’arrêt. Les projets de réformes du gouvernement, lancés avant la crise sanitaire, font rarement l’objet d’un report ou d’une annulation. Une majorité demande le maintien du projet de loi sur le grand âge et l’autonomie (86%) ou encore celui sur la sécurité intérieure (56%). Seule la réforme des retraites suscite un rejet, à 46%.