Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a balayé samedi les critiques de François Pinault sur le manque de compréhension d'Emmanuel Macron pour "les petites gens", en épinglant les techniques du milliardaire pour échapper à l'impôt.
"De la part de quelqu'un qui pendant longtemps n'a pas payé d'impôts, je ne suis pas certain qu'il comprenne lui-même les petites gens", a ironisé M. Griveaux, invité sur Europe 1 à commenter les propos du fondateur du groupe de luxe Kering.
En 1999, le Canard enchaîné avait révélé que M. Pinault avait échappé à l'impôt sur la fortune en 1997 via un système de déductions. En 2002, le milliardaire avait versé 450 millions d'euros au fisc pour apurer un certain nombre de montages financiers litigieux, dans le cadre de la donation partage de son groupe à ses enfants.
Le président Emmanuel Macron "ne comprend pas les petites gens", a affirmé dans un entretien au magazine M du Monde, l'homme d'affaires réputé très proche de l'ancien président Jacques Chirac et qui avait confié en 2012 avoir voté pour François Hollande. "J'ai peur qu'il mène la France vers un système qui oublie les plus modestes", a ajouté celui qui figure parmi les plus grandes fortunes de France.
"Le surréalisme involontaire recèle des ressorts comiques qu'il était temps d'explorer. Nul doute que seuls les milliardaires peuvent comprendre les autres: la commisération procure un supplément d'âme qui ne s'achète pas", avait riposté dès vendredi le chef de file des députés LREM Richard Ferrand sur Twitter.
"Le cœur de notre combat, l'émancipation, c’est d’assurer à une fille de chômeur peu qualifié, dans une zone d’éducation prioritaire, les mêmes chances dans la vie que le fils de Monsieur #Pinault", a renchéri sur Twitter le député LREM d'Ille-et-Vilaine Florian Bachelier. "Totalement en phase avec @F_BACHELIER sur cette sortie incongrue de Monsieur #Pinault", a embrayé son collègue du Rhône Bruno Bonnell, également issu du monde de l'entreprise.
Le porte-parole du gouvernement a aussi fustigé samedi les polémiques sur les frais de l'Elysée (vaisselle, piscine...) avivées par la formule présidentielle sur le "pognon de dingue" pour les aides sociales.
"C'est une mauvaise polémique. Si on veut continuer à faire monter le populisme et le nationalisme, on continue, on fait ça", a dénoncé le porte-parole, regrettant qu'"à l'Assemblée nationale (...) La France insoumise concentre ses questions sur ça".
M. Griveaux a eu mardi à l'Assemblée un échange acide sur le sujet avec François Ruffin (LFI), qui a interpellé le "ministre de la faïencerie" et dénoncé Emmanuel Macron comme favorisant "les riches" et trouvant que "les pauvres coûtent trop cher".