Nicole Belloubet a admis mercredi une maladresse après avoir assimilé la critique des religions à "une atteinte à la liberté", des propos qui ont provoqué un tollé et lui ont valu d'être accusée de justifier le délit de blasphème.
L'affaire est partie de déclarations de la garde des Sceaux sur l'affaire Mila, du nom de cette adolescente de l'Isère déscolarisée après avoir été menacée de mort sur les réseaux sociaux en raison de propos hostiles à l'islam.
"Dans une démocratie, la menace de mort est inacceptable (...). L'insulte à la religion c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave, mais ça n'a pas à voir avec la menace (de mort, ndlr)", a déclaré la ministre sur Europe 1.
A droite comme à gauche, ces déclarations ont soulevé l'indignation.
Laurence Rossignol, ex-ministre socialiste et sénatrice de l'Oise, a décerné un "0/20 en droit constit" à Mme Belloubet, ancienne membre du Conseil constitutionnel. "En France, il est interdit d'insulter les adeptes d'une religion mais on peut insulter une religion, ses figures, ses symboles", a-t-elle tweeté.
Pointant du doigt la garde des Sceaux, la présidente du RN Marine Le Pen s'est, elle, interrogée: "Peut-on compter sur le gouvernement d'Emmanuel Macron pour défendre nos valeurs et nos libertés ? Clairement, la réponse est NON ! Et c'est cela qui est grave".
"Nicole Belloubet invente le délit de blasphème (...) Scandaleux !", a estimé le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan.
Face à la polémique, la ministre est revenu sur ses propos en reconnaissant auprès de l'AFP une expression "maladroite" et en assurant ne pas remettre en cause "le droit de critiquer la religion".
"Les insultes et les discriminations à raison de l'appartenance religieuse sont des infractions. C'est ça que j'ai voulu dire", a déclaré Mme Belloubet, dénonçant une polémique "ridicule". "Je n'ai absolument pas justifié le délit de blasphème", a-t-elle affirmé.
Lors de la séance des questions au gouvernement, son collègue de l'Intérieur a enfoncé le clou. "Il n'existe pas dans ce pays et il n'existera jamais sous l'autorité de ce gouvernement de délit de blasphème", a assuré Christophe Castaner devant les sénateurs.
"Nous devons refuser qu'au nom d'une pseudo dénonciation de l'islamophobie, on ne puisse pas dans ce pays critiquer une religion", a-t-il ajouté, évoquant le "déferlement de haine" qui s'est abattu sur la jeune Mila.
Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes en lien avec cette affaire: l'une vise les menaces de mort, l'autre a pour objet de déterminer si les propos de l'adolescente relèvent de la "provocation à la haine raciale".