Croissance en hausse, mais moral des ménages en baisse

Croissance en hausse, mais moral des ménages en baisse

Les invités de l’émission « On va plus loin » analysent les raisons d’une dégradation du moral des ménages en France, en particulier sur le niveau de vie future, alors que la croissance est en hausse.
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L’Insee a publié la semaine dernière, une estimation à la hausse de la croissance du PIB (produit intérieur brut) en France. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, celle-ci a atteint 2% en 2017. Mais malgré cette meilleure performance française depuis 2011, le ministre de l’économie Bruno Le Maire, a prévenu, sur Public Sénat, qu’il n’était pas question d’ouvrir « tout grand les poches de l’Etat ».

Stéphanie Villers, chef économiste du groupe de protection sociale Humanis, trouve que Bruno Le Maire a raison car « il n’a pas les moyens de faire un plan de relance massif puisque le gouvernement s’est engagé à maintenir un déficit public autour des 3% ». Et d’ajouter : « Les Français peuvent être déçus parce qu’on leur annonce depuis quelques mois que tout va bien et ils ne perçoivent pas, en fait, cette embellie économique. » Ce qui se traduit par un moral des ménages en baisse de quatre points en février, selon l’Insee.

Pour Benjamin Coriat, professeur d'économie à l'université Paris 13 et membre des Économistes atterrés, « il ne faut pas dire qu’il n’y a pas de marges de manœuvre » : « Il y a des marges de manœuvre. Simplement elles sont utilisées au profit des entreprises et dans des transferts unilatéraux (…) Les Français le ressentent. En particulier les plus modestes, notamment en termes de pouvoir d’achat » explique-t-il.

Frédéric Fréry, professeur de stratégie à l'ESCP Europe, est, de son côté, optimiste : « Ce que j’observe c’est qu’il y a deux ans, il y avait une morosité forte chez les chefs d’entreprise (…) Et c’est vrai que depuis quelques mois, ils sont tous extrêmement positifs. Leur principale inquiétude est de trouver des gens à embaucher. C’est plutôt ça la difficulté qu’ils manifestent. »

La perception ne serait donc pas la même, du côté des entreprises ou des Français en général, car les résultats concrets tarderaient à se faire voir, au quotidien, pour les Français.

Bruno Cautrès, politologue et chercheur au CEVIPOF, estime que les Français sont également devenus méfiants, en mettant en doute « ces bonnes nouvelles économiques » et en se disant « de toute façon, il y a une mauvaise nouvelle qui nous attend quelque part, au coin de la rue ».

Stéphanie Villers, chef économiste du groupe de protection sociale Humanis, est catégorique : « Il faut quand même dire la vérité (…) La politique économique menée par le gouvernement, que ce soit celui-là ou un autre, ne peut pas tout faire. C'est-à-dire qu’il y aura (…) une amélioration du pouvoir d’achat. Pas parce qu’on va baisser les cotisations salariales, mais bel et bien parce qu’il y aura de la croissance et qu’il y aura une revalorisation des salaires (…) Normalement la croissance économique va dans le bon sens (…) Cette année, vraisemblablement, ça sera au moins 2%, voire mieux. Les entreprises sont dans un climat de confiance ultra satisfaisant. Donc normalement ça devrait venir. Mais ça ne viendra pas de la politique économique (…), je n’y crois pas une seule seconde (…) Il faut arrêter de croire, et de faire croire que c’est la politique du gouvernement qui va faire les choses. Ce n’est pas vrai. »

 

Vous pouvez re(voir) le débat d’OVPL, en intégralité :

 

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